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 Sujet du message: Le capitalisme - ce dragon à occire
MessagePosté: Mer 15 Fév 2012 06:28 
Ô-Totoro
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Vu l’actualité économique chaude depuis quelques années déjà et les enjeux politiques qui s’y réfèrent, un sujet parlant de sciences économiques ne me paraît pas inintéressant sur le forum.
Mais avant de laisser la parole à tout un chacun, il me semble judicieux de replacer les préoccupations actuelles dans un contexte plus large et de faire de la vulgarisation de l’économie, puisqu’il est rare que les gens sachent vraiment de quoi qu’on cause en la matière. N’étant moi-même pas un expert en la matière, on va essayer de rendre ça attrayant, simple, aussi juste que possible et un chouia technique.

Le nom du sujet est à ce titre un petit clin d’œil aux déclarations actuelles qui fleurissent un peu partout, où l’on annonce que le capitalisme est mort ou qu’il est à démanteler. Pas de pavée marxiste à l’horizon (un caillou, à la limite), juste une jolie accroche pour inciter les gens à venir discuter de tout ce foutoir immense qu’est l’économie.

Vous êtes prêts ? On y va.


Le capitalisme, tentative d’approche et perspective historique

Succintement, le capitalisme est un système économique qui se définit à travers deux grandes caractéristiques : la propriété privée des moyens de production et l’accumulation du capital. Le capital est un ensemble de ressources (physiques, humaines, techniques et financières) qui vont entrer dans un système de production afin d’aboutir à un enrichissement (au sens large).

Apparition du capitalisme, les « classiques » (XVIIIème siècle)

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Le capitalisme existe depuis la nuit des temps : le troc, la vente, les places de marché, les artisans, tous ces éléments ont concouru à créer des systèmes économiques. Toutefois, jusqu’à la fin de l’époque de la Renaissance, les systèmes économiques étaient dits « mercantilistes ». Le processus d’enrichissement des êtres humains se faisait par le biais de la conquête : l’économie était cloisonnée par pays, le but de chacun étant d’appauvrir les autres pour s’enrichir ; la propriété était donc celle de la Nation (le Roi, le Monarque, l’Empereur étaient propriétaires de la majorité des terres). La colonisation est d’ailleurs un exemple remarquable, puisque les pays créaient des échanges privilégiés dans le but de profiter des richesses du colonisé à son détriment. (Il n’est pas ici question de remettre en cause la colonisation, qui n’a pas eu que des aspects négatifs, mais qui ne seront pas développés ici.) La plupart des pays colonisateurs s’orientent une course à l’or, valeur d’échange par excellence qui constitue une monnaie stable.

Arrive alors au milieu du XVIIIème le premier économiste moderne, Adam Smith, suivi par une batterie d’autres (Ricardo, Mill, Say) qui vont constituer le noyau du courant « classique » du capitalisme, les prémices des sciences économiques modernes. Leur approche est en rupture totale avec les mercantilistes car ils ne pensent plus en terme d’enrichissement de la Nation mais en terme d’enrichissement des Nations. En d’autres termes, ils sont convaincus que ce n’est pas par la guerre économique mais par l’entraide des Hommes de la Terre entière (je sors les violons) que ces derniers s’enrichiront de manière pérenne. Raisonner par pays n’est donc pas le cœur de leurs analyses, et ils vont même jusqu’à rejeter l’idée mercantiliste de l’enrichissement par l’or et la monnaie (qui ne sont pour eux qu’un instrument facilitant les échanges, donc un moyen et pas une fin).

La création de systèmes de production organisés (les usines) va permettre de passer d’une production manuelle et lente à une production industrielle et rapide. Les capitalistes sont alors les propriétaires de leur usine et cherchent avant tout à ce qu’elle produise beaucoup pour vendre beaucoup. A cette époque, la question de la qualité ne se pose pas encore, car les offres émergent et les consommateurs n’ont pas un degré d’exigence élevé.
Il faut attendre plus d’un siècle pour qu’Henri Ford assimile l’ouvrier salarié pas uniquement comme un facteur de production qu’on peut utiliser à sa guise mais comme un consommateur potentiel qui permettrait d’accroitre les ventes de produit. Le fordisme se traduit alors par une augmentation des salaires pour que les ouvriers consomment plus (et avant tout des produits Ford, d’où l’explosion des ventes de l’industrie automobile à l’époque).
L’effet sera néanmoins pervers car si dans un premier temps, les hauts salaires de Ford seront un avantage concurrentiel indéniable, les autres capitalistes ne mettront pas longtemps à l’imiter et ainsi augmenter les revenus moyens des Nations, corrigeant alors l’avantage que Ford avait créé pour ses salariés. On entre alors dans une sphère inflationniste, où les salaires et les prix augmentent mais pas le niveau de vie des individus.

L’Etat n’a pour eux qu’une fonction régalienne : il s’occupe de la justice, de la police et de l’armée. Ces trois fonctions ont pour but de protéger le droit de propriété privée, qui est le fondement du capitalisme comme nous l’avons vu plus haut. A cette époque, l’Etat n’a pas à intervenir sur le marché (il y aura néanmoins en réalité une régulation du marché par le législateur afin de l’adoucir), celui-ci étant efficient.

Pour les classiques, le marché est efficient. Les individus agissent de manière rationnelle, de sorte que la loi de l’offre et la demande et la main invisible d’Adam Smith permettent une action auto-correctrice du marché lorsqu’il y a déséquilibre sur les prix afin d’assurer la pérennité de l’économie. Cela suppose donc un laisser-faire des individus, qui seront suffisamment rationnels pour agir pour le bien de tous ; ainsi qu’un environnement de concurrence pure et parfaite afin de ne pas entraver le bon déroulement des échanges commerciaux. Des données impossibles à appliquer en pratique, et les économistes le savent. Mais beaucoup de non-économistes vont penser ces lois immuables et l’euphorie va amener des conséquences irrémédiables…


Intermède capitaliste, l’impasse socialiste (fin du XIXème siècle)

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Le courant de pensée socialiste (aussi connu sous le nom de communisme) est né en réaction au capitalisme et à ses dérives, l’exploitation de l’homme ouvrier par l’homme capitaliste (celui qui détient les capitaux de l’entreprise). Mais, curieusement, ce n’est pas tant contre les formes les plus radicales de capitalisme où cet exploitation est la plus radicale que le fondateur de ce mouvement de pensée, Karl Marx, va s’insurger, mais contre les formes de capitalisme les plus douces.
En parallèle du capitalisme industriel que Charlie Chaplin décrivait dans Les temps modernes, né une forme de capitalisme dit paternaliste, qui donne un visage plus humain à l’exploitation : les usines sont créées autour de villages où chaque ouvrier à un logement mis à sa disposition par le capitaliste, lequel prend à sa charge frais scolaires, laveries, etc. (Jean-Baptiste André Godin est le capitaliste paternaliste le plus connu pour son usine de poêles.)
Et ça, c’est une chose que Karl Marx ne va pas supporter. Il accusera ces capitalistes de vouloir donner un visage humain à un système économique qui doit exploser de l’intérieur par la révolution ouvrière. Il assimile cela à un pansement sur une jambe de bois, une rustine qui dévoile que le capitalisme est une erreur et qui sera renversée.

Le socialisme est donc un courant extrême, qui prône la nationalisation et la disparition du droit de propriété privé au profit d’un collectivisme contrôlé par l’Etat, afin de réduire les inégalités entre personnes.
Malheureusement, au travers de plusieurs tentatives de longue durée, le socialisme a été un échec cuisant : la subsistance des inégalités entre personnes n’a jamais pu être corrigée (l’homme étant ce qu’il est) et la perte de la propriété privée a amené à une sorte de démotivation du facteur de production humain. N’étant pas propriétaire du bien dont il a la charge, ce dernier n’aura pas d’intérêt à le faire fonctionner de manière optimale et s’en tiendra à des objectifs souvent éloignés de la sphère réelle car déterminée par une lointaine administration. L’homme n’est plus qu’un rouage d’une gigantesque machine qu’il entretient a minima, la machine est vouée à rouiller. L’URSS, Cuba ou la Chine ont prouvé en un siècle que le système économique socialiste pouvait être beaucoup plus ravageur que le capitalisme, sans être pour autant meilleur.

Aujourd’hui, la pensée économique socialiste s’est pratiquement évaporée. Plus aucune thèse économique se réclamant de ce courant n’est parue depuis cinquante ans. Reste un mouvement politique et philosophique qui alimente le débat, mais la réflexion économique n’est plus. Au lieu de cela, pour trouver matière à se crêper le chignon entre économistes, il faudra se tourner vers un autre courant économique, le keynésianisme.


