Non.
...
(Dit comme ça, c'est un peu léger léger...avec une argumentation donc:)Non, mais, non: juste non.
C'est le seul mot qui m'est venu à l'esprit, tant en lisant le titre du topic, qu'en remontant cette courte suite de messages.
Après le "non", la phrase qui s'est imposée à moi a été le fameux:
"Maintenant, ça commence à bien faire".Je tiens à préciser d'entrée, que le contenu de mon message n'est pas dirigé de manière personnelle, ni à ton encontre
@Promenadesjaponaises, ni au tient
@Aurelien. Je réponds sur le fond; je vais en profiter pour déborder un peu et dénoncer une tendance générale qui s'est installée depuis un ou deux ans sur le forum. Ambiance inédite, puisque je me retrouve à écrire en préambule d'un message qu'il est évidemment destiné à répondre en substance à une problématique donnée, et ne constitue point une attaque
ad personam...
Sic transit gloria mundi.Promenadesjaponaises a écrit:
j’ai l’impression que ce sujet, bien qu’effleuré sur le forum, n’a jamais été traité à part entière.
Avant de parler de l'article au fond, évoquons en quelques lignes, la question des
(I) avis du forum.C'est l'une des raisons pour lesquelles je ne poste plus souvent de commentaires sur les hebdomadaires des chapitres: je ne sais pas ce qui a favorisé cet infléchissement, mais le temps des commentaires construits, analytiques, où les gens se faisaient au minimum l'honneur de lire les posts qui précédaient le leur, s'est à peu près effacé, au profit d'un temps émotionnel plus court, plus brutal aussi; et forcément à mon sens, moins riche.
On a écumé encore et encore ce sujet du temps de la parution de
Bleach, et je crois qu'il s'applique à tout manga, en général: il ne faut pas oublier que le récit est pensé à fois dans sa plus petite échelle par son auteur, bien souvent en terme de volume; et dans sa plus grande échelle, en tant qu'histoire ayant un début et une fin, scénaristiquement cohérents.
J'aurais envie en l'occurence, de retourner l'argument de
Bleach contre les lecteurs de mangas en général. A l'époque, on disait beaucoup que
Bleach eût gagné en efficacité, en dynamique, en clarté de récit et de narration, s'il était devenu un manga publié mensuellement. Pour les lecteurs de
One Piece, à mesure que passent les années et les générations de lecteur, j'ai bien envie de dire à mon tour: lisez les chapitres, et attendez que passe le mois, avant de vous faire une opinion sur un pâté de chapitre successifs, imbriqués les uns dans les autres.
One Piece a souvent le "défaut" inverse d'un manga comme
Bleach: les personnages sont nombreux et gueulesques, l'humour pléthorique, les cases denses et fourmillantes, les décors encombrés: autant d'éléments qui peuvent assurer une digestion difficile, pour esprits non avertis. Je crois avec les années, que les chapitres de
One Piece se comprennent et s'apprécient avec le recul; celui d'un coup d'oeil sur une histoire qui a commencé il y a plus de vingt ans, et dans laquelle il est de règle que les mystères semés à un endroit ne s'éclaircissent à un autre, qu'après des années, parfois des décennies, de parution.
En résumé, je ne crois pas que les commentaires qui surgissent de plus en plus du forum, ne soient la marque d'un "déclin" du manga. J'y vois quelque chose d'ordre plus
(1) psychologique et
(2) sociologique
(désolée de sortir les grands mots), dans la mesure où
(1) quand bien même la plupart du temps, les sondages offrent globalement une impression qu'une large majorité de lecteurs apprécie les publications au plus haut degré (en général, on est autour de 80% tout de même), il y a une différence énorme entre ceux qui votent de manière positive et ceux qui postent, notamment pour faire part de leurs critiques: on entend moins souvent les premiers de cette liste que les seconds; il y a donc il me semble, un décalage entre ce que pourrait être la tendance véritable si tout le monde s'exprimait, et l'état d'une pensée générale qu'on pourrait se forger, à simplement lire le topic des hebdos.
(2) Un autre phénomène, qui peut expliquer qu'on commençât à se poser la question d'un "déclin" de One Piece au travers la lecture de ce forum, c'est sans doute le fait tout simplement que la moyenne d'âge des lecteurs et arpenteurs de ces lieux
vieillit; que les générations ont du mal à se renouveller, que ceux qui naguère bousculaient le forum à coup de jeux et de posts décalés sont partis; et aussi que d'adolescents à adultes plus ou moins jeunes que nous sommes devenus, en fonction d'un vécu plus ou moins exaltant, certains peuvent avoir du mal à retrouver leur capacité à s'émerveiller pour un manga dont ils connaissent si bien les ressorts.
