Houlà ! Il y a des défenseurs de Naruto dans le coin ! Et je me sens donc obligé de mieux développer afin de mieux m'expliquer sur le sujet plus global du « pourquoi je n'aime pas Naruto ». D'ailleurs, je ne suis pas réellement persuadé que ce lieu soit le meilleur pour une telle démarche mais je vous prie par avance de m'excuser du (léger) débordement (léger car je vais quand même aussi parler un peu des chapitres en cours). Par la présente, j'espère également répondre au MP de Bullzor.
Je vais commencer ma virulente diatribe (au moins je l’avoue) en disant que non ! je ne critique pas Naruto pour son character design ou pour ses dessins car l’esthétique des planches est une affaire très personnelle et je ne crois pas qu’on puisse véritablement juger une œuvre en ayant un œil si borné sur la chose. Pour ma part, par surcroît, je ne suis aucunement allergique au style déployé par Kishimoto donc nulle raison de disserter des heures durant sur un sujet qui n’en vaut pas la peine.
Commençons ! Naruto s’ouvre sur quelques volumes louables et appréciables d’une justesse à la fois contemplative et annonciatrice de réels espoirs puisqu’elle a le mérite de taper dans le mille dès le premier abord. Il faut bien avouer que découvrir ainsi le monde des ninjas, ça fait rêver, et je n’y ai pas dérogé à la règle. Mais au-delà de ces prémisses à une remarquable intrigue, au-delà d’un premier voile qui se montre des plus intéressants, que nous reste-t-il ? A priori une histoire et un scénario qui peinent à prendre leur rythme et leur envol car Kishimoto s’éternise sur d’insignifiants petits détails qu’on ne veut qu’oublier au plus vite. L’auteur nous entraîne dans une aventure ennuyeusement épique où passé le tournoi d’entrée des Chuunins, on entre de pleins pieds dans une ère ridiculement burlesque, se résumant à un jeu du chat et de la souris. Qu’on se le dise, dans Naruto, les combats, c’est long… Mais dans Naruto, les courses-poursuite… Houlàlà ! C’est encore plus long ! Et puis, au moment du combat, eh bien, je me suis endormi car tout ce jeu m’a épuisé !
Parlons-en d’ailleurs des combats ! Le charme de ce manga était pour moi, avant tout dans le fait que les affrontements entre les différents protagonistes s’enchainaient avec fluidité et où la technicité dont faisaient preuve les adversaires entre eux était assez remarquable par leur complexité et leur pertinence. De ce point de vue, Naruto se démarquait grandement des autres car Naruto au moins nous offrait autre chose que le sempiternel refrain du plus fort gagne. Ici au moins, on pouvait espérer qu’un plus faible l’emporte car ici au moins, l’échelle des puissances n’était établie que sur le papier et non dans la réalité. Cruelle déception ! Avec l’apparition des invocations de la mort qui tue et autres techniques plus bourrines les unes que les autres, on s’est trouvé enfermé, comme on pouvait le craindre, dans le schéma éternel du plus bourrin gagne. Je trouve que ce manga, à partir de là, venait de perdre son empreinte, sa classe voire tout simplement sa nature et donc par extension sa raison d’être.
Deuxième point car comment ne pas y venir ? Le héros de l’histoire : Naruto ! Puissé-je juste ne plus jamais devoir le voir en lisant un chapitre de son manga éponyme. Honnêtement, je n’ai jamais vu un héros d’un shônen, censé par ailleurs donner l’exemple à toute une génération de gamins survoltés, si peu charismatique et si énervant. Doté d’une « j’irrite les gens plus vite que mon ombre » à fleur de peau, il n’est ni esthétiquement beau, ni esthétiquement intimidant, ni esthétiquement vilain et encore moins esthétiquement révolutionnaire. En un mot, il est esthétiquement fade, comme je l’ai déjà dit. Naruto est complexé à bien des égards et il a totalement raison de l’être car il n’est ni fort, ni faible, il n’est ni remarquable, ni détestable. Il est simplement comme le commun des mortels, comme un gamin en crise d’adolescence lambda, comme Naruto. Il est simplement – encore – un personnage comme un autre dans un univers peuplé de personnages indénombrables, justement. Il prône une valeur : celle de l’obstination, celle de la gaminerie, celle de la bêtise ou celle de la frivolité, pour ne pas dire de la puérilité. Comment aimer un personnage si pleinement transparent, fantomatique et qui passe encore plus inaperçu que l’homme invisible ? Pourquoi le manga s’appelle-t-il Naruto et pas Sasuke ou même Hinata (tiens ! oui, pourquoi ?). Pour ce que ça pourrait changer, il est sûr qu’il ne serait que sacrilège ! Je note aussi que dans son incompréhension, Naruto est crispant au contraire d’autres imbéciles, héros de manga, qui eux sont au moins drôles et rafraichissants. Mais personne ne comprenait Einstein et pourtant, Einstein était un génie. Je ne comprends pas Naruto, aussi serait-il un génie ? Sûrement… Le génie de l’indifférence !
