Le seul défaut du film est que sur les trois heures, on en sent forcément un peu passer.
Sinon, c'est Marty en mode détendu du slip qui nous refait l'une de ses fresques sur les figures mythiques de l'Amérique (le gangster, le musicien romantique, le sportif pugnace et maintenant l'homme d'argent) en poussant à fond tous les boutons des excès de manière à faire ressortir l'aspect grotesque, virant à la comédie amère. Le mélange entre comédie et polar est ahurissant tellement il rend bien.
Le Loup de Wall Street - Loup Garou ai-je failli échapper malgré moi, dans un élan bisseux - est également un film totalement expérimental : la fresque est une catégorie de films qui requiert une grande précision et une grande maitrise de tous les aspects du film pour s'imposer comme représentatif d'une époque, alors que Martin Scorsese a tourné la quasi-intégralité de son film sur l'improvisation de ses acteurs, donnant un film totalement fou, libéré, excessif (le script de base prévoyait environ 2h20, soit 40 min supplémentaire de folie). La séquence où Jordan se prend un trip dans la tronche au téléphone est quasiment un court-métrage, une aparté jubilatoire dans le film. La palme revient à Léo, livrant une performance physique de tous les instants, générateur d'une future vague de gifs qui devraient inonder l'internet. En tout cas, s'il n'a pas sous Oscar pour ce film, il ne l'aura jamais et ça serait dégueulasse. Matthew McConaughey vient faire ses deux scènes et demi de dingue et repart tranquillement, comme un roi.
En présentant la finance (la maychante finance) dans des excès surréalistes, le film évite de moraliser son propos (à l'instar d'un
Wall Street 2) ou de le traiter de manière pathétique (
Margin call). Il embrasse la décadence et l'amoralité des actes, sans jamais nous fourrer dans la tronche une pseudo-leçon. La leçon, le spectateur l'apprendra lorsque, après avoir avec les/des personnages, Marty fera surgir des séquences extrêmement graves et sérieuses (le passage où Jordan essaye d'emmener sa fille est tétanisant de violence) qui font exploser le lien qu'on avait créé avec les personnages pour nous mettre sous le nez tout le dégoût qu'ils nous ont toujours inspiré. Très fort.
Comme d'hab avec Marty, c'est filmé royalement, la BO est excellente et les acteurs sont géniaux. Ce film est fou, à la hauteur du sujet qu'il traite.
Écoutez l'émission de France Inter à ce sujet, elle est très intéressante sur le processus de création du film :
http://www.franceinter.fr/emission-si-l ... -and-drugs