Alternative au courant classique, les « keynésiens » (1929)

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La Bourse est le lieu de marché des titres financiers. Elle permet à des investisseurs d’acheter des parts de sociétés cotées afin d’espérer que la pérennité de celle-ci leur rapportera plus tard lorsque la valeur de ses titres auront augmenter par le jeu de l’offre et la demande : plus de gens voudront acquérir des titres de la société car elle présentera des résultats attrayant, le nombre de ses titres n’étant pas infini, leur prix augmentera automatiquement, la personne qui a acheté ces titres lorsqu’ils valaient peu gagnera une plus-value en les revendant.
La Bourse de New York, à la fin des années 1920, existe déjà depuis plus d’un siècle. La reprise de l’économie mondiale avec la fin de la guerre et la création d’un nouveau système d’achat qui permet aux investisseurs de ne débourser que 10 % de la somme des titres qu’ils acquièrent (loi de 1926) expliquent l’euphorie des marchés financiers à la fin des années 20.
Le système financier va à l’époque atteindre une surchauffe par le biais de la bulle spéculative : l’euphorie est telle que les investisseurs commencent à acheter à n’importe quel prix des actions (ils ne paient que 10 % de leur valeur) ; ces prix augmentent donc car la demande devient énorme (on achète tout et plus cher) et il se crée une dichotomie significative entre la sphère du réel (ce que valent réellement les titres) et la sphère financière (ce que paie les gens pour ces titres). A l’annonce des résultats des sociétés en 1929, les individus se rendent compte qu’elles ont été surévaluées (on attend un résultat à la hauteur de son investissement, mais celui-ci est trop élevé !) et décident de revendre massivement leurs titres. L’offre de titres devient alors largement supérieure à la demande, les prix s’effondrent. Des sociétés qui valaient énormément voient leur capital réduit à des cacahuètes. La demande n’est pas aidée à ce moment par la décision de la Banque Centrale Américaine (la FED) qui décide alors de réduire d’un tiers la masse monétaire en circulation pour éviter toute surchauffe.
Un tel déséquilibre devrait être en principe contrebalancé par la main invisible d’Adam Smith. Sauf que dans le cas de la crise de 1929, le déséquilibre a été tel que le retour mécanique à l’équilibre est impossible : les sociétés ne valent plus rien, elles sont obligées de licencier leur personnel, lequel ne peut plus consommer, les sociétés ont des stocks de produits qu’elles n’arrivent pas à vendre, elles licencient, etc. Un cercle infernal s’installe : la spirale déflationniste et l’augmentation du chômage.

Les théories classiques n’arrivent pas à expliquer le phénomène de la crise de 1929, elles pointent le bout du nez d’un échec complet. John Meynard Keynes est un économiste qui va alors bouleverser les sciences économiques en étant le fondateur d’un nouveau courant de pensée : le keynésianisme.

Pour les keynésiens, le marché est naturellement défaillant. Les conditions de concurrence pure et parfaite sont illusoires et les individus ne prennent pas des décisions rationnelles (l’asymétrie d’information ne leur permet pas d’avoir une pleine connaissance des choix des autres pour faire le leur). Le rôle de l’Etat est donc de corriger ces défaillances en l’encadrant plus efficacement et en participant à des politiques de relances.
Relance de quoi ? De la demande, pardi ! Et pour cela, l’Etat doit injecter artificiellement de l’argent dans l’économie, afin que les individus qui perçoivent de ces aides consomment (la demande réapparait) et relancent la production et donc l’économie, le chômage baisse par la même occasion.

Cette injection se fait au travers du taux d’intérêt. Le principe est assez simple en réalité : un individu acceptera de prendre un prêt bancaire si le taux d’intérêt est faible ; et ce prêt lui permettra de consommer immédiatement. Au contraire, si le taux d’intérêt est fort, le prêt ne sera plus une option préférentielle et l’individu stoppera sa consommation du moment. Selon les keynésiens, l’Etat a donc ce formidable outil à sa disposition pour contrôler mécaniquement la demande et l’ajuster selon les besoins de l’instant. De plus, l’Etat a une légitimité à intervenir dans l’économie du fait de sa supériorité sur les individus : il est mieux informé, plus efficace, plus crédible et impartial.

L’Etat a aussi un rôle dans l’allocation des ressources et leur redistribution aux plus démunis, au travers de la taxation par exemple. Ce principe est humain, mais les explications de Keynes sont plus pragmatiques que généreuses. Keynes a peur d’une seule chose, que les individus thésaurisent, qu’ils cachent leur argent sous le matelas et que celui-ci disparaisse donc du circuit économique. La thésaurisation est différente de l’épargne, qui se fait à la banque et donc dans le circuit. Pour éviter le plus possible que la monnaie n’échappe aux agents économiques, il faut selon lui donner cette argent aux personnes dont la propension économique à consommer est la plus élevée. En clair, il faut donner aux pauvres car ils ne mettront pas l’argent de côté mais ils le consommeront immédiatement et le réinjecteront de fait dans l’économie.

Les keynésiens trouvent en outre une relation très pratique, révélée par la Courbe de Phillips : inflation et chômage ont une relation décroissante; lorsque l’une monte, l’autre descend. Cela s’explique par le fait qu’en situation de chômage élevé, les chômeurs sont en position de faiblesse pour négocier, et l’entreprise peut donc faire baisser ses salaires à un point d’équilibre (assez donner pour que les salariés puissent consommer mais ne pas trop donner pour que le résultat de l’entreprise soit fortement entamé). Le taux d’inflation diminue donc par la baisse des salaires. Au contraire, moins le chômage est important, plus les chômeurs sont en position de force (ils sont peu nombreux et l’entreprise a besoin d’eux) et peuvent négocier des salaires élevés, favorisant l’inflation.

Dans un premier temps, cette politique va marcher à plein régime. Les Etats se mettent tous à appliquer des politiques de stop and go, c’est-à-dire d’augmentation et de diminution de la demande par l’utilisation du taux d’intérêt. Sauf que cette nouvelle euphorie ne va pas durer éternellement.


Bataille de chiffonniers, les « nouveaux-keynésiens » contre les « nouveaux classiques » (1973)

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La crise du pétrole de 1973 diminue, pour des raisons politiques, l’offre de pétrole par les pays de l’OPEP, amenant à une offre du prix et une baisse de la production générale (les usines fonctionnant principalement au pétrole). Là va apparaître le premier paradoxe des théories keynésiennes : la stagflation. Le taux d’inflation augmente tandis que… le taux de chômage fait de même ! La relation de la Courbe de Phillips n’était donc pas absolue !
Pire, les politiques de relance par le taux d’intérêt semblent de moins en moins efficaces, la hausse de la consommation des ménages et des entreprises n’est pas garantie par la baisse des taux d’intérêt.

Comme dit précédemment, le Keynésianisme fut la pensée économique nouvelle et fédératrice durant les années 30/40 et jusqu’à nos jours. Cette pensée fut accompagnée d’un changement très important concernant les taux de change. Toutefois pour mieux comprendre l’évolution, il nous faut revenir à la fin du XIXème siècle/début XXème. À cette époque, le système appliqué pour la régulation de la quantité de monnaie était l’étalon-or ; c'est-à-dire que toutes les monnaies avaient une parité-fixe avec l’or. Toute émission de monnaie se faisait donc avec une contrepartie et une garantie d’échange en or. Ce système permettait une certaine stabilité de la valeur de la monnaie, bien que trop restreinte car il y avait logiquement un fort besoin en or. Et là sera l’origine de l’arrêt de ce système, pendant la Première Guerre Mondiale, les dépenses seront telles que les pays ne seront plus en mesure d’assurer la convertibilité de leur monnaie en or.
L’entre-deux-guerres ne sera pas une période propice pour trouver une nouvelle solution notamment à cause de la crise de 1929. Il faudra 1944 pour voir une révolution arriver : Les accords de Bretton Woods. Notamment défendu par Keynes, ces accords vont décider de la création d’un système « moins » fixe. La variation subtile sera que seul le dollar est convertible en or et toutes les monnaies sont convertibles en dollar – après la Seconde Guerre Mondiale, les USA sont grands vainqueurs et créancier de beaucoup de pays, le dollar est donc la seule monnaie stable. Ce début est une première approche du système de taux de change flexible, car les monnaies ont, certes, un taux de change fixe mais ajustable en cas de besoin. Cette évolution sera accompagnée de la création du Fond monétaire international (FMI) qui a pour but de surveiller les politiques nationales et vérifier qu’elles ne dérapent pas. Et en case de crise de change, pour fournir de la liquidité au pays concerné moyennant, par exemple, la mise en place d’une politique de redressement.
Ce système de Bretton Woods accompagnera la période des 30 Glorieuses mais en 1971, Nixon décide d’y mettre un terme. En 1970, les USA dépensent des sommes faramineuses pour la guerre du Vietnam, et nous assisterons au même schéma qu’en 14-18 car les USA ne seront plus capables de fournir l’or nécessaire pour assurer la convertibilité avec la monnaie créée.
Depuis, nous naviguons dans les méandres complexes du système de change flexible.

Au lieu de se constituer un nouveau corpus théorique, les sciences économistes vont trouver des réponses à cela dans les théories « nouvelles classiques » qui se sont développées en marge des keynésiens et qui en critiquaient sourdement certaines failles.
Les nouveaux classiques admettent que les théories classiques nécessitent un peu de nuance et ne doivent pas être appliquées tel quel. Ils mettent de l’eau dans leur vin et dans le moulin des sciences économiques, en bref.

Pour les nouveaux classiques, il existe un chômage dit structurel, insusceptible d’être diminué de par les rigidités de l’environnement. Un salaire minimum empêchant les entreprises de le faire varier selon leurs besoins en est une. Le chômage volontaire dû au calcul économique d’individus qui préfèrent vivre d’aides car cela leur rapport autant que s’ils travaillaient en est une autre. L’auteur Milton Friedman admet donc que si sur le court terme, la Courbe de Phillips se vérifie, sur le long terme elle devient obsolète : la Courbe devient verticale, autrement dit l’inflation augmente et le chômage ne diminue plus ; voire il augmente. L’intervention de l’Etat sur les taux d’intérêts aurait donc des conséquences négatives sur le chômage, l’Etat ne serait lui-même pas efficace sur le marché.

