Tiens, je n'avais pas vu vos longs échanges relatant de la qualité fluctuante de Bleach sur les pages précédentes... De ce que l'auteur fait de lui même et de ce que sa maison d'édition lui demande, et de ce que les lecteurs veulent, il y a vraiment tout un monde. Malgré toutes les attentes et les envies des lecteurs, les rêves de l'auteur de faire vivre une histoire, il y a une réalité qui est que le manga n'est qu'un produit. C'est à dire que, tant que ça fonctionne, il faut continuer à produire, tout en suivant de près les goûts des lecteurs. On parle quand même de manga publié dans le Weekly Shonen Jump, un magasine hebdomadaire accusant des millions de tirages à chaque numéro. Donc qui rapporte gros, très gros. Et comme le dis Ange Bleu, quand la maison d'édition impose à un de ses auteurs de presser le fruit, il y a toujours un risque que l'auteur perde le fil de sa propre oeuvre et que la qualité en pâtisse grandement.
A mon avis, l'exemple le plus célèbre de ce phénomène, c'est Dragon Ball . Quand on survole Dragon Ball du début à la fin, on ne peut que rester effaré quant à la tournure qu'a pris le manga à partir du volume 17, le point de départ de l'animé Dragon Ball Z. DBZ (je prends l'appellation de l'animé pour situer la chose), c'est le début de la fin du manga. Tout ce qui compose Dragon Ball Z n'est qu'une réutilisation approfondie de ce qui a été fait dans Dragon Ball. L'arc Saiyan utilise les origines de Goku. L'arc Namek/Freezer, les origines de Picolo/Dieu/des Dragon Balls. L'arc Cyborg/Cell ressort l'armée du ruban rouge. Et l'arc Majin Boo c'est du recyclage d'un sujet déjà recyclé, extension du monde des dieux. Et le tout saupoudré grassement de combats de plus en plus titanesques et d'une quête de puissance sans fin pour les level up. Et le tout, non pas parce que c'était l'idée de Toriyama, mais parce qu'il était obligé de continuer Dragon Ball, le manga le plus populaire de l'époque !! Et des incohérences, dans Dragon Ball, il y en a, et pas qu'un peu !!! La plus énorme est surement la disparition de la queue des Saiyan, dès la fin de l'arc Saiyan justement. Puis il y a aussi l'abandon d'une foultitude de personnages qui étaient des éléments importants du début de l'histoire.
Dans les faits, on peut considérer que Kubo fait exactement la même chose que Toriyama, c'est à dire recycler et développer des choses abordées auparavant pour pouvoir continuer. Et qui donc conduit forcément parfois à des incohérences. C'est un peu comme bâtir une maison, et qu'avec le temps et les circonstances, être obligé de construire des extensions à la maison alors que ce n'était pas prévu, et donc de systématiquement se confronter à des problèmes relatifs au terrain, à la superficie dispo, ou encore aux fondations et moyens de relier les extensions à l'eau et à l'électricité. On tomberait obligatoirement sur du rafistolage et des incohérences ... Mais que peut-on y faire si ce n'était pas prévu au départ ? Forcément, ça ne plaira pas à tout le monde et certains trouveront à redire.
Le problème, c'est que Kubo ne peut pas recommencer Bleach. Ou alors, si, il peut recommencer Bleach à zéro, mais qu'y gagnera-t-il, hormis corriger les bugs ? Personne ne veut ça, c'est certain. Mais surtout, c'est que Kubo, à l'instar de Kishimoto, et de Oda, et à l'époque Toriyama, aucun de ces mecs ne s'étaient imaginé que leur manga respectif aurait eu tant de succès et que donc ils durent pousser l'histoire aussi loin, et ce, de la manière la plus cohérente possible... Car j'en reviens à ce que je disais au début, le tout est guidé par la popularité auprès des lecteurs, et donc si une histoire ne plait pas, elle est éjectée simplement. Si elle plait, on continue jusqu'au bout de l'idée de base, et si "c'est trop bête de s'arrêter en si bon chemin", bin on pose un sac de billets sur la table et on propose à l'auteur de revoir ses projets à plus long terme (et accessoirement de le mettre au défi de continuer une histoire finie, et/ou de mettre son intégrité d'artiste de côté pour du pognon...) Tout auteur démarre avec une idée de départ d'une durée plus ou moins longue, basé sur 1 seule histoire. La suite dépend surtout de l'imagination du mangaka et de la capacité à se renouveler sur une même idée. Très difficile !!
On peut dire aujourd'hui que seul Oda est capable d'une telle prouesse, celle d'étendre une histoire sans jamais tomber dans le redondant (enfin pas flagrant en tout cas) ni l'ennuyant.
Puis dans le fond, à qui la faute de la perte de qualité ? A Kubo, le mec à qui on impose de fournir du travail correct ? A sa maison d'édition, qui veut toujours faire du pognon avec des poulains ? Ou aux lecteurs, ceux qui payent tout ce beau monde cité au-dessus pour avoir leur dose de lectures extraordinaires ? Pour moi, si Bleach en est arrivé là, c'est notre faute à nous, lecteurs, et pas à Kubo. Si Bleach existe encore, c'est parce que beaucoup de lecteurs continuent de réclamer Bleach. Parce que ça motive à acheter des volumes et le Jump. Malheureusement pour nous lecteurs, tout à une fin... Et tout ne se termine pas systématiquement dans les meilleures conditions, surtout si on ne laisse pas les choses se terminer de la façon la plus logique, c'est à dire, selon les souhaits de l'auteur...
_________________
|