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Bon. La question est de savoir si, finalement, Kubo va nous faire du Kubo. Il faut répondre à cette question avec ce que l'on a dans ce chapitre, c'est-à-dire rien. Enfin si. Kubo débute avec une entreprise difficile, c'est-à-dire la création de ses personnages. Pas de bol, c'est un de ses défauts majeurs. Il faut dire qu'un personnage Kuboesque se structure en trois aspects bien déterminés et presque universel (mais pas intemporel, cette spécificité n'a véritablement commencé qu'après le tome 21): Tout d'abord, le personnage doit être paroxystique dans toutes les facettes que Kubo lui confère: antigoneque, il est absolu, ne comportant aucune nuance ou contradiction. Dans cet univers, c'est tout ou rien. Blanc ou noir, à l'image de la confrontation des ceros avec les coups d'Ichigo. C'est pour cela que Kubo se passe d'enjeux et de suspense dans ses duels: ce sont des valeurs, des conceptions et des philosophies qui s'entrechoquent. Ce n'est pas tant l'histoire entre les deux personnages qui s'affrontent que la passion qui les anime qui intéresse le mangaka. La solitude du loup, maître du Hueco Mundo, contre l'alliance fraternelle des deux meilleurs capitaines du Soul Society, est un exemple parmi des dizaines d'autres. Ce type d'affrontement est assumé et expliqué avant chaque combat, qu'il soit essentiel (Kuchiki contre Ichigo, qui ont deux visions de l'honneur différentes) ou trivial (Yumishika contre Hisagi). C'est pourquoi à chaque combat, les personnages s'opposent. Combattre, c'est affronter son antéchrist, son double maléfique qui forcément est une pourriture infinie. C'est pour cette raison que les personnages récents sont fades, dépourvus d'intérêt et sans histoire, au sens propre du terme, car Kubo s'abstient de raconter le passé de ceux-ci, même quand la situation est propice à un flash-back. Pire, même lorsque ce flash-back est attendu, désiré, solidaire de la logique narrative, Kubo se refuse de s'abaisser à un tel acte. Pourquoi ? Peut-être trouve-t-il cela trop austère, éreintant, chiant. Dans tous les cas, je pense que sa vision manichéenne oblige Kubo à fuir tout passé, car passé dit compréhension. Comprendre, c'est justifier. Justifier, c'est pardonner. Dans ce cas son univers s'écroule, la nuance prend forme et donne du relief aux personnages, une profondeur qui l'ennuie, une facette humaine inattendue. La primauté ontologique n'existe pas chez Kubo, c'est un constant rapport de force. Il ne faut surtout pas que ses personnages soient réalistes. Cela expliquerait pourquoi tous les flash-backs que nous avons eu jusqu'ici sont partiels, fragmentaires. Tous. => C'est bien le cas ici. La nana qui s'énerve pour un rien à frapper la gamine de toutes ses forces montre une asbence totale de réalisme et de contrôle sur elle-même. On retrouve le même caractère chez des dizaines d'autres filles dans son oeuvre. Inutile de citer. Ensuite, le personnage doit être dépourvu de tout potentiel. Car s'il en a, il peut évoluer. Or, dans l'univers Kuboesque, on n'évolue pas. On stagne. Pire. On régresse. Que ce soit Inoue, Chad, ou Ishida. Voire Ichigo. Les arcs se forment et prennent forme dans une perpétuelle perte du pouvoir: Ishida, Inoue, Ichigo, Rukia... Tous à un moment perdent cette puissance, soit de manière "définitive" (*keuf keuf* ce mot n'existe pas dans le vocabulaire kuboesque), soit par accident (lors d'un combat avec Inoue). Bref, Kubo s'abstient de faire des évolutions à propos avec le contexe. C'est intéressant de voir comment les personnages deviennent "plus forts". Et par personnages, je veux dire personnage. Ichigo. On peut s'attendre à un renforcement de ses capacités dans le "blanc" qui encadre les arcs, où il a le temps de s'entraîner. C'est même le meilleur moment pour le faire progresser ! En effet, qui d'autre que Kubo pourrait avoir l'idée d'entraîner son personnage principal dans des moments critiques, comme la seconde précédant le combat (Aizen, à deux reprises), voire pendant le combat même ?! (Ichigo contre Zaraki) De même, ce pseudo-potentiel doit être caché, enfermé dans le tiroir de la honte. Tous les moments intéressants, qui pourraient créer un lien avec le personnage se trouvent entre les cases. On assiste à des querelles bidons, des moments "marrants", la vie quotidienne terne, monotone et sans chaleur de celui-ci. Cela sert notamment à remplir les pages quand on est en manque d'inspiration. Avant, on avait des doubles pages de blan-euh de ceros. => C'est bien le cas ici. La nana ne se bat même pas, elle attend gentillement de se faire défoncer la tronche sans même fuir ou exploiter ses capacités (qui jusqu'ici sont inconnues, donc on aurait pu s'attendre à un résultat surprenant). Contre toute attente, Kubo choisit la stagnation, la voie féminine. La voie féminine consiste à faire de la combattante l'archétype de la passivité même. Ou alors il ne montre même pas son combat (Rukia contre un mec dans le Hueco Mundo). Ah, et la conversation avec sa supérieur est d'une chiantise rare. Dans un univers Kuboesque, s'il on est pas un capitaine "cool", ou Ichigo, on a aucune chance de gagner un combat important. => C'est bien le cas ici.Résultat: Kubo à 100%. Merde assurée ?
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