La deuxième critique des nouveaux classiques trouve ses racines dans les écrits d’Adam Smith qui, en son temps, voyait la monnaie comme une huile dans les rouages (un moyen et pas une fin) ; alors que les politiques keynésiennes mises en place par les Etats tendaient à l’utiliser comme une fin. Si dans les systèmes d’aides et d’allocation, les ménages consommeront plus (car leur propension économique à consommer est élevée, rappelez-vous), il n’en va pas de même pour la production des entreprises.
Les keynésiens avaient pour point de départ le présupposé aveuglement des individus sur l’économie ; en d’autres termes, l’Etat pourrait faire croire ce qu’il veut pour pousser la relance l’économie. Sauf qu’au bout de quarante ans de politiques keynésiennes, les individus commencent à en comprendre les tenants et aboutissants ; les media relayent l’information rapidement ; l’acuité des individus est donc plus importante que ne l’estimaient les keynésiens. Mais pourquoi était-il important, cet aveuglement ? Parce que l’Etat pouvait provoquer l’illusion d’une relance pour la créer réellement. En distribuant de l’argent, les ménages consommaient plus, donc les entreprises produisaient plus. Sauf que les entreprises ont appris que ces allocations étaient ponctuelles et ne reflétait pas une évolution structurelle de la demande. Etant un pic ponctuel de demande, elles n’ont aucun intérêt à produire plus et vont même jusqu’à piocher dans leurs stocks pour vendre. Même, les entreprises anticipent maintenant ce genre de relances artificielles, ce qui les rend de facto inefficaces et inutiles (l’argent est lancé par les fenêtres, si vous voulez).
Malheureusement, les politiques ont pris goût pour la relance par les taux d’intérêt, au détriment souvent de politiques structurelles (investissements, grands travaux, recherche et développement) efficaces sur le long terme et pérennes (élément pourtant essentiel selon Keynes !)

La suite des évènements historiques en matière d’économie devient un peu plus confus : depuis la crise du pétrole de 1973, les crises se sont rapprochées, manifestant un effet relatif des politiques économiques mises en place (souvent très loin des concepts économiques développés). Les années 1980 ont vu des théories classiques revenir en force avec le courant libéral (plus politique qu’économique d’ailleurs, et négativement connoté) avec Ronald Reagan et Margaret Thatcher ; suivi d’un retour de l’interventionniste dans les années 1990 ; puis d’un nouveau regain de libéralisme teinté de politiques keynésiennes dans les années 2000 jusqu’à aujourd’hui où le cul est entre deux chaises. Dix ans entre deux crises économiques est devenu une quasi-norme, et c’est à se demander si les choses vont aller en s’améliorant.

Aujourd’hui, les nouveaux classiques et les nouveaux keynésiens ont chacun nuancé les propos de leurs prédécesseurs, notamment sur l’utilité des politiques monétaires (le taux d’intérêt) et l’efficience des marchés. Les deux corpus sont néanmoins toujours en désaccord sur la place à accorder à l’Etat : les premiers sont plus en faveur d’un Etat aux fonctions régaliennes, les seconds un Etat régulateur ; mais la frontière est assez compliquée à déterminer. Les classiques, par exemple, ne sont pas non plus pour un marché libre tels que les libéraux l’entendent ; les keynésiens ne sont pas pour un Etat interventionniste au sens socialiste du terme.
La question s’attarde actuellement à savoir dans quelle mesure et dans quels domaines l’Etat doit intervenir et laisser faire le marché ; et la réponse n’est pas pré-cuite.


L’actuel merdier, profits individuels pour crises systémiques

A l’aune des théories évoquées dans la première partie, nous allons essayer de trouver une explication à la cause des deux crises systémiques actuelles. Il ne faudra pas attendre un brûlot anti-capitaliste, mais plutôt un texte qui se veut anti-con surtout (notez la nuance importante).

Crise des subprimes, ou l’aberration systémique

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Pour comprendre la crise des subprimes de 2008, il faut remonter huit ans en arrière pour en voir les prémices, mais d’abord expliquer quelques règles fondamentales de la Bourse, si ce n’est de l’économie.

Premièrement, la valeur des actions est due à la loi de l’offre et de la demande, elle-même conditionnée par le « facteur risque » d’une action. Plus une action est risquée, plus elle peut rapporter ou faire perdre gros. C’est le principe du loto : il faut parier un maximum pour espérer gagner beaucoup. Par exemple, prenons l’action d’Apple. Au milieu des années 1990, l’entreprise Apple est à un point mort inquiétant. Pas de perspectives d’avenir, pas de rendements immédiats. Les investisseurs étant rationnels, ils ne veulent pas des titres, l’offre des actions Apple est donc supérieure à la demande, son prix est très bas. A cet instant précis, dans le contexte, l’investisseur qui achète des titres Apple fait un pari osé : rien ne permet de prédire qu’Apple va redresser la barre. Le risque de ne pas voir de gain sur l’investissement est donc grand. Quinze ans plus tard, Apple est l’une des plus grosses cotations en Bourse. L’investisseur qui y a mis ses billes il y a longtemps a acheté pour une bouchée de pain des actions qui valent énormément : le risque a été à la hauteur de son gain. Au contraire, quelqu’un qui achèterait maintenant des actions Apple ne prendrait pas un gros risque, la société étant pérenne et très forte capitalistiquement parlant. Le rendement attendu ne serait pas du même niveau que la personne qui a investi il y a quinze ans dans la société (cette dernière peut avoir eu un rendement de 1000 % là où la première n’en aura que 10).
Secondement, les valeurs en Bourse ne doivent pas être grandement dichotomique de la sphère réelle, sous peine de créer une bulle comme en 1929. L’exemple de la bulle Internet en 2000 est à ce titre très parlant. Les investisseurs ont perdu toute rationalité sur les cotations d’entreprises basées sur Internet, tout simplement parce qu’ils n’avaient aucune idée de ce qu’elles pouvaient valoir. D’ailleurs, en matière d’Internet, il doit y avoir en tout et pour tout dix personnes dans le monde capable de les évaluer correctement à l’époque. Mais il faut retenir que plus un titre porte sur quelque chose d’abstrait, plus les dérives sont envisageables.

Avec la conjonction de la crise de la bulle Internet et des attentats du 11/09/01, l’économie américaine du début des années 2000 risque fort de pâtir. Portée par des hommes politiques venus du milieu bancaires (que ce soit sous l’administration Clinton ou Bush, voire Obama, hein, pas d’amalgame), la décision d’abaisser le taux directeur de la FED est prise : le taux d’intérêt des banques sera de 1 % environ afin de relancer la consommation des ménages.
Couplé à cela vient la légalisation d’une technique financière dite de la titrisation. Grosso modo, ce terme barbare signifie que les institutions bancaires et financières vont pouvoir atomiser des titres de créances que les ménages leur doivent pour « recoller » les morceaux de plusieurs titres de créances afin de créer un titre financier circulant sur le marché financier. En principe, cela se veut sécurisant, car le risque de chaque titre de créance est atomisé dans un titre financier.

Jusque là, pas de quoi en faire un foin. Si ce n’est qu’une minorité de personnes va commencer à en faire n’importe quoi. D’abord, il faut savoir que les titres financiers émis sur les marchés financiers voient leur risque estimé par les agences de notation (le Grand Satan du triple A). Manque de pot, une fuite entre institutions bancaires et agence de notation se produit à l’époque (qui en est à l’origine ? difficile de trouver le responsable) et met à la disposition des institutions bancaires la grille de notation des agences. C’est comme si on donnait à un élève la correction d’un examen : les institutions font en sorte de respecter les indicateurs des agences pour voir leurs titres financiers appréciés à une valeur risque faible.
Sauf que dans le même temps, les taux d’intérêt très bas des banques ont permis à des ménages pauvres de s’endetter à faible coût sur l’achat de leur maison. Les ménages étant pauvres, le titre de créance détenu par la banque devrait avoir un risque élevé de non-recouvrement. Mais par le biais de la titrisation ces titres de créance sont atomisés (et donc virtuellement impossibles à tracer) et gratifiés d’une appréciation de risque faible, car entrant dans les critères des agences de notation : la dichotomie entre la sphère réelle (le très fort risque des titres de créances) et la sphère financière (le faible risque des titres financiers) commence à apparaître. Danger ! Mais les décisionnaires voyant que la situation est euphorique ne s’inquiète pas de cette dichotomie, la nature humaine étant ce qu’elle est, et plusieurs malins s’engraissent pendant un bon bout de temps.

Et ce n’est pas fini ! Par l’adoption de différentes mesures, il est maintenant possible de parier non plus sur le titre financier lui-même, mais sur l’assurance de ce titre. Et là, les institutions vont jouer un jeu extrêmement dangereux : elles parient déjà sur des titres qu’elles savent risqués qui sont considérés comme sûrs par les marchés ; elles vont se prémunir en pariant en même temps sur l’assurance de ces titres. En clair, soit le titre gagne de la valeur et elles s’enrichissent sur le titre ; soit le titre perd de sa valeur et elles s’enrichissent sur l’assurance. Le principe de valeur du risque est donc totalement détourné, amenant à une anomalie systémique : quelque soit l’issue, il semble qu’elles ne feront qu’en profiter !!