On veut la suite ! On veut la suite ! OK, OK… Autre point, l’inspiration de Kishimoto. Il est flagrant que cet homme, dessinateur d’un manga affectueusement appelé Naruto (quelle imagination !) se cherche par moments. Comment expliquer sinon, le fait qu’il allonge toutes ses actions jusqu’à un point exécrable où chacun s’impatiente ? En manque d’idées, il balance ce qui lui passe sous la main, c’est-à-dire toutes les facilités scénaristiques qu’il pourrait trouver : à savoir d'abord la « Végétarisation » de Sasuke car oui, ça me frappe. Végéta se vend à Babidi pour devenir plus fort et ainsi atteindre Goku, Sasuke, lui, se vend à Orochimaru pour ensuite atteindre Itachi. Oh oh oh ! Mais c’est bien sûr, j’ai déjà vu ça quelque part ! Ah non… C’est juste une inspiration ou même un clin d’œil. Non, non ! Ce n’est pas recycler ce qui a fait une partie du succès de Toriyama. Mais le vrai problème, c’est qu’il ne s’arrête pas là. Cet auteur utilise aussi, comme bons nombres d’autres, il est vrai, un art sublime, celui de tourner un méchant très méchant, presque non humain, en un gentil très gentil presque trop humain, par antinomie. Je veux évidemment parler de Gaara. La volte-face de ce Kazekage, adulé de tous, n’est pas une mauvaise chose en soi, je ne dis pas le contraire mais avouons-le, ce renversement est bien trop radical ! Alors oui, trois ans se sont écoulés mais ça ne devrait pas suffir à laver telle une eau sainte, toute une vie de massacre. On sent par exemple chez Végéta toujours une tension indescriptible malgré son changement d’état d’esprit alors que chez le manipulateur de sable, il devient tout à coup docile comme une poupée, comme les grains de sable qu’il manipule lui-même comme une poupée. Je sais, vous vous dîtes : « Houlà ! Mais il sait pas ce qu’il veut lui ! Un coup, il reproche qu’on copie DBZ et le coup d’après, il reproche le strict contraire… » Oui mais, seulement, la relativité est une théorie très intéressante… N’est pas absolument bon ce qui peut être complètement mauvais.
Another point, décidément, il y en a des choses à reprocher à Naruto ! Kishimoto nous sert bien trop de promesses qu’il ne sera pas en mesure de tenir. En effet, je vais prendre pour exemple le combat tant désiré et convoité entre Sasuke et Itachi. C’est un des fils rouge de l’intrigue, j’en conviens. C’est un des atouts majeurs de Naruto, j’en conviens ; mais remarquons au passage que ce fight nous est quand même annoncé depuis belle lurette et qu’à chaque fois, il se termine en un dérapage incontrôlé. Dans d’autres séries, il est également des choses qui durent, qui durent… mais toujours est-il que dans ces autres séries, l’auteur pose par postulat que ce qui dure risque en effet de durer, il ne nous fournit pas de fausses espérances débiles. Dans le cas de Naruto, il faut seulement compter le nombre de pseudo-affrontement entre Itachi et l’un ou l’autre des personnages qui garnissent ce manga pour se persuader que oui, Kishimoto n’est qu’un menteur ! « Je peux plus te faire confiance car tu m’as trahi ! » Par cette manière de faire, il tend même à rendre un protagoniste plutôt intéressant en un protagoniste plutôt lourd. A force de trop le voir, on ne veut plus le voir. Et maintenant, le combat entre les deux frères ne me dit même plus grand-chose, sinon une certaine curiosité sur l’identité du vainqueur.
