The World ends with you/It’s a wondeful world (Subarashiki kono sekai)
Quand Square Enix s’associe avec le syndicat d'initiative de la ville de Tokyo
N.B. : Une version légèrement améliorée de ce message est disponible sur
Le Pavillon des fous.
Editeur : Square Enix
Développeur : Jupiter
Genre : RPG
Plate-forme : NDS
Concept/Character Design : Testuya « Dieu tout-puissant » Nomura
Un jeu que s’il n’existait pas, il faudrait chercher loin pour l’inventer
Le dernier jeu de Square Enix sorti en Europe est sûrement l’un des plus étranges par son aspect visuel qu’il nous ait été donné de voir sous nos latitudes. Baignant dans l’univers de la djeunesse Tokyoïte moderne, autant préoccupée par ses fringues et son style en général qu’un président de sa côte de popularité (les deux faits ayant sûrement un lien si l’on creuse un peu), ce jeu atypique mérite néanmoins que l’on si intéresse, même si l’aspect visuel peut gêner. Personnellement, ce n’est pas mon cas et le fait que le jeu soit signé par la main de maître de Tetsuya Nomura (créateur de la série des Kingdom Hearts, pour les incultes) m’a fortement décidé à m’y intéresser. Vous découvrirez alors un jeu extrêmement original, tant par son univers que son gameplay et ces deux points sont tout à fait soignés, vous le verrez. Prenant place dans le quartier de Shibuya, quartier dont la qualification « à la mode » fait office de pléonasme, le réalisme de la reproduction des lieux est, paraît-il, bluffant.
Le synopsis
Pourquoi moi ? J’ai rien fait et d’abord je ne vous connaît pas !
Le jeu commence en nous faisant découvrir les pensées profondes de Neku Sakuraba, jeune garçon de 15 ans qui déambulait dans les rues de Shibuya et qui nous fait découvrir qu’à son âge il est déjà un misanthrope plein d’avenir. Soudain, son portable vibre et il découvre un étrange message : « Rendez-vous au 104. Vous avez 60 minutes. Echouez et dites adieu à votre existence. » Signé : « Les Reapers ».
N.B. : Jouant à la version Européenne en Anglais, ma traduction n’est sûrement pas exacte. Le 104 est un immeuble très célèbre du quartier de Shibuya.
Le sms-spam est supprimé illico presto. Seulement, il est aussitôt renvoyé par le mystérieux expéditeur et une violente douleur à la main informe Neku qu’un compte à rebours vient d’apparaître à cet endroit précis. Soudain, le message devient beaucoup moins drôle.
Surgissant alors d’on ne sait où, une jeune fille presse Neku de sceller un pacte avec lui. Son naturel lui pousse à lui répondre un aimable « Casse-toi espèce de folle ! » (en gros) mais comme elle se fait insistante, il finit par accepter. Soulagée, Shiki (car c’est son nom) annonce à Neku que désormais ils sont partenaires et qu’ils vont devoir participer au Jeu ensemble. Quel Jeu ? Qu’est-ce qu’un partenaire ? Qui sont les Reapers ? Pourquoi moi ? Pourquoi est-ce que Shiki se balade à moitié à poil ? Autant de questions auxquelles Neku devra chercher une réponse s’il ne veut pas être… Erased !
Les personnages
It's hard to be a player, in this fucking town
Neku Sakuraba : Le héros de cette histoire, entraîné bien malgré lui dans un jeu sadique organisé par une bande de psychotiques, où l’on risque sa vie à chaque seconde dans un monde parallèle qui ressemble étrangement à l’habituel mais qui se superpose à la réalité, rendant les participants du Jeu invisibles aux yeux du commun des mortels. Ceux qui le croisent le surnomme très rapidement « Phones » à cause de ses écouteurs proéminents, même si c’est quand même plus long à dire. On apprend très vite qu’il est en fait amnésique.