Et la bulle a fini par éclater, forcément. Avec l’augmentation des taux d’intérêt, les ménages pauvres à qui on avait prêté se sont retrouvés incapable de payer leurs dettes (pour ne rien arranger, les contrats étaient sur des taux variables et pas fixes). La créance de milliers de personnes est irrécouvrable, le titre de créance a une valeur nulle, le titre financier voit sa valeur chuter et sa sécurité virtuelle est dévoilée. La surévaluation des titres (subprimes) est mise au grand jour. Et les institutions bancaires en ont profité par le biais des assurances !

Et là, il convient de faire attention sur la place du capitalisme dans cette affaire dégueulasse : les économistes classiques et keynésiens s’accordent tous sur le fait que la spéculation sur des produits virtuels (titres de créance et assurances) au détriment des produits réels est extrêmement dangereuse et ses conséquences peuvent être irréversibles. Quel que soit le courant, la crise des subprimes a été une aberration des théories jusqu’ici développées, car ne s’intéressant pas à l’économie réelle et pérenne mais à un jeu de hasard sur lequel on aurait retiré tout le facteur risque (qui perd gagne). Le capitalisme n’est pas à remettre en cause ici, car il n’a pas été un facteur de la crise : les acteurs capitalistes ont joué leur rôle raisonnablement, et ils en ont pâti au même titre que les ménages. Les politiques de dérégulation des marchés financiers ont amené la finance à la folie ; les Etats (surtout américain, en l’espèce) sont donc à l’origine de la crise, alors que leur rôle est d’intervenir sur les marchés financiers (à un degré plus ou moins fort selon les courants de pensée). C’est un énorme paradoxe, une faille systémique qui remet en cause la finance mondiale, mais certainement pas le capitalisme comme beaucoup le clament.

Se pose aussi aujourd’hui le problème du rôle de l’Etat, qui a perdu de son caractère clairvoyant et impartial (les pontes administratives américaines du budget et de la finance étaient d’anciens banquiers), car dirigé par des Hommes, en fin de compte. Les classiques auraient donc eu raison en ne prônant pas un rôle interventionniste de l’Etat. Les keynésiens n’aurait pas tord en étant orienté sur un contrôle des marchés financiers. Mais comment concilier les deux ? Autorité supranationale ? Honnêteté et rationalité des acteurs ? La question est posée.


Crise de l’endettement, pas de sous mais des dépenses

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La crise des subprimes a pris forme aux Etats-Unis et c’est là-bas que les conséquences ont été les plus importantes sur les ménages, la crise a eu des répercussions mondiales puisque les institutions financières internationales ont participé massivement à l’échange de titres financiers « sclérosés ».

De fait, est arrivé le moment où les institutions financières se sont retrouvées avec des titres ne valant plus rien, achetés une fortune. Ce qui avait permis à certaines de s’en sortir avec des billets pleins les poches n’a évidemment pas été appliqué par toutes, puisque les titres étaient censés être « sûrs ». Beaucoup d’établissements financiers ont perdu dans l’histoire, il ne faut pas toutes les blâmer parce qu’une trentaine de zigotos (au grand maximum) ont réussi à contourner tout le système.
Or, cette crise touchant les banques du monde entier, les Etats ont craint pour la consommation des ménages et la croissance. Les réactions ne se sont pas fait attendre.

En France, la politique de la relance, comme son nom l’indique, a utilisé les bons principes des taux d’intérêts de Keynes. En fait, elle s’est traduit à un niveau un peu plus élevé : l’Union Européenne (UE). La création d’euro est en effet contrôlée par la Banque Centrale Européenne (BCE), qui a pour prérogative de maitriser l’inflation. La BCE est la banque des banques, autrement dit elle fonctionne un peu comme lorsque monsieur tout-le-monde va voir son banquier, sauf que là c’est le banquier (schématisons) qui va voir la BCE. Elle contrôle donc la masse monétaire en circulation et les taux d’intérêts des banques, lesquels se répercutent sur les prêts aux individus. En tant que banque des banques, elle leur permet aussi de rémunérer leurs liquidités sur des comptes (le livret A des banques, mais un peu plus gros).
La réaction des Etats membres après la crise des subprimes a été de relancer la consommation des ménages par une politique de « stop and go » vu plus haut. Sauf que d’un, nous avons aussi vu que plus le temps passait, plus ces politiques se révélaient inefficaces. De deux, la BCE a commis une erreur grossière : elle a prêté aux banques européennes à des taux préférentiels, lesquelles se sont empressées 1/ de recapitaliser leurs fonds propres qui avaient été amoindris par les pertes sur les titres financiers « sclérosés » 2/ de mettre le reste des liquidités qu’elles venaient de recevoir… dans leur compte rémunérateur à la BCE ! La situation est loufoque ; la BCE a prêté de l’argent aux banques à des taux préférentiels, argent qu’elle rémunère sur ses comptes. Ce n’est certes pas du tout juste, mais les banques peuvent se faire payer des intérêts sans passer par le prêt aux individus, lesquels elles ne seraient pas sûres de recouvrer (c’est la crise ma bonne dame). Les banques ont donc des tonnes de liquidités qui attendent sagement dans les comptes de la BCE et qui n’ont pas été distribuées aux agents économiques. La peur actuelle de beaucoup d’économistes, c’est de voir les banques ouvrir toutes ensembles les vannes et de déverser toutes ces liquidités dans l’économie comme le prônent les dirigeants de l’UE. La masse monétaire deviendrait incontrôlable et on atteindrait certainement en très peu de temps une hyperinflation, comme en Allemagne au lendemain de la crise de 1929 ou en Argentine à la fin des années 1990, où il y a tellement d’argent en circulation qu’il ne vaut plus rien, une monnaie de singe remplacée par le troc (en 1930, il paraît qu’on pouvait voir des SDF en Allemagne faire des feux avec des montagnes de billets).
On reste encore une fois dans la sphère financière et monétaire. L’économie en pâtit au final, mais là encore rien à voir avec le système capitaliste.

La politique de relance n’a pas eu l’effet escompté, quand bien même les théoriciens économistes doutent qu’elle aurait fonctionné. Le problème, c’est que dans le même temps, la politique d’un pays comme la France (il y en a d’autres) a oublié une notion très importante chez les économistes classiques et keynésiens : l’investissement (sur le long terme et structurel). L’investissement doit en principe assurer sur les années à venir une croissance durable et non-artificielle, la « vraie et seule » croissance qui permet à une zone géographique d’être pérenne, par le biais de la recherche et du développement (Schumpeter), l’éducation, les grands travaux, etc. Cette part de la croissance a été négligée.
Or, les Etats sont depuis très longtemps endettés les uns envers les autres, et les politiques de relance suites à la crise des subprimes n’ont rien arrangé à cet endettement. Mais la croissance dans beaucoup de pays riches est à un point mort et nécessiterait de lourds investissements pour rembourser la dette, lesquels ont besoin d’être financés par la dette. Le casse-tête devient sacrément périlleux, et les économistes classiques et keynésiens se battent actuellement sur la manière de s’y prendre : l’austérité ou la dépense. Il n’existe sans doute pas de solution miracle, et encore moins de solution universelle dans la mesure où les contraintes structurelles et les cultures varient entre chaque pays.
A un niveau théorique, voilà où nous en sommes rendus à l’heure actuel. A un niveau pratique, il faut prendre en considération des données aussi complexes que les politiques sociales, fiscales, budgétaires, etc. pour espérer se sortir de la situation.

Une chose est sûre, il faut prendre des décisions et elles ne seront pas faciles à accepter.


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 Sujet du message: Re: Le capitalisme - ce dragon à occire
MessagePosté: Mer 15 Fév 2012 06:29 
Ô-Totoro
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Vous n’êtes pas censés être des économistes de haut vol (moi non plus), donc ici va être créé une petite liste des termes techniques et des lois économiques, histoire de vous y retrouver plus facilement dans la tartine écrite plus haut. N’hésitez pas à poser des questions, des éclaircissements, des précisions ou à rajouter des éléments, je me ferai une joie de compléter ce post.

Lexique

Capital :
« ensemble de ressources hétérogènes et reproductibles dont l'emploi permet, par un détour de production d'accroitre la productivité du travail humain ». (définition d’Irving Fisher)

Inflation :
« perte du pouvoir d'achat de la monnaie matérialisée par une augmentation générale et durable des prix ». (définition de l’INSEE)

Marché :
lieu où se rencontrent l’offre et la demande. Peut être un marché de biens, de service, de monnaie, du travail, etc.

Titre de créance :
Bon qui formalise l’existence d’une créance que quelqu’un vous doit. Potentiellement une entrée d’argent future pour celui qui la détient (il existe le risque d’insolvabilité de la personne).

Lois, principes, théories économiques

Classiques

La loi de l’offre et la demande :
sur un marché donné, le prix d’un bien agit opposément sur son offre et sa demande. Lorsque le prix d’un bien augmente, les producteurs sont tentés de le produire en quantité (il est plus cher, il rapportera plus) alors que les acheteurs sont incités à ne pas l’acquérir (il est plus cher, il coûtera plus). Lorsque le prix d’un bien diminue, les acheteurs sont incités à l’acquérir (il est moins cher, il coûtera moins) alors que les productions sont tentés de ne plus le produire (il est moins cher, il rapportera moins).

