Pour ma part je connais peu ou presque rien sur le cinéma de la Nouvelle Vague et en particulier sur le cinéma de Godard : j'ai juste vu quelques films et je connais ce qui est emblématique et qui fait partie de l'histoire du cinéma : ce qui est incontournable de connaître en tant que cinéphile parce que ça revient nécessairement au fil de mes lectures et découvertes.
Sur cette anecdote sur le
Jump-cut je ne peux en dire plus, je l'ai croisé à l'occasion et à chaque fois je retrouve que
A Bout de Souffle est célèbre pour son utilisation et le nom de Cécile Decugis est systématiquement cité avec naturellement celui de Godard lorsqu'il s'agit d'évoquer ce fait d'arme cinématographique. Je me doute bien que le film ne peut se réduire à cela ou même si c'est réellement flagrant, mais c'est arrivé jusqu'à moi toujours sous la forme "A Bout de Souffle et ses fameux Jump-cuts". Donc ça a bien du marquer une franche de cinéphiles^^
Ensuite qui a fait quoi pourquoi, c'est l'éternel question de ce genre de sujet^^
Après une courte recherche sur le net, j'ai trouvé ceci :
http://www.bifi.fr/public/ap/compte_ren ... =304&typ=0Il est précisé que le Jump-cut a été utilisé car le film était trop long et ça rejoint ce que Leto et moi avons lu : beaucoup trop de plan-séquences et presque pas d'insert ce qui donnait un résultat trop long et peu rythmé, d'où le fait d'être réduit à couper à la hache (Jump-cut) mais là aucune idée si c'est Godard lui-même qui a décidé où couper même si comme tu l'évoques son implication à tous les niveaux de la réalisation tente à penser que forcément oui.
Après sur le personnage de Godard pour l'avoir vu en interview plusieurs fois et avoir lu des trucs sur lui à droite et à gauche, il m'a toujours fait penser à Stan Lee : génie qui maîtrise parfaitement le processus de création et un véritable créateur car possédant une vision claire de ce qu'il veut faire mais avec une tendance à tirer la couverture à lui alors que son discours prétend le contraire.
Chez Stan Lee c'est parfaitement visible par exemple lorsqu'il parle de Spiderman : alors qu'il est avéré depuis longtemps que l'univers de Spiderman est autant dû à son travail qu'à celui de Steve Ditko, lorsque Stan Lee en parle c'est toujours comme s'il avait tout fait seul, s'accaparant par des mensonges par omission des éléments qui sont l’œuvre de Ditko.
Godard me fait le même effet, il s'est composé un personnage avec les années et il n'est pas toujours clair concernant certains éléments précis et légendaires (comme ici le cas du Jump-cut).
Par exemple pour son dernier film au titre étrange (« Film Socialisme »), j'ai d'abord lu dans une de ses premières interviews que le titre venait d'une lettre qu'il avait reçu d'un spectateur qui l'avait vu en avant-première et qui avait mal compris le titre du film, et Godard fasciné par cette erreur avait changé le titre du film, pour ensuite lire plus tard que ce titre était conceptuel et aucune mention de la fameuse lettre à l'origine de cette décision : tout venant de Godard de lui-même dans les interviews suivantes.
Bref ça ne me paraît pas toujours très clair et net chez lui je trouve : même si la décision finale vient toujours de lui parce qu'il contrôle totalement le processus, les origines de certains choix semblent souffrir de soucis d'omissions parfois.
Et pour revenir sur le sujet initial quoi qu'on puisse penser de la pertinence et de l'importance du Jump-cut dans
A Bout de Souffle, ça reste un élément fameux et emblématique de son œuvre cinématographique et je me demande si de fait il ne lui arrive pas d'oublier de préciser certains détails dans ce type de cas pour rester dans la parfaite image qu'il s'est composé.
Mais bon tout ceci est très hypothétique et c'est un ressenti qui vaut ce qu'il vaut puisque c'est subjectif et que je suis loin de connaître véritablement le travail de Godard, mais de l’extérieur comme ça, c'est une image un peu à la Stan Lee que j'ai de lui, à tort ou à raison!