Je me permets de compléter ici ton propos,
@Aurelien; je suis d'accord sur tout ce que tu as dit concernant les analyses et ce qu'on peut trouver sur le forum, mais j'avais envie d'apporter ma petite pierre de vieille conne, puisqu'après presque douze ans, je pense que j'ai mérité ce titre.
Cela ayant été dit, je m'attelle à élaborer une
(II) réponse quant au fond:Promenadesjaponaises a écrit:
Je suis aussi relativement d'accord avec tes propositions d'explications quant aux faiblesses de One Piece (plus de 20 ans de travail avec la lassitude naturelle que cela entraine, les choix d'orientation de l'histoire), mais il n'empêche qu'à mon sens le problème peut être aussi vu sous un prisme qui donne moins d'excuses à l'auteur (le dessin en baisse de qualité, le rythme, les incohérences, la redondance...).
Ces quelques lignes rassemblent, comme un noyau, tout ce que tu as développé de manière détaillé dans ton article; article que j'ai lu avec la plus grande attention.
Je le dis d'office: mon impression générale à la lecteur, c'est effectivement que cette "diatribe" comme tu le reconnais toi-même, est l'aboutissement de ce que le manga a déjà plus de 20 ans de boutique derrière lui. Le manga, et son mangaka: les messages de déception personnelle (que représente à mon avis ton article, bien plus qu'un véritable travail d'analyse de fond et de décortication d'éléments du récit) apparaissent beaucoup comme le fruit d'une évolution de ta perception subjective, que comme un tournant plus ou moins brutal, qu'une chute drastique du travail artistique d'Oda.
De quoi alimenter un esprit de défaite latent sur ce forum, de la part de lecteurs qui s'expriment et ont certes, plus que jamais le droit de faire part de leur déception. Mais des mêmes lecteurs à ton instar, confondent très très souvent, à mon sens, leur désenchantement et leur désamour subjectif, avec l'évolution générale de One Piece.
Maintenant, brièvement, et point par point:
A. Le dessinJ'entends tes critiques; mais on pouvait difficilement commencer avec un élément plus suceptible d'être...subjectif! Le style d'un mangaka, l'évolution du dessin, ce sont des choses qui échappent au rationnel: certains comme moi adulent la pate de Kubo et de Fujisawa; d'autres les détestent, je ne vois pas l'évolution graphique peut se présenter sur le fond comme un facteur de "déclin" du manga.
S'il s'agit de critiquer le côté "fouillit" de certaines cases, et la mise en scène que tu as semble-t-il déprécié, cela s'entend déjà un peu mieux. Mais encore une fois, tout est question de goût personnel: tu ne sembles pas avoir apprécié la case où on voit Katakuri se baffrer; ce fut l'un de mes chocs graphiques, au sens le plus positif du terme, de l'arc Big Mom.
Pas d'argument en substance donc ici à mon sens, qui tendrait à démontrer un "déclin" graphique; plutôt un changement de goût de ta part.
B. L'histoire/ la redondance J'ai bien envie de fusionner ces deux sections, car dans le cadre de
One Piece, l'une à mon sens, ne peut pas se réfléchir sans l'autre.
Car la "redondance" que tu décris est - c'est un lieu commun de la Volonté du D, et pour une fois un de ces lieux communs que j'approuve au fond - un des pilliers du récit, la marque de fabrique de l'histoire, le compagnon de route de l'univers Merveilleurs: la marque du style Peter Pan qu'utilise depuis toujours Oda. Cette colonne vertébrale distingue le récit de bien d'autres mangas, et si le choix est discutable en raison des inévitables effets de répétition, je crois qu'on ne peut pas dénier sans mauvaise foi, qu'il donne une cohérence globale au récit, dont on ne pourra juger l'efficacité qu'une fois l'oeuvre terminée.
Les histoires successives sont nichées dans cet écrin du temps Peter Pan. Et ces histoires, les scènes qui s'y articulent, sont encore une fois à mon sens, appréciées ou dépréciées de manière subjective. Nombreux sont ceux qui ont été émus lors de la scène de Zou; lorsque le sacrifice des Minks est exposés. Insupportables pour certains, attachants pour d'autres; qui a tort, qui a raison?
Personne; tout le monde.