La main invisible d’Adam Smith :
force mécanique qui, sans aucune intervention extérieure au marché, établira un équilibre entre l’offre et la demande. Lorsque le prix d’un bien augmente, les producteurs qui ne parviendront pas à écouler leurs stocks (les acheteurs n’en veulent pas car trop cher) diminueront leur prix jusqu’à ce que les acheteurs l’acquièrent. Lorsque le prix d’un bien diminue, les acheteurs seront trop nombreux à vouloir le bien, les producteurs remonteront leurs prix (ils peuvent faire payer plus cher car tout le monde en veut) jusqu’à ce qu’ils puissent écouler leurs stocks sans craindre de pénurie.

La théorie des avantages absolus et relatifs de David Ricardo :

chaque pays a pour intérêt à se spécialiser dans la fabrication d’un produit en particulier, pour devenir plus performant (plus on produit un bien, plus on sait le fabriquer et plus efficacement on le produira).

L’intérêt personnel contribue au bien collectif d’Adam Smith :

les individus ont tout intérêt à produire bien car cela donnera envie aux consommateurs d’acheter leurs produits. C’est donc d’abord en recherchant leur intérêt (faire vendre des produits à une clientèle fidèle et nombreuse afin d’assurer la pérennité de son entreprise) que les capitalistes contribue à la société (les consommateurs sont heureux d’acheter des produits de qualité).

La concurrence pure et parfaite :
idéal d’environnement économique qui permettrait l’efficience des marchés. Nécessite cinq facteurs :
1/ l’atomicité des acteurs : producteurs et acheteurs doivent être une multitude sur le marché et aucun ne doit avoir une force commerciale supérieure aux autres (il pourrait à lui seul déséquilibrer le marché) ;
2/ l’homogénéité des produits : les biens échangés sur le marché sont interchangeables (aucun ne se distingue et ne peut donc potentiellement déséquilibrer le marché) ;
3/ la transparence de l’information : tous les individus ont une perception totale du marché, de sorte qu’ils peuvent prendre des décisions de manière rationnelle ;
4/ la libre entrée et sortie sur le marché : aucune barrière ne doit décourager un individu à entrer ou sortir du marché, de sorte que chacun puisse choisir d’être ou pas sur le marché ;
5/ la libre circulation des facteurs de production : aucune douane, aucune barrière tarifaire ou physique ne doit entraver la mobilité des facteurs de production, afin que les entreprises puissent se placer à l’endroit adéquat pour la production et la consommation de leurs produits à un instant t.
La concurrence pure et parfaite n’est qu’une théorie qui permet de guider et de comprendre les différents marchés. Elle n’a jamais été vérifiée en pratique et est admise depuis longtemps comme une chimère par les économistes.

La dichotomie entre valeur d’usage et satisfaction de Léon Walras :
résout le paradoxe du diamant et de l’eau. Si cette dernière est vitale, son prix est moindre que celui du diamant qui a principalement un intérêt décoratif. La vitalité d’un produit n’est donc pas une condition de fixation de son prix. La rareté et la satisfaction que procure un produit sont des conditions de fixation du prix (dans le désert aride, un verre d’eau se paiera plus cher que proche d’une rivière).

La destruction créatrice de Joseph Schumpeter :
si toute découverte scientifique fondamentale détruit par le biais de son utilisation économique des emplois, à terme il se créera plus d’emplois qu’il n’en a été détruit. Schumpeter trouve deux raisons à cela. D’une part, une innovation fonctionnera par grappe évolutive (une innovation en entrainera une autre qui en entrainera une autre, etc.) qui touchera tellement de domaines que la création d’emploi sera assurée. D’autre part, l’innovation augmentera les rendements d’une entreprise, le niveau de vie de ses salariés et de tous les acteurs l’environnant. De fait, tous ces individus vont se mettre à consommer plus sur tous les domaines. L’industrie du service, la plus importante aujourd’hui dans les pays industrialisée, s’est développée grâce aux innovations dont elle a été le bénéficiaire par ricochet (elle n’est pas liée à la recherche scientifique, mais est impactée par elle).

La loi des débouchés de Jean-Baptiste Say :
« toute offre crée sa propre demande ». Selon Say, ce n’est pas le consommateur qui va dicter ses choix aux producteurs, mais le producteur qui impose ses produits au consommateur. La croissance ne peut être obtenue que par la stimulation de la production.


Keynésiens

La critique de la loi des débouchés de John Maynard Keynes :
« l’offre doit anticiper la demande ». Selon Keynes, le consommateur est assez influent pour dicter ses choix aux producteurs. La croissance s’obtient par la stimulation de la consommation.


Conclusion : trop long, pas le temps de lire, « où tu veux en venir avec ton sujet ? »

La présentation que j’ai faite ici est surtout à destination des gens qui n’ont jamais approché véritablement les concepts économiques et qui voudrait avoir une idée de ce que cela peut recouper. Dites-vous que beaucoup de problématiques comme la régionalité, le développement durable ou la protection sociale n’ont pas été abordées ici et entrent bien évidemment dans le débat.

Le sujet est créé pour parler d’actualité économique, et la présentation était pour élever le débat au dessus de « la gauche c’est des incapables, il y a que la droite qui sait y faire » ou « la droite c’est des connards égoïstes, la gauche elle va sauver le petit peuple » (car si vous avez un peu suivi, hormis les extrêmes, en France on est keynésien ou keynésien, il n’y a que la couleur de la peau des couilles qui change). On est entre gens intelligents et on aura des discussions mouvementées mais intéressantes, je l’espère.
Je n’ai malheureusement pas d’accroche pour commencer un débat, mais vous devriez vous en sortir comme des grands vu que l’actualité en regorge et que les élections qui approchent ravivent ce genre de débats (quand les media ne relayent pas les histoires people de machin et machine se sont engueulés, bien sûr).

A vous la parole, en croisant les doigts pour que la taille du pavé ne vous ait pas dissuadé !

Crédits

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Remerciement à Portgas, ce grand monétariste, qui a relu, commenté, agrémenté et rajouté quelques précisions.

Ont servi de fond sonore lors de la rédaction de ce sujet :
Transformers 3: Dark of the Moon, en DVD
The Girl with the Dragon Tattoo soundtrack, en CD
Wish you were here, en CD
Phantom of the Paradise soundtrack, en CD
Si t’en reveux, y en re n’a, en CD

Ont servi comme documentation théorique (et sont faciles d’accès si vous voulez les essayer) :
L’économie expliquée à ma fille, d’André Fourçan, en livre
Nouvelles théoriques économiques, de Marc Montoussé, en livre
Inside Job, de Charles Ferguson, en DVD
Wall Street II : Money never sleeps, en DVD (le film est nul mais il est assez juste économiquement parlant)
Les Echos, çà et là
Le Bilan du Monde 2011


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 Sujet du message: Re: Le capitalisme - ce dragon à occire
MessagePosté: Mer 15 Fév 2012 10:49 
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Voilà un topic qu'il est bien!
Un sujet qui parle de mes études, c'est plaisant. Concernant le sujet en lui même, il est bon et bien dense. Un peu trop peut être. Surtout pour ceux qui connaissent mal l'économie et son fonctionnement. En même temps, comment résumer quelque chose d'aussi vaste, composée de nombreuses sciences et qui est si intimement lié à nos vies, et celles de nos ancêtres.
Mias y a un truc qui m'a choqué dans le sujet, et je ne pense pas être le seul:

Citation:
Alternative au courant classique, les « keynésiens » (1929)


J'ai envie de crier WHAT THE FUCK???!!!
Si il y a bien sûr la crise de 1929 qui est une crise fondamentale de l'économie mondiale dont les tenants et les aboutissements pourraient remplir des livres, ce qui me choque, c'est d'associer 1929 au Keynésianisme. Keynes est connu pour son livre The General Theory of Employment, Interest and Money. Une des oeuvres majeures de l'économie, et il l'a publié en 1936. Pour tout économiste, la pensée keynésienne apparait en 1936.

Le paragraphe sur la courbe de Phillips, c'est sympa, mais parler de ça sans définir ce qu'est la courbe de Phillips, ça complique la compréhension je pense pour les non-initiés. En fait toute la partie sur les nouveaux keynesiens et les nouveaux classiques me parait un peu vide sans parler de Milton Friedman, fondateur des monétaristes. Alors oui, rapidement, tu justifies la non validité de la courbe de Phillips avec ses travaux. Mais encore une fois, ça me parait un peu obscure. Et puis Friedman est l'antagoniste de Keynes, je trouve ça un peu domage d e passer à côté.
J'aurais aimé aussi voir un developpement plus poussé de la pensée de Robert Lucas. L'importance de la vision temporelle de l'économie qu'apportent les nouveaux classiques par rapport au court terme keynesien (mis à part les travaux d'Harrod-Domar) avec la notion des différents types d'anticipations auraient pu apporter je pense ton explication.

Concernant la crise des subprimes, bien qu'issue comme tu le dis (en fait je reformule la pensée que je trouve partir un peu dans tous les sens) de la spéculation à outrance, elle tient à des produits dangereux (prêts, obligations, fonds de pension...). La titrisation à outrance qui signifie que des financiers se sont amusés à regrouper des produits plus ou moins risqués sous un même titre. Dans ce derniers on va y retrouver le prêt accordé à la famille pour sa maison, des fonds de retraite... Et dans le lot, certains produits sont "pourris", il y a défaut de paiement. Du coup, les instituts financiers se retrouvent avec des titres qui n'ont plus de valeurs car personne ne peut payer ce qu'il y a dedans. Et c'est de là que sont parties les faillites. Les banques ont acheté des titres dont elles ne savaient absolument pas de quoi ils étaient composés.

