Fargo - Saison 1Le principe est donc celui d'une série anthologique, c'est-à-dire où chaque saison développe son intrigue propre, avec ses propres personnages. La série s'inscrit dans "l'univers" du film, du même nom, des frères Cohen et l'on y retrouve une certaine atmosphère, des paysages et un traitement des personnages qui semblent comme extraits du film.
Sur 10 épisodes, nous suivrons donc une enquête se déroulant dans la commune de Bemidji, Minnesota. Un tueur professionnel s'y arrête et, suite à un improbable échange dans un hôpital, décide "d'aider" un pâle vendeur en assurance, habituel défouloir de ses proches. Et bien sûr cette aide va prendre la forme d'un meurtre et, le premier en entrainant d'autres, le mécanisme est enclenché.
Outre un casting assez démentiel (des connus qui assurent comme Billy Bob Thornton, Martin Freeman, Adam Goldberg ou Bob Odenkirk, aux moins connus qui crèvent l'écran, comme Allison Tolman, Russel Harvard ou Keith Carradine), la série s'impose d'emblée par sa manière de raconter l'histoire, entre temps suspendu sur les petites choses du quotidien et accélérations brutales, comme ces accidents qui surviennent et avec lesquels on doit faire même si on ne sait pas comment. Face à cela, les personnages prennent littéralement vie, d'autant qu'une forme de bienveillance les accompagne constamment, même les pires. Sauf quand cette bienveillance, souvent associée à un léger recul, amusé, sur ce qui se passe, comme pour en dédramatiser la portée, se change en ironie particulièrement cruelle.
J'ai adoré et je me suis régalé de bout en bout. Proposant de vrais moment de tension, offrant des personnages absolument remarquables et installant une ambiance rocambolesque inénarrable,
Fargo constitue pour moi une vraie réussite.
Le plus surprenant pour moi aura été l'évolution du centre de gravité de la série, depuis Lester, au début, vers Molly. Le trompe-l’œil initial fonctionne bien et l'on met du temps à se détacher de ce personnage de pseudo victime (on est quand même assez satisfait de ses premières victoires mais, au fil de la série, on est de plus en plus mal-à-l'aise avec elles) pour finalement souhaiter voir se réaliser le destin qui est le sien. À l'inverse, la montée en puissance de Molly est superbe et le modèle familial final, recomposé autour d'elle, vraiment joli.
Et à côté de cela, bien sûr, il y a ce personnage sidérant, insaisissable, au sens propre comme au sens figuré, de Lorne Malvo. Il faut pouvoir le mettre en scène, et pouvoir l'incarner. Une performance, et un des gros points forts de cette histoire.