Emissamdeus a écrit:
En fait, je ne comprend pas la dramatisation que certains font sur la répétitions de certains schémas scénaristique. Comme l'a dit Namiline, c'est bien trop gros pour que Oda ne s'en rende pas compte. Je vois plein de gens condamner le "manque d'inspiration" sans même examiner l'hypothèse d'un parallélisme volontaire.
Sans oublier que ce n'est pas parce qu'il s'est déjà passé 2 fois quelque chose de similaire (Nami durant L'arc Arlong et Robin durant W7) que cela transforme la scène en "mauvais, nul, raté". Dressrosa fut un immense concentré de références à Alabasta sans que cela ne ruine la qualité de cet arc. Les critiques le concernant ne se sont d'ailleurs jamais concentré sur son côté Alabasta-like.
L'arc WCI condamné uniquement car pas 100% inédit ? je crois que dans cette logique, il deviendra impossible d’apprécier la suite et fin de OP car il est illusoire d'espérer qu'un seul Arc futur soit sans aucune référence ou parallélisme.
Un parallélisme volontaire... On n'avait pas dû y songer en effet!
Blague à part, je vais essayer d'être le plus précis et compréhensible possible sur ce sujet, mais je crains d'avance qu'on achoppe sur les mêmes écueils qu'on avait pu constater autour de la lecture de Dressrosa (pour faire simple, de mon point de vue, un trop grand écart, générationnel ou autre, en termes de maturité, d'expérience, en matière de réception).
La reprise et variation, ce n'est évidemment pas nouveau dans One Piece. Et certains y sont particulièrement sensibles et apprécient ce qui fait partie, indéniablement, du charme et de l'intérêt de l’œuvre. À commencer par moi, dans la mesure où c'est une de mes obsessions concernant One Piece depuis longtemps, à savoir l'idée que East Blue constitue une matrice de l'ensemble de l'oeuvre, qu'Oda passe son temps à reprendre, étoffer, décliner.
Cf ce message datant du début 2006, qui inaugure une série de réflexions que j'ai pu faire sur ce sujet au fil des années,
ma dernière intervention sur ce sujet remontant à l'été dernier. C'est dire si ce n'est pas quelque chose qui "m'échappe".
Ce processus de reprise et variation, c'est aussi quelque chose qui m'est cher, en soi, parce que, en termes de poétique narrative, j'y suis particulièrement sensible. J'ai en effet travaillé, il y a maintenant quelques années de cela, sur une romancière qui n'a fait que reprendre le même chose tout au long de sa carrière. J'y ai même consacré ma thèse de littérature, soit quatre années pleines de mon cursus universitaire.
Bref, je veux bien qu'on me dise qu'Oda doit en être conscient, qu'il faut voir sur le long terme (pseudo excuse de la lecture en volume...), mais au-delà du motif de la reprise et variation, qu'avons-nous? Et à l'intérieur de cette perspective de lecture, qu'apporte là Oda, cette fois-ci? Si vous voulez défendre que là, on a quelque chose de bon, sous l'angle de la reprise et variation, et bien montrez-le. Expliquez en quoi la reprise permet de creuser un enjeu majeur de l'oeuvre (parce que c'est à ça que sert la reprise normalement); en quoi la répétition structurelle d'un schéma narratif dit quelque chose des préoccupations d'Oda, pour échapper à la lecture première de la "cuisine" narrative et de l'application bête et méchante de recettes éprouvées; en quoi les variations sont intéressantes et nourrissent de manière étonnante l'art de la surprise qui a toujours été celui d'Oda historiquement.
En outre, le souci c'est qu'en dehors des schèmes repris, qui sautent aux yeux de lecteurs familiers de l’œuvre depuis longtemps (et la différence de réception entre lecteurs anciens et récents n'est pas anodine sur ce sujet je pense), ben on n'a pas grand chose, ou pas suffisamment pour compenser et ajouter, en plus de la reprise, du neuf intéressant. Bien sûr le départ de Robin reprenait celui de Nami. Mais les ajouts et la variation apportée au motif nous avaient ravis à l'époque de Water Seven / Enies Lobby. Là, ce n'est pas le cas, car le décalque prend pour l'heure le pas sur la variation. Sans doute parce que le rythme du récit s'est, dans l'intervalle, terriblement alourdit.
Sinon, pour répondre aux demandes d'ouverture en matière de réception de l’œuvre, de prise de recul ou de perspective, je me demande, parmi ceux qui pensent cela, combien fréquentent d'autres parties du forum, par exemple, combien vont lire d'autres mangas, ou autres, pour forger leur expérience de lecteur. Combien sont, par exemple,
allés lire l'interview passionnante de Torishima qu'ange bleu a posté sur le forum hier. Parce qu'on y apprend plein de choses sur la fabrique des mangas.
Après, il n'y a pas de drame en soi, et je pense que ceux qui émettent des critiques, dont je fais partie, éprouve toujours du plaisir à lire de manière hebdomadaire One Piece. Sinon, on passerait à autre chose, croyez-moi. Mais ça serait bien aussi d'entendre la frustration que certains éprouvent, sans la déconsidérer avec des arguments qui, à mes yeux, ne tiennent pas vraiment, ou n'en sont pas. Dites pourquoi vous avez apprécié ce chapitre, ce passage, ce développement: ça me va et ça m'intéresse. Mais si vous allez du côté "ils n'aiment pas parce qu'ils ne comprennent pas et/ou ne considèrent pas l’œuvre/l'auteur à sa juste mesure", ben ça coince pour moi.