Voilà voilà, c'est un sujet bien complexe, et que tu as bien réussi à avancer. Même si je te trouve parfois un peu à partir dans tous les sens. Du coup pas toujours simple de suivre.

Bien, je pense venir prochainement parler ici de l'actualité économique, principalement de la crise structurelle de l'Union Européenne!

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 Sujet du message: Re: Le capitalisme - ce dragon à occire
MessagePosté: Mer 15 Fév 2012 18:35 
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Mouais, on peut tout de même assimiler le New Deal de Roosevelt avec les principes de Keynes, notamment et surtout la régulation du marché. Je parle ici du premier New Deal de 1933, John Maynard ayant pleinement participé au second, après le prestige qu'il acquit à la sortie de sa Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie. Mais Keynes était déjà célèbre pour ces théories économiques et sa pensée sur le monde politique. En fait, on peut dire qu'il prend réellement de l'importance avec son commentaire du traité de Versailles.
Mais il est vrai que Keynes est vraiment devenu une référence et un modèle après 1936, et continue à l'être aujourd'hui. (DSK par exemple est clairement keynésien).

Pour Marx, par contre, je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi. Il n'est pas totalement en opposition avec les théories classique, puisqu'il reprend notamment tout le travail de Ricardo sur les classes. Et si Marx était en désaccord avec le paternalisme, c'est parce qu'il dérange les résultats des élections. On se souvient notamment des Schneider au Creusot, où le directeur des usines se fit élire maire une bonne demi-douzaine de fois, les ouvriers n'osant pas voter contre le bienfaiteur. Marx craignait donc l'arrivée de nouveaux dictateurs, qui prendraient le pouvoir calmement en se faisant aimer par le peuple, avant de révéler leurs véritables intentions.
Le dictateur que Marx craignait alors, c'est le cas Napoléon III, a qui il dédia plusieurs de ses études, à lui et à son coup d'état.

Sinon, très bonne idée de topic, je suis désolé de pas pouvoir faire plus construit pour l'instant. Je repasserai un peu plus tard si j'ai la foi pour présenter J.Schumpeter ou un peu de sociologie. (Durkheim)

Sinon, VIDEO BONUS!! Pas énormément de notions, mais un regard humoristique porté sur la période dépressionaire et le culte voué alors à John Maynard.

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 Sujet du message: Re: Le capitalisme - ce dragon à occire
MessagePosté: Mar 21 Fév 2012 20:18 
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J'ai aussi oublié d'évoquer la deuxième peur de Keynes dans l'injection de sousous dans l'économie, à savoir que l'on raisonne en économie ouverte et que les billeftons puissent se faire la malle à l'étranger. Parce que c'est bien beau de dire "Achetez français !", mais quand on donne un peu plus d'argent au quidam français, il est pas fou, il prend de la qualité (et donc le fric qui a été injecté dans l'économie française pour la relancer profite... aux autres économies).

Bah, je n'avais pas pour prétention de tout balayer avec une exactitude scolaire pour cette présentation. Je ferai une MàJ un jour où je n'aurai pas la flemme. Je tease : le dilemme du prisonnier (oui oui, on parle bien d'économie).


Bon, allez, je me lance dans l'actu :

Rapide brossage à contrepoil de la taxe sur les transactions financières
Parce que c'est une belle intention de vouloir mettre en place une taxe sur les transactions financières dans une économie ouverte et mondiale, mais ça ne fera qu'ostraciser la France. Donc : soit on oublie l'idée, soit on la fait tous ensemble (pas sûr que la Corée du Nord ou les Zeta-Zunis soient pour, malheureusement)

Bon, on fait semblant de les aider et on perd un peu de sous à chaque fois ou bien on les lâche enfin ?
Là, il faut se poser la question : est-on une "Union", européenne de surcroît, ou bien on les met plus bas que terre après leur avoir fourni des billeftons à gogo qu'ils ont dépensé n'importe comment ("comment, une économie à 50 % non-marchande ? Des retraites plus élevées que le dernier salaire perçu ? Du travail au noir en veux-tu en voilà ? Z'êtes dur avec les grecs, mon bon monsieur") (ça pose aussi la question de savoir si l'UE était vraiment top cool sympa lorsqu'elle admettait en son sein des pays qui ne remplissaient pas les critères, comme nos profs nous l'apprenait au collège, ou bien si ces critères n'avaient pas été pensés).


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 Sujet du message: Re: Le capitalisme - ce dragon à occire
MessagePosté: Mer 22 Fév 2012 07:41 
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Merci Leto pour ce topic, c'est très intéressant de pouvoir parler du monde de la finance sur ce forum, spécialement quand des candidats à l'élection présidentielle 2012 en ont fait leur ennemi. Quand François Hollande parle de vouloir supprimer les produits toxiques, c'est-à-dire issus de la spéculation, ce n'est bien entendu pas innocent et sûrement pas gratuit. Il faut voir après comment il veut s'y prendre (ne jugeons pas de ses déclarations au Guardian).

Sur la crise des subprimes, j'aimerai ajouter quelques éléments pour expliciter cette situation, au final, un peu ridicule. La finance est certainement très compliquée pour le commun des mortels, mais quand on y réfléchit, je crois qu'on est réellement en droit de se dire qu'une poignée de vautours, cherchant à faire un maximum de profits, se foutent complètement de la merde qu'ils peuvent faire à l'échelle mondiale. Le terme de "subprime" dérive directement du terme "prime", qui signifie en gros un prêt d'une banque pour un ménage fiable. Suite à 2001 effectivement, la FED, dans l'espoir de relancer l'économie, a décidé du taux préférentiel d'1%. Les banques ont directement vu ça comme une opportunité immense de s'enrichir puisque emprunter à un taux si ridiculement bas voulait automatiquement dire pour eux la possibilité d'utiliser à outrance ce qu'on appelle l'effet de levier. En un sens, les banques empruntent bien plus que l'argent qu'elles détiennent vraiment afin de le réinvestir et ainsi faire des profits importants.

Maintenant, ce qui s'est passé, c'est que tant que les banques se contentaient des "primes", donc des prêts à des familles fiables (pour qu'elles achètent des maisons), leur tactique fonctionnait à merveille ; elles pouvaient revendre leur CDO (Collateralized Debt Obligation) à des spéculateurs ou des investisseurs afin de dégager un argent disons facile et intéressant. Mais l'homme étant ce qu'il est, et puisque tout le monde s'enrichissait par le biais des CDO d'une manière incroyablement "facile", chacun s'est dit que c'était trop bête de s'arrêter en si bon chemin. Conséquence : de fil en aiguille, on cherchait de plus en plus de ménages afin qu'ils empruntent et achètent des maisons. Ce que les banques se sont dits, c'est que puisque le bien immobilier n'a pas arrêté d'augmenter en prix presque depuis toujours, si les ménages étaient éventuellement en défaut de paiement, ce n'était pas bien grave : en récupérant leurs propriétés, elles pouvaient toujours y trouver leur compte. Les banques ont alors décidé de commencer à prêter aux particuliers moins fiables voire pas fiables du tout : les "subprimes" sont nés.

Evidemment, les répercussions n'ont pas tardé à poindre le bout de leur nez. S'il y avait un défaut de paiement au sein des subprimes, pas de souci, la banque récupérait la maison et la remettait en vente. Mais le problème, c'est que les subprimes ont infailliblement entrainé des défauts de paiement en chaine, ce qui a eu pour conséquence une explosion de l'offre immobilière, bien supérieure à la demande. Les prix ont donc logiquement chuté, les banques perdant ainsi des sommes d'argent folles. Effet de cascade oblige, les "primes", les familles fiables, bien que pouvant payer leur crédit, voyant leur bien dévalué, ont commencé à se demander pourquoi ils étaient en train de rembourser un prêt de, mettons, 500000 dollars quand leur maison ne valait plus que, disons, 100000 dollars. En quittant leur maison, les défauts de paiement se sont accumulés et les banques se sont retrouvé avec des colonies de maisons, mais qui ne valaient absolument plus rien. Par cause à effet, tout le monde a commencé à faire faillite, et on aboutit alors à la crise du crédit.

J'ai été très vite et sans doute peu clair, mais je voulais juste compléter le propos de Leto parce que je pense qu'il a déjà, en soi, bien expliquer la situation. Une autre précision cependant : quand on parle des agences de notation, il faut aussi savoir que celles-c! - ça a été prouvé - ont touché des primes monstrueuses pour attribuer à des CDO risqués une note AAA. Par conséquent, je pense qu'il n'est pas juste de dire que les traders et autres spéculateurs ont eux-mêmes été piégés. Il semble bien au contraire qu'ils étaient parfaitement conscients des risques qu'ils prenaient et du fait que tout ce qu'ils tradaient était "virtuel".