Shiki : La jeune fille qui s’est imposé comme partenaire de Neku. D’entrée elle en sait plus sur le Jeu que Neku et aura toutes les peines du monde à le convaincre de coopérer s’ils veulent survivre. Beaucoup moins douée que Neku pour les pouvoirs psychiques, elle se bat en manipulant Mr Mew, une peluche de chat qu’elle a cousu elle-même. Elle se met souvent à regarder son téléphone, pour admirer son fond d’écran, une photo d’elle et de sa meilleure amie, Eri…
Beat : Un autre participant au jeu. Digne représentant de la mouvance hip-hop à la Jap’, toutes ses phrases sans exceptions finissent ou commencent par « Yo ! » Chacun son style. Il rencontrera Neku et Shiki par hasard en parcourant Shibuya et évidemment se sentira pousser d’emblée une rivalité avec Neku, même si ça fait une belle jambe à ce dernier. Occasionnellement, il s’alliera avec les deux héros. Il a aussi un rêve : devenir un jour le plus grand champion de skateboard du monde ! Son partenaire est Rhyme.
Rhyme : Participant au jeu, Rhyme est, comme on le voit au premier coup d’œil, une fille. Si, si. A mon niveau de jeu, je sais très peu de chose sur elle… Tout juste est-elle très heureuse de participer au jeu avec Beat pour partenaire.
Les Reapers (Shinigamis en V.O., j’en connais que ça va saouler) : L’étrange organisation qui s’occupe du Jeu. C’est eux qui choisissent les missions, commandent aux Noise et effacent les joueurs ayant perdu… Ils sont reconnaissables aux ailes noires stylisées qu’ils ont dans le dos lorsqu’ils se battent.
Les Noise : Ces monstres étranges sont au service des Reapers. Ils ont la particularité d’exister dans deux plans différents, ce qui fait qu’il faut les éliminer dans ces deux plans à la fois pour qu’il disparaissent pour de bon. Ils ressemblent à des animaux mais sont identifiable grâce au fait qu’une partie de leur corps est faite de ligne stylisée.
Sanae Hanekoma : Un personnage étrange qui viendra sauver Neku et surtout Shiki d’un bien mauvais pas. Il se présente comme étant un « Gardien » c’est à dire quelqu’un qui assure que le Jeu se déroule bien dans les règles, sans y participer. Il en sait long à ce sujet et n’hésitera pas à partager ses connaissances avec les héros.
Une bien belle brochette de personnages hauts en couleur, auxquels viendront s’ajouter d’autres personnages secondaires voire principaux mais inconnus pour ma part.
Le Gameplay
Le vif du sujet
Le combat :
Pour survivre dans le Jeu, il faut se battre. Et pour pouvoir se battre, il faut utiliser des pouvoirs psychiques. Et pour utiliser des pouvoirs psychiques, il faut avoir des badges. Le premier badge que reçoit Neku au début du jeu lui permet, lorsque l’on touche l’icône en bas à droite de l’écran tactile, d’effectuer un scan qui lui révèlera ce que pensent les gens de la zone ainsi que les Noise présent. Mais ce n’est pas sa seule utilité, lorsque Neku reçoit sur son portable des mots-clés (meme), il peut les implanter dans l’esprit de certaines personnes et voir ce à quoi cela les fait penser et ainsi les influencer (rappelons que les participants ne peuvent interagir avec le monde réel).
Par la suite, Neku obtiendra un grand nombre de badges qu’il pourra utiliser pour le combat. Chaque badge s’utilise d’une manière particulière, c’est-à-dire qu’il lui correspond une action au stylet (tracer la ligne d’un mur de feu, toucher l’écran pour envoyer des boules d’énergies, etc.). Les badges utilisés sont regroupés en deck, le nombre de badges dans un deck augmentera au fil du jeu. Les badges peuvent aussi gagner des niveaux grâce aux PP récoltés en fin de combat. D’ailleurs, puisque l’on parle de PP, un truc amusant à noter : lorsque vous arrêtez de jouez (en éteignant la console), quand vous revenez vous gagnez un nombre de PP proportionnel au temps passé à ne pas jouer, pour un maximum de 7 jours comptabilisé. A se demander si les gars de chez Square Enix n’avaient pas peur que vous ne finissiez leur jeu trop vite.
