ange bleu a écrit:
Isuzu a écrit:
ange bleu a écrit:
Depuis quand être sensible à la beauté des femmes c'est être un pervers ?
Peut-être parce que ce n'est pas ce qu'il se passe?
Saigner du nez est un symbole de l'excitation sexuelle, remplaçant de facto une érection. Donc là en gros on a Sanji qui risque de mourir parce qu'il a une sévère crise de priapisme. Tout de suite c'est moins glamour, mais franchement, plus j'y pense plus je trouve ça idiot (et c'est sans compter ce qui a été mentionné sur les pertes de sang astronomiques subies par d'autres personnages sans aucun problème).
Ce qui me gêne plus que tout c'est que ce n'est qu'un macguffin grotesque, uniquement là pour faire avancer la storyline en créant une situation de crise tout en ré-introduisant le contexte du racisme après la prison et la guerre au sommet. Certes, comme c'est Oda, c'est un peu mieux pensé que d'habitude (avec une préparation depuis au moins le début de la reprise) mais comme le Hollandais Volant, on sent surtout que ça a été fait sans penser au reste, à la Kubo. Franchement, de la part de quelqu'un qui s'est plus ou moins spécialisé dans les retcon (Hello Brook et Laboon) et ligature de loose ends (hello, Ace et Luffy n'ont ni le même père ni la même mère), je trouve ça un peu moyen.
Je ne vais pas jouer la carte du
Sexe ce n'est pas sale mais vu ton post c'est tout de même bien tentant^^
Le problème soulevé reste le même de toute façon : c'est un problème de pur rationnalisation de récit. Pour que ce soit
bien il faut que ce soit
justifié de façon rationnelle. Or un récit est une expérience liée à l'imaginaire peu en rapport avec la raison. Le pacte
poétique qui lit le lecteur au récit peut être bâti sur diverses prérequis et le récit peut revendiquer être un reflet du réel (rationalisation) mais au final cela reste de la fiction et une expérience de
Suspension consentie de l'incrédulité (thème cher à Coleridge par exemple.).
Pour revenir à Oda, son travail tourne essentiellement autour du cliché (voire des Archétypes vu la nature mythologique de l'oeuvre) - le truc par essence que la raison ne peut prendre au sérieux et ne tolère que traité via la
distance. Or Oda aborde justement le Cliché sans jamais y mettre la distance qu'on pourrait raisonnablement y attendre pour rendre la chose crédible.
Le Cliché dans One Piece est un moteur narratif de l'oeuvre, ce n'est pas un simple habillage ou une couche de peinture sur l'histoire. Car au final One Piece n'est ni une oeuvre comique (on prend les clichés et on joue du second degré), ni une oeuvre raisonnable (on aborde les Clichés au premier degré pour générer de la crédibilité). On peut même dire que One Piece est une oeuvre poétique au sens classique car Oda (ré)invente constamment des formes de narrations basées sur le Cliché. On peut également parler de
Figure de Style parfois (comme ici) car le Maître joue de la figure classique pour la retourner et la placer ailleurs qu'à l'endroit
ordinaire.
Ce qui fait véritablement le génie d'Oda c'est cette utilisation du Cliché dont il brise la Distance classique/ordinaire et en fait un élément narratif
dramatique et non un simple élément métaphorique. One Piece c'est le monde où l'imaginaire est roi, où les lois sont celles de la musicalité de l'instant et de la fusion du comique et du sérieux, c'est le Drama grec. De ce fait essayer d'ériger une frontière entre ce qui est sérieux et ce qui est comique dans One Piece est un acte intellectuel relativement artificiel et illustre une incompréhension de la nature de l'oeuvre d'Oda. Nature qui est tout de même relativement intuitive - pas la peine de faire la démarche vaguement analytique que je viens de faire pour appréhender cette nature.
Mais c'est un penchant intellectuel malheureusement classique que d'essayer de mettre en avant et de dégager la part rationnelle d'une oeuvre pour lui faire honneur et légitimer sa réussite et séparer cette part de son aspect purement imaginaire, qu'on peut également louer mais uniquement dans une approche dual! Que le pur imaginaire sorte de son rôle de Distance et s'invite dans le ressort tragique, et c'est le drame!
Par rapport au sexe, j'expliquais juste pourquoi il était vu comme un pervers. Tu semblais quand même assez apologetic sur le coup alors que la démarche d'Oda était clair. Sanji est un gros pervers, pas simplement "appréciateur de la beauté des femmes". Le problème ne se situe pas là.
Après on peut ergoter sur la structure et le style du récit, mais je vais t'arrêter tout de suite concernant la suspension d'incrédulité. Je suis près à tout admettre tant que ça reste cohérent avec le monde ou le récit jusque là, ou à la rigueur que le recadrage opéré aient du sens (je pense au haki qui n'était sans doute pas prévu à la base - avant les critiques acerbes ventant le talent énorme du monsieur, le manga devait au départ ne durer que quelques tomes, donc à tout le moins les premiers exemples comme Shanks et le roi des mers sont des retcons adroits - mais qui a été, disais-je adroitement repris et replacé dans le manga). Le problème que j'éprouve par rapport au saignement de nez de Sanji est double: d'une part les pertes de sang n'ont jamais été un problème dans l'oeuvre, d'autre part, mais là je ne suis pas sur parce que pour être franc, je ne sais pas si ce gag a été utilisé auparavant dans le manga, le saignement de nez passe de gag visuel amusant à problème sérieux. Mais le problème c'est que ça rend tous les moments précédents (encore une fois je fais peut-être un amalgame avec d'autres mangas tant ce cliché est fréquent) où il saigne du nez "réels", en opposition avec un simple gag (par exemple, quand Nami tabasse les hommes, surtout Luffy, c'est un gag, je ne m'attends pas à ce qu'ils en tirent des séquelles cérébrales).
Je reprends cette quote arce que je la trouve intéressante:
Popoouf a écrit:
Peu importe pour quelles raisons Sanji ( mais ça aurait très bien pu être un autre mugi) a un besoin vital de sang, ce n'est que pour rappeler l'interdiction de mélanger les sangs des deux races (qui a causée la mort a la légende Fisher Tiger).
Là se situe le problème pour moi. Cette situation pourtant critique n'est qu'un procédé artificiel visant à réintroduire des concepts perdus de vue pendant plusieurs tomes. Ca ne me parait pas organique, ce que je trouve moyen, principalement parce qu'en général Oda m'a habitué à mieux. Dans les faits ça me rappelle le début très moyen de l'île des amazones, où au lieu d'un récit organique, les grosses ficelles du récit était trop visibles. Après d'autres peuvent adorer ou n'y voir aucun mal, mais ce n'est pas mon cas.