Pour ce que tu décris au niveau de la BCE, n'oublions pas aussi que - sans être anti-Européen - si cette situation a été possible, c'est en partie à cause du traité européen qui précise clairement que les Etats n'ont pas le droit de directement emprunter de l'argent à la banque centrale. Parce que les Etats sont obligés d'emprunter à des banques privées, celles-ci ont pu faire joujou avec la BCE. Et même si la France a sauvé des banques au début de la crise, il ne faudra sûrement pas compter sur elles pour lui rendre la pareille. Au passage, c'est également assez amusant d'entendre, par exemple Marine Le Pen, dire qu'il faut sortir de la zone euro pour régler tout ça...
La vraie solution serait de permettre aux Etats de contracter des emprunts auprès de la banque centrale, mais pour ça, faut d'abord réviser le traité. (Après, si le traité a été dans un premier temps mis en place, c'est qu'il y avait aussi des raisons.)

Sur la taxe sur les transactions financières, ça me fait un peu rire parce que même si ça part d'un bon sentiment, Sarkozy avait justement déclaré en 1999 face à Robert Hue que si la France était le seul pays à introniser cette taxe, ça ne mènerait nulle part. A présent, il dit qu'il faut montrer l'exemple.

Pour la Grèce, là encore, on peut un peu dénoncer les banques et les agences de notation. Elles passent pour des anges à prêter de l'argent à un Etat au bord du gouffre (mais à quel taux !) mais elles se gardent bien de nous dire qu'en définitive, elles ne font que s'enrichir sur le dos du peuple grec.
Pour mieux comprendre, il faut remonter en 1913 et la création simultanée de la FED ainsi que de l'impôt sur le revenu. Les types de la FED étaient décidément très intelligents. Dans la mesure où la banque était maintenant détachée de l'Etat, il est évident que pour s'enrichir sur les prêts contractés par celui-ci il fallait y associer des intérêts. Or, comment l'Etat pourrait-il payer des intérêts à la FED alors que son statut même n'est pas voué, à la différence d'une corporation, à dégager des profits ? En créant l'impôt sur le revenu, dont le but était louable (le financement des parcs nationaux, du militaire, des ponts, etc.), ils ont créé une sorte de transfert de richesse des citoyens vers la FED. Quand on regarde les taux conjugués des intérêts et de l'impôt sur le revenu, c'est assez troublant comme ça coïncide au fil du temps.
C'est exactement ce qui se passe avec la Grèce, pays qui contractent des prêts à des taux ahurissants, et qui impose une austérité infinie à son peuple pour financer ces mêmes emprunts. En soi, rien de plus qu'un transfert de richesse des citoyens vers les banques, entre autres.


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 Sujet du message: Re: Le capitalisme - ce dragon à occire
MessagePosté: Mer 22 Fév 2012 10:34 
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Chaque crise fonctionne de la même manière, en définitif : un produit nouveau apparait sur le marché (holding en 1929, titrisation de créances en 2008) et il est au départ accordé à des gens fiables. Voyant que cela marche du tonnerre et que ça rapporte, des petits malins se disent que, merde, ce serait con de ne faire profiter que les gens fiables et qu'ouvrir le champ des possibilités permettrait de s'en mettre un peu plus pour le yacht de fin d'année (je caricature pour maintenir votre intérêt sur un truc pas super sexy à la base). Et des gens fiables, on dérive peu à peu pour permettre à des gens de s'offrir des choses dont ils n'ont pas les moyens, et comme on est assez con (et que ça prend du temps de trier), on met tout le monde dans le même sac (monsieur Fiable et monsieur Pas Fiable).

Mon prof de finance nous a fait un cours sur la crise où il développait une autre raison pour l'emballement sur les "primes" et "subprimes" : en 1999, Martin Luther King III (fils d'un pasteur assez connu, apparemment), écrivait dans un éditorial (New York Times ou je sais plus quoi) que les noirs américains n'avaient pas le droit au rêve américain car ils ne pouvaient pas devenir propriétaire. Réaction immédiate du Ministre du Logement de Clinton (repris par Bush, de toute façon) : on va leur accorder les prêts qu'ils demandent. Accord avec les banques, toussa. D'abord les solvables, ceux qui avaient les moyens de se payer les maisons mais qui étaient effectivement mis sur la touche parce qu'ils étaient de couleur ébène 'achement prononcé ; puis, puisque ça marche, pourquoi ne pas en faire profiter ceux qui n'ont pas les moyens ? etc. etc. etc. L'enfer est donc pavé de bonnes intentions.
Ce qui m'amène à une conclusion à prendre au N+1ème degré, qui est là pour le lulz et qui ne saurait être prise au sérieux un seul instant (ça va, je me suis couvert, là) : "la crise des subprimes, c'est la faute des renois". Ahah. Ahah. Assez ri.

Je ne suis pas sûr qu'il faille non plus rejeter toute la faute sur les agences de notation (bon, tu pointes aussi du doigt les banques, ok), qui s'en mettent certes plein les poches (après tout, elles sont payer par les Etats pour les grader ou les dégrader), mais qui ont pour but à la base de noter les Etats et produits financiers afin de donner un ordre d'idée du risque encouru (le risque étant le principe socle de la Bourse et de l'investissement). Quand on découvre que la Grèce est bien pourrie, il est naturellement de leurs pouvoirs qu'elles abaissent sa note, avec des conséquences humaines désastreuses, oui, trois fois oui, mais elles ont fait leur travail (comme en France et d'autres pays).

Edit : C'est vrai que je vais un peu vite dans mes propos ;)


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 Sujet du message: Re: Le capitalisme - ce dragon à occire
MessagePosté: Mer 22 Fév 2012 13:48 
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Leto II a écrit:
Chaque crise fonctionne de la même manière, en définitif : un produit nouveau apparait sur le marché (holding en 1929, titrisation de créances en 2008) et il est au départ accordé à des gens fiables. Voyant que cela marche du tonnerre et que ça rapporte, des petits malins se disent que, merde, ce serait con de ne faire profiter que les gens fiables et qu'ouvrir le champ des possibilités permettrait de s'en mettre un peu plus pour le yacht de fin d'année (je caricature pour maintenir votre intérêt sur un truc pas super sexy à la base). Et des gens fiables, on dérive peu à peu pour permettre à des gens de s'offrir des choses dont ils n'ont pas les moyens, et comme on est assez con (et que ça prend du temps de trier), on met tout le monde dans le même sac (monsieur Fiable et monsieur Pas Fiable).


Je pense que sur ce point, tu te précipites. "Chaque crise fonctionne de la même manière", ca me parait être un peu trop agrégatif. Alors oui, en 1929 et en 2008 il y a eu un problème avec de nouveaux produits. Mais ce ne sont pas les seules déterminants de crises. Il y a bien entendu des determinants tels que la guerre(chocs pétroliers), la fin d'un système monétaire (Bretton-Wood), problème de la dette et du surinvestissement (crise asiatique 1997 et crise mondiale 2010)...
J'avais un prof en première année qui aimait dire qu'une crise c'est l'évolution d'un modèle vers un autre souvent conduit par une révolution technologique. Dernièrement la bulle internet qui a entrainné un maximum d'investissement dans de petites entreprises qui ont fini par perdre leur souffle sans toutes en trouver un second.

A mes yeux il y a un faux débat concernant les agences de notations. Quand on entend à longueur de journée des gens dire que c'est pas normal que des gens dans des bureaux puissent décider de l'emprunt des Etats. Ces institutions n'ont qu'un but indicatif, ce n'est pas elles qui choisissent la fixation des taux d'interêts. Ce n'est pas baisser la note de la Grece qui a fait directement augmenter les taux d'interets. Ce sont les banques qui choisissent de prêter leur argent de manière à ne pas en perdre. Et ça me parait logique, elles n'ont pas de rôle de sociale. Ce que la BCE pourrait avoir, le problème qui se pose c'est comme le dit EnOd, ce n'est pas son rôle. Et je suis assez opposé par principe à ce que Mario Draghi emette de l'argent pour aider les pays européens à solder leurs dettes. On a vu ce que ça a donné en 1929 avec les fameuses trappes à liquidité. La politique monétaire se doit d'être maniée à long terme et ne pas être réactionnaire.
Du coup, quelles solutions pour sortir de l'impasse dans laquelle on s'enfonce?
A priori, et de manière pûrement symbolique, les Etats devraient favoriser la création d'entreprises, axées (mais là ça se discute) sur des technologies de pointes. Nos pays ont l'avantage d'avoir une force de travail des plus éduquées, on va pas nous demander de devenir leader dans le textil...
Au niveau européen, il faudrait resserer les politiques décisionnelles des différents Etats. Un peu comme avec Airbus qui voit ses composant produits dans differents pays européens. Le problème de notre Europe trop grande, c'est qu'il est impossible de coordiner le tout. Quand on voit que la Hongri est entrain de redevenir un pays totalitaire, que les anglais se la jouent encore solo... Il faudrait pouvoir se positionner avec ce que j'ai envie d'appeller "la vieille Europe", composée du Benelux, l'Allemagne, l'Autriche, l'Italie, l'Espagne et la France afin de determiner une politique productive commune.
L'Union a grandit trop vite sans reposer sur un noyau vraiment solide de nations leaders. Il a été montré que la France et l'Allemagne sont les deux pays les plus proches du monde, les plus similaires. C'était au début des années 2000. Il est domage que Chirac n'ait pas à l'époque suivit les réformes de Shroder qui avait su orienter son pays sur de bons rails avec des réformes à l'époque contestées mais qui font aujourd'hui de nos amis outre-Rhin une puissance économique croissante. Si l'Europe devient capable de prendre les décisions qui s'imposent, ou tout du moins un noyau de pays, la crise pourra être évitable.
Mais la question est sans réponse. Comment accepter de perdre sa souveraineté nationale au profit du bien commun, quand le bien commun passe par des Etats avec lesquels on ne partage même pas la langue?