Et ça continue… Parce que non, je n’aime toujours pas Naruto pour ce qu’il nous apporte de ridicule et de burlesque si magnifiquement mis en scène. L’Akatsuki ! Waaah ! J’ai peur, ils veulent conquérir le monde il parait. Eh bien, ce but en soi n’est pas choquant mais quand on sait que Kishimoto en a fait tout un mystère pour finalement dévoiler… ça ! Oh ! Holy crap! Que c’est triste. Il parait que Pein veut purifier le monde… Tiens, c’est moi ou tout le monde s’est mis en résonance sur un objectif unique, quel que soit l’univers où prend racine le scénario ? De plus, puisque je parle de Pein, je n’ai pas aimé (c’est un euphémisme que de le dire) la présence chez ce personnage du Rinnegan, un œil surpuissant – encore un ! Certes, chacun a sa spécificité, sa puissance propre etc. etc. mais cette redondance de technique qui trouve leur assise dans une même entité, utilisé à tour de bras devient très pesant et peu efficace. Kishimoto fait-il un complexe atroce sur ses propres yeux qui ne sont que remarquablement ordinaires ? J’aime à dire : « Abusus non tollit usum » mais il ne faut pas non plus se foutre de la gueule du monde !
Et enfin (enfin !), je vais toucher un dernier mot, pour finir, sur le nombre incalculable de clichés utilisés par maître Kishimoto. Et là encore, personne ne peut en disconvenir mais je m’en vais tout de même intercéder ce fait. Remontons de quelques chapitres dans le passé, faisons un petit flashback. Asuma vient de mourir. Bien, bien, ça bouge dans Naruto, c’est nouveau ça ! Parce que le schéma combat/entrainement/combat/entrainement/combat/entrainement/combat… hum ! était si génial qu’on ne s’en lassait jamais ! Enfin bref, Asuma est donc mort. Bien, bien, disais-je… Mais que vois-je ? La scène la plus risible qu’il m’ait été donné de voir depuis le début de cette œuvre : Shikamaru (qui est un des personnages que je trouve les plus réussis du manga, ndlr – même s’il n’y a pas de rédaction) prend une cigarette et commence à fumer. Franchement, j’ai été complètement retourné par ce décalage incroyable entre l’avant et l’après Asuma. J’ai juste trouvé ça purement grotesque car cela dénature totalement et le défunt et l’ « orphelin ». Cliché arriéré qui ne pouvait guère trouver sa place ici.
Voilà, j’espère avoir répondu à Bullzor et à ceux qui auraient pu commencer à m’insulter pour ma critique de Naruto. Je sais que cet avis est entièrement personnel et c’est justement pour ça qu’a priori, je ne changerai pas ma façon de penser quels que soient vos arguments, même si je peux encore convenir qu’ils peuvent être pleinement pertinents, sous une certaine perspective. Pour ma part : « Acta est fabula. » Rideau !
Edit : J'ai oublié de dire que c'est pour toutes ces raisons que je n'aime pas le combat entre Pein et Jiraya... C'était assez évident mais bon, je le souligne quand même parce que sinon, tout ça pour ça ? Hmm... Moyen !
Edit 2 : Je vais juste répondre à deux petites choses :
Leto II a écrit:
Ce qui m'étonne après avoir lu ton post EnOd, c'est que tu continues de lire Naruto en scan
Eh bien ! Ceci est simplement représentatif de mon côté routinier. Comme par exemple Namienator qui continue de suivre Bleach malgré les reproches qu'elle lui adresse, je continue avec Naruto parce que j'en ai pris l'habitude et que ça m'amuse quand même un peu... (Et 6,50€ tous les deux mois, c'est pas non plus la mort.)
Sinon, jolie explication sur le personnage de Naruto.
seleniel a écrit:
Tout ça pour dire que si les reproches que tu formules EnOd pourraient tout à fait convenir, je suis pas super convaincu par les exemples que tu prends
Ben, à vrai dire, ça ne m'étonne pas vraiment parce que tout est une affaire de goût et je pense qu'on est d'emblée moins réceptif dès lors qu'on est par avance en désaccord avec ce qui va se dire. Par ailleurs, je l'avoue... il y avait peut-être une pointe de mauvaise foi par ci par là... ^^