C. Les personnagesC'est intéressant, parce que pour le coup, il y aurait eu moult possibilités d'étayer ton analyse sur le fond; mais tu es beaucoup resté en surface, alors même que la plupart des éléments que tu pointes du doigt son juste.
Je te rejoins entièrement par exemple, sur le fait que les personnages féminins de l'équipage ont perdu en saveur, en comparaison avec la première partie du récit. Mais la tectonique des plaque est plus subtile: Robin s'ouvre aux autres, et devient moins "sombre"; quand Luffy prend de plus en plus conscience de la férocité du monde dans lequel il vit, et endosse moins son rôle de "singe farceur".
La plupart des gens émettent surtout la critique de l'éloignement de la focale sur l'équipage et son évolution: ce qui est vrai, à déplorer ou pas, c'est effectivement un choix évident de l'auteur. Est-ce une marque du déclin pour autant? Est-ce que ça veut dire que nous n'avons plus croisé la route de personnages charismatiques, ou que l'évolution de personnages présentés comme secondaires dans un premier temps, n'a pas été semée de bonnes surprises?
Je crois qu'il y a des nuances à apporter, et que le chapitre des caractères et de leur évolution mérite une discussion pour sûr; une condamnation sur présomption, peut-être pas.
D. Les pouvoirs/les primesJe passerai complètement à côté du débat sur les primes: pour moi, il n'y a rien de plus accessoire au récit que les primes; qui à mon sens n'ont qu'un rôle d'outil à la mise en scène, qui sont un moyen de faire grimper l'attente ou de la créer dans le récit...Et écrivant ces mots, je suis consciente qu'il y a d'autre personnes pour qui la question des primes est importantes, y attachent une symbolique: des idées et analyses que je respecte entièrement; qu'il me soit permis toutefois de ne pas les partager.
Pour finir sur la question des fruits du démon: la simiitude de certains fruits ne me choque pas. Le principe du fruit du démon est génial et efficace, justement par qu'il est simple et incroyablement souple: tout peut être prétexte à se transformer en pouvoir, du plus impressionnant (exemple: le fruit de Kizaru) au moins probable (exemple: le fruit de Bartolomeo). C'est un ressort comique du récit, en même temps qu'un levier d'action: et ce qui compte au fond, je crois que c'est la manière dont Oda arrive à employer les pouvoirs au bon endroit, au bon moment, pour rehausser la qualité du récit ou créer une friction.
Forcément, c'est à double tranchant, mais ne mérite peut être pas d'être tant condamné: ce que tu déplores, à tort ou à raison, pour le fruit de Monet et d'Aokiji, la similitude entre la neige et la glace; la différence même ténue entre ces deux fruits est apparu comme un trait crucial dans le cas de la mort d'Ace , brûlé par Akainu. Il s'agit de nuancer ici: il y a la similitude du fruit du démon, et le rapport de force qui s'installe entre deux personnages, en fonction de leur position dans le récit...
Ma conclusion, rejoindra mon introduction: pas beaucoup à mon sens, d'arguments de fond; un ton un peu péremptoire qui m'empêche de voir l'article pour autre chose que ce qu'il paraît être: une décharge exaspéré d'un lecteur déçu.
Je ne suis pas en train de dire que le manga est sacré, qu'il n'est pas critiquable, ou qu'on n'a pas un droit à exprimer sa déception. J'essaie d'exprimer qu'à mon sens, il est malavisé de transformer comme on le fait trop souvent sur le forum, ou ailleurs, une accumulation de déplaisir, en vérité établie et universelle. En l'occurence, la critique de ton article glisse trop dans ce dernier travers, pour que j'y vois autre chose que le cri du coeur d'un fan qui ne se reconnaît plus dans l'oeuvre qu'il aimait.
Cela vaut pour nombre d'autre sujets sur le forum, dont les émetteurs semblent en réalité déplorer les errances de leur enfant intérieur.
En réalité, il me semble que bien souvent, bien des topics ou des messages prophétisant ou statuant sur "Le déclin de machin", pourraient être renommés "Pourquoi je suis déçu par truc", ou encore "Voici comment bidule n'a pas répondu à mes attentes".
Mais somme toute, rien dans l'ensemble qui puisse empêcher les autres de trouver par exemple que si le manga change, que les rythmes varient, que les tons se nuancent; il se bonifie avec le temps; à condition d'être conscient que le changement est aussi dans l'oeil de celui qui lit.
A bon entendeur...
@Edit: je corrige les fautes au fur et à mesure que je les vois; je corrige, je corrige...