Pour continuer sur le combat, rappelez-vous la double-existence des Noise. Et bien pour les éliminer deux fois, Neku et Shiki doivent se rendre chacun dans l’un des plans d’existence pour éliminer les Noise, ce qui fait que l’on joue en même temps Neku sur l’écran tactile et Shiki sur l’écrans supérieur. A première vue cela peut sembler compliqué (et c’est bien normal), mais sachez que Shiki n’a pas besoin d’être déplacée contrairement à Neku. Pour la faire attaquer il suffit d’appuyer sur les flèches directionnelles (ou les boutons pour les gauchers).
L’intérêt de jouer Neku Et Shiki est que les coups de Shiki obéissent à des séquences simples de direction des flèches : lorsque complétez un combo, vous gagnez un symbole. Si vous sortez les trois symboles existants dans l’ordre, vous gagnez alors le droit d’effectuer une attaque de coopération qui touchera tous les ennemis et vous soignera légèrement. Vous avez compris ? Non ? C’est pas grave, rien ne vaut la pratique. Sachez juste que cette pratique sera votre meilleure alliée pour appréhender ce système de combat totalement original et qu’au bout d’un moment on s’en sort très bien. D’ailleurs Shiki se met automatiquement en auto-mode quand on ne la fait pas agir, mais dans ce cas elle ne sort que très rarement un symbole…
C’est ça qui est merveilleux avec The World ends with you : ça a l’air vachement compliqué au début mais une fois pris en main, on s’éclate.
La fin du combat et les niveaux :
Lorsqu’un combat est fini, on gagne invariablement de l’expérience ainsi que des PP, qui servent à améliorer les badges. En fonction des dégâts infligés, du temps du combat et d’autres, on se voit attribuer une note (E,D,C,B,A,*) qui influe sur le nombre de PP gagnés. Evidemment au début les E pleuvent, mais une fois le jeu compris et la manière d’utiliser ses badges acquise, atteindre le A voire l’* est chose aisée.
Une particularité de TWEWY est l’ajustement de niveau. Lorsque l’on gagne des niveaux, on peut délibérément choisir de diminuer celui avec lequel on va se battre par rapport à son niveau réel (ex : Je choisis de rester au niveau 3 alors que je pourrais être au niveau 6). Cela fait que l’on a moins de HP maximum mais en contrepartie notre drop rate, le taux de chance d’obtenir des badges en fin de combat augmente. C’est un excellent moyen de se retrouver avec des tonnes de badges que l’on revend ensuite pour se faire du fric, histoire de pouvoir acheter les objets qui coûtent les yeux de la tête que l’on trouve dans Shibuya…
Les magasins :
Lorsque Neku et Shiki rentrent dans un magasin, ils rejoignent temporairement le monde réel et peuvent donc parler aux marchands pour acheter des objets. Mais que peut-on acheter me demanderez-vous, avides d’infos comme vous êtes ?
Premièrement, des vêtements. Ils jouent le rôle d’équipement dans ce jeu et boostent donc vos caractéristiques. Attention, ici on respecte le Code Vestimentaire Standard : on ne met pas deux t-shirts l’un par dessus l’autre et n’essayez pas non plus d’avoir deux chaussures de deux paires différentes… Autre chose, très important, lorsque vous regardez les objets dans les magasins, vous ne savez pas ce qu’ils font ! Et oui, pour le savoir il va falloir devenir pote avec les vendeur en achetant son bazar histoire de montrer qu’au Japon on gagne plus en vendant plus ! Mais rassurez-vous, dans l’immense majorité des magasins, le vendeur vous dira dès le début ce que font un ou deux produits si vous les sélectionnez.
