(génies au travail)"We're going to see this through to the bitter end. Or... lager end."Edgar Wright est un petit prodige anglais du cinéma. Formé sur la série
Spaced, écrite par la fantastique Jessica Stevenson et son ami et collaborateur de toujours Simon Pegg, véritable manifeste geek de 2 saisons, 14 épisodes, qui sous son budget ridicule cache une tonne d'inventivités formelles et délires joyeusement nerd qui en font un précurseur à la série
Community, Edgar Wright avait lancé sa première bombe atomique avec
Shaun of the dead. A la fois film de zombie, comédie romantique, buddy movie,
Shaun était une véritable prouesse qui réussissait à rendre hommage aux plus grands films de Romero tout en mettant une mandale aux récentes réalisations arthritiques de ce dernier et en renouvelant l'approche du genre, prouvant qu'on pouvait faire un film de zombie drôle impeccablement réalisé, référentiel et jamais parodique. S'en est suivi
Hot fuzz, intégrant film policier, thriller, film d'action gras et jouissif, buddy movie (encore !) dans un des scénarios les plus millimétrés jamais écrits. Les compères de toujours y infusaient au moins un running gag par personnage (même tertiaire), construisant leurs dialogues presque entièrement là-dessus. A cela s'ajoutait une précision scénaristique dingue qui transpirait la note d'intention totalement démentielle (résolution toute à fait satisfaisante de l'intrigue policière, puis retournement de situation pour aller dans le
bigger than life, état d'esprit dont Nicholas Ang
leel devra s'emparer pour conclure le film). Parenthèse à la Cornetto trilogy, dont le lien est un pied de nez volontaire aux amateurs de saga puisqu'il se résume à quelques gags transposés et l'apparition à un moment ou un autre d'une glace cornetto,
Scott Pilgrim vs. the world prouvait que le petit Edgar était autant à l'aise avec des projets plus ambitieux. Truffés de références geeks et d'inventivités formelles,
Scott Pilgrim réussissait tout de même à éclipser qu'il était en déçà de ses réalisations précédentes, la faute à un script par moment bordeleux et à une progression peu claire de son personnage principal. Il revient cette année pour conclure la Cornetto avec
The world's end.
"Let's boo-boo!"20 ans après avoir échoué le Golden Mile, un barathon de 12 pubs dans la petite ville de Newton Haven, une bande de cinq amis se retrouve pour achever leur quête."What the fuck does WTF mean?"Dans la lignée des deux précédents opus de la trilogie,
The world's end est un mélange de buddy movie, comédie, films d'envahisseurs, film de kung-fu et post-apo totalement barré, bourré aux références sans jamais écraser son spectateur dessous. Moins précis que n'avait pu l'être
Hot fuzz (la barre était résolument trop haute), le scénario demeure ultra-jouissif, réussit à faire exister ses personnages principaux, mélange humour et mélancolie avec une grâce sans égale et rend crédible la quête infernale de la Golden Mile dans cette ambiance barjot.
Le film arrive à un point d'équilibre intéressant puisqu'il parvient à célébrer la quête quelque peu alcoolique de Gary King (Simon Pegg royal) tout en offrant un contrepoint de vue critique de ses amis. Ceux-ci ne sont jamais moqués pour leur côté raisonné et peu enclin à la biture, Gary King demeurant l'extra-terrestre de la bande. Ce n'est qu'à partir du moment où le film bascule que les personnages choisiront d'emprunter cette voie, permettant à mon sens de ne pas couler dans l'apologie de l'alcool. Le casting est excellent, les fans d'Edgar Wright devraient être aux anges de voir jusque dans les seconds rôles des caméos. Seule la délicieuse Jessica Stevenson manque à l'appel, ce qui brise mon coeur de pierre il faut bien l'admettre... Autrement, c'est de la baston décomplexée et jamais répétitive.
Seal of quality ^0^