Deuxième chose que l’on peut acheter, de la nourriture. Cela va du ramen bien de chez eux au fast-food bien de chez les Ricains. On achète sa bouffe, on l’équipe sur ses persos et pendant qu’ils la mangent ils gagnent un bonus de carac. Chaque nourriture requiert d’être mangées en un certain nombre de bouchées. Un personnage avale une bouchée après chaque combat. Quand toutes les bouchées sont faites, la nourriture disparaît et le personnage gagne un bonus permanent, différent du précédent. Sachant que Neku et Shiki ne peuvent avaler que 24 bouchées dans 24h réelles (c’est-à-dire du monde où vous lisez ce message), n’hésitez pas à gaver les héros, mais attention à ne pas leur donner des choses qu’ils n’aiment pas…
La mode
Fashion is deadly, ma chérie, but it’s also worth it
Un problème que vous rencontrerez à partir d’un certain point : la notion de tendances. La plupart des nouveaux badges de pouvoirs psychiques que vous obtiendrez, ce sera par l’intermédiaire des magasins (on vend décidemment n’importe quoi dans ce quartier, ma bonne dame). Ils porteront donc la marque de leur origine et vous serez ainsi jugés si vous les portez, par les gens, ces terribles personnes qui sont capable de dire tant de mal de vous… En clair, dans certaines zones de Shibuya, les badges de certaines marques sont favorisés, car « trop hyyyyyyyyype ! », ce qui augmente leur efficacité tandis que d’autres seront qualifiés de ringard et verront ainsi leur attaque réduite de moitié. Alors pensez à vérifier dans le menu ce qu’il faut porter ou pas là où vous êtes. C’est embêtant, ça sert à rien, ça vous fait passer pour un(e) débile, bienvenue dans le monde de la mode. Heureusement que ce n’est qu’un jeu, hahaha.
L’ambiance du jeu
Les musiques
DJ fait péter le scratch, je sens que je vais te faire une session de ouf !
Très orientées hip-hop/pop/électro/bref tout ce qui fait jeune actuellement, elles n’en restent pas moins extrêmement entraînantes et collent de toute façon à merveille avec l’ambiance du jeu. Certaines restent agréablement dans la tête, je vous laisse juger :
Twister (thème de la scène d’intro)
Calling
Long Dream
(etc.)
L’aspect visuel
Monsieur N., je vous aime, épousez-moi.
Comme dit précédemment, nous devons le character design a Tetsuya Nomura, je ne peux donc rien dire dessus. Non. Rien. Parce que c’est parfait, c’est tout.
Il a parfaitement réussi à adapter le style vestimentaire à l’ambiance imposée par Shibuya. Le design des Reapers est à tomber par terre et chaque personnage suinte la classe par toutes les pores de sa peau. Du coup, on se retrouve avec une bonne quantité de poseurs, étalant leur style de-la-mort-qui-tue à chaque cut-scene, mais sachant que c’est l’esprit du jeu qui veut ça, ce n’est pas un problème (et puis, cela peut même nous attirer).
De plus, les petits gars de chez Square Enix ont encore fait du beau boulot : la 2D utilisée est magnifique, quel que soit le moment du jeu : déplacement, combat, cut-scene… La même équipe que pour KH : Chain of Memories. Je les aime, sérieux.
Concernant Shibuya lui-même, on reconnaît parfaitement un univers Tokyoïte, pour peu que l’on connaisse. La retranscription est paraît-il très fidèle (ce que est normal vu que ça renforce l’immersion). Chaque changement de zone amène le nom du nouveau lieu à s’afficher brièvement dans une forme très « tag », type d’écriture que l’on retrouve un peu partout dans le jeu (dont la scène d’intro). En fait, un mot décrit parfaitement l’ambiance générale : urbain.
Conclusion :
Mis à part le fanboyisme aïgu (« C’est du Nomura alors si t’y joues pas je te castre avec les dents ! »), le simple fait d’avoir testé ce jeu et de l’avoir approuvé dans son ensemble (graphisme, gameplay, musique, character design et leur personnalité…) me fait vous le conseiller. Même si à priori vous n’avez aucune affinité avec l’ambiance, l’esprit dégagé par « un jeu qui se passe dans un quartier hyper branché, t’as vu », il vous accrochera simplement parce que c’est un excellent RPG.
Sur ce, j’y retourne.