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 Sujet du message: Re: Le capitalisme - ce dragon à occire
MessagePosté: Mer 22 Fév 2012 22:12 
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Non mais je ne fais pas non plus des agences de notation un bouc-émissaire.

Après, il faut s'entendre aussi. Nier le rôle des agences de notation depuis la fin des années 80, ce ne serait pas honnête. OK, ces institutions n'ont qu'un but indicatif, et il incombe sans doute aux banques de faire également un peu attention à ne pas faire n'importe quoi. Cependant, si ces agences existent et subsistent, c'est que ce qu'elles font compte pour quelque chose, c'est qu'on leur fait généralement confiance dans leur notation et donc leur appréciation. Dans la crise des subprimes, c'est pas moi qui le dis, c'est connu que les agences de notation ont attribué des très bonnes notes à des opérations financières clairement risquées. D'accord, les subprimes ont rapidement été noyés dans le flux si bien qu'il était devenu extrêmement difficile de savoir qui les détenaient, etc. Mais il faut rester sérieux, les subprimes par définition signifient "risques". Il ne faut pas venir dire ensuite qu'ils ne l'ont pas fait exprès, surtout à la lumière des commissions que ces agences ont pu touchées. D'ailleurs, leur indépendance théorique est quand même assez souvent remise en cause.


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 Sujet du message: Re: Le capitalisme - ce dragon à occire
MessagePosté: Sam 17 Mar 2012 16:50 
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On en peut rien contre le capitalisme: je viens d'en avoir la confirmation!

Mon ainé a voulu prendre son sac-à-dos pour sortir se balader. Mais il ne voulait pas mettre dedans les jouets qu'on emportait. "Non non! C'est pour les pièces d'or". Il se trouve qu'on avait joué à ramasser des pièces et trésors à la campagnes lors de balades. Et que deux jours plus tôt, en allant à l'école, il avait ramasser une pièce. Mais l'idée n'était même pas là.

Chemin faisant il dit qu'il veut aller à la banque! Parce que le matin il avait reçu une lettre de la banque (ma mère lui a ouvert un livret A à son nom), et que du coup, il comptait bien y aller et bourrer son sac de pièces d'or!

Non, on ne peut rien contre le capitalisme...

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 Sujet du message: Re: Le capitalisme - ce dragon à occire
MessagePosté: Sam 17 Mar 2012 20:30 
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Ce qui me scie, c'est que le bambin a l'air d'être déjà un keynésien convaincu. Éviter la thésaurisation de son argent pour le mettre dans le système bancaire et le faire travailler, voilà qui est digne d'un John Maynard en puissance.

Vivement qu'il passe à sa phase néoclassique avec Arrow : regarder son papa lire One Piece et l'imiter.

PS : La tristitude, c'est quand tu fais des vannes d'économistes et que t'en rigoles.


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 Sujet du message: Re: Le capitalisme - ce dragon à occire
MessagePosté: Lun 19 Mar 2012 22:22 
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Pour compléter la précédente anecdote, quand je lui ai demandé ce qu'il comptait faire de tout cet argent, il m'a dit qu'il voulait le mettre dans sa tirelire superhéros, et la secouer, la secouer, la secouer!!....

Sinon:

Bash Lordon is back!

Spoiler: Montrer
Youpi!

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 Sujet du message: Re: Le capitalisme - ce dragon à occire
MessagePosté: Mar 20 Mar 2012 14:44 
Ô-Totoro
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Article intéressant, en effet, mais par moment il faut s'accrocher parce que Lordon te fait des paragraphes entiers dans lesquels il répète avec rhétorique prêcheuse de convaincus que la pensée libérale est faite de mythes et que c'est des conneries parce qu'il a tout compris lui, sans rien justifier (dans lesdits paragraphes, après il raccroche bien les wagons mais c'est indigeste).

Il conviendra aussi de distinguer, encore une fois, classiques et libéraux, même si les premiers sont rarement dans les discours et plus souvent dans les universités.
Et je ne suis pas non plus convaincu que toutes les PME françaises qui réussissent et créent de la valeur sont en Bourse, et qu'elles ne seraient pas les premières affectées si on commençait à s'attaquer "aux riches" (tout est question de dosage).

Spoiler: Montrer
Sinon, m'sieur Lordon, c'est bien beau de casser du sucre sur ces connards de droite qui ne paient pas assez d'impôts et dont le discours hypocrite alimente sans aucun doute un système à rebâtir, mais, sans vouloir être démago, la gauche caviar n'a-t-elle pas sa part d'hypocrisie rance ? On est d'accord, c'est un pavé de la mare que de vouloir modifier la taxation des députés/présidents de conseil régional/autre poste politique, m'enfin ce serait un bon début pour éviter de tomber dans le "Faites ce que je dis, mais surtout pas ce que je fais !!" (là où la droite dit et fait, mais je ne suis pas sûr que ce soit mieux).


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 Sujet du message: Re: Le capitalisme - ce dragon à occire
MessagePosté: Mar 20 Mar 2012 21:47 
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Je reprends ce sujet de volet !


> Par rapport aux agences de notation : elles n'ont pas toujours un but lucratif ! Il faut savoir qu'une agence de notation peut noter un produit, une dette d'entreprise, une dette d’État, un échange ... C'est seulement dans le cas étatique que l'agence n'est pas rémunérée, d'ailleurs si ces agences (qui ne sont pas au nombre de 3 d'ailleurs ! On en trouve une centaine, mais 3 d'entre elles concentrent 97 % du marché) évaluent les Etats c'est à la demande de ces derniers !

Les agences de notation dans l'absolu sont inutiles : si l'information est parfaite sur le marché, pourquoi faire intervenir un tel organisme ? Bon, évidemment c'est parce que l'info n'est ni pure, ni parfaite ... Mais dans le cas de la dette d'état, c'est comme tel . En effet il suffit que la presse communique sur la situation dramatique de la Grece pour savoir que prêter à ce pays c'est risqué, pas besoin d'attendre qu'une agence baisse la note pour demander des taux d’intérêt (contrepartie du risque) plus forts .
Je m'explique : ça fait feu de tout bois contre les agences de notation ici en France, expliquant qu'elles tuent les Grecs : c'est faux, elles ne font que relayer une information qui est vraie, à savoir que les comptes de l'Etat Grec sont pourris, que si vous êtes épargnant il ne faut pas prêter à la Grèce (à moins de ne pas vouloir être remboursé !) .

Pour le privé c'est une autre paire de manche puisque ce sont les entreprises privées qui payent les agence qui les notent ... C'te blague ! C'est aller à l'encontre des principes fondateurs de ces agences (indépendance de moyens et d'esprit), et cela explique sans doute pourquoi par hasard certains produits ont été "sur-notés" : on parle des subprimes, mais n'oubliez pas que 4 jours avant sa faillite, Enron avait la meilleure note dans les 3 grandes agences ...



> Il ne faut pas sortir de la logique de marché ! Oui, les banquiers font des grosses bêtises, entre autre le rationnement du crédit, ils maximisent leur profit sans pour autant égaliser Offre et Demande ...
On peut aussi critiquer la course au profit, même si celle ci est "naturelle" dans un modèle économique de concurrence ...
Mais enfin, n'oubliez pas que les banquiers font ce qu'ils font pour eux, mais aussi pour le marché, c'est à dire ... nous .
Ils cherchent des profits, des rendements plus élevés parce que le déposant veut que son dépôt rapporte un maximum, c'est aussi une condition !
Loin de moi l'idée de dédouaner de leur responsabilité les banquiers, mais je pense que le commun des mortels dans la société civile qui critique son banquier pour son avidité oublie que la solution miracle serait de réduire les profits (du moins leur course donc celle à des positions risquées), ce qui voudrait dire des taux d'intêrét des dépots bien moins importants ...
Pas sur que sachant cela les gens veuillent finalement sauver leur prochain ...



> J'y pense juste tiens ! Marx est difficile à situer dans l'histoire de la pensée d'économie politique parqu'il a fondé son mouvement . Néanmoins il ne se considérait pas comme Marxiste !
Il a d'ailleurs expliqué que économiquement parlant le capitalisme est le meilleur système car il permet les gains de production les plus forts .
Moralité je pense qu'il faut voir Marx comme un critique du capitalisme qui se la joue Nostradamus : il annonce comment va péricliter le système, ce vers quoi la société risque de pencher . Mais explique t'il que cela est souhaitable ? Rien n'est moins sur ! C'est une prévision, pas une théorie .


> Je tease pour la suite : la crise économique en Europe (si tant est qu'on puisse harmoniser les situations) n'en est pas une ! (Edit : J'ai oublié de préciser : pure analyse personnelle !) .

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 Sujet du message: Re: Le capitalisme - ce dragon à occire
MessagePosté: Lun 16 Avr 2012 15:05 
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Leto II a écrit:
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Sinon, m'sieur Lordon, c'est bien beau de casser du sucre sur ces connards de droite qui ne paient pas assez d'impôts et dont le discours hypocrite alimente sans aucun doute un système à rebâtir, mais, sans vouloir être démago, la gauche caviar n'a-t-elle pas sa part d'hypocrisie rance ? On est d'accord, c'est un pavé de la mare que de vouloir modifier la taxation des députés/présidents de conseil régional/autre poste politique, m'enfin ce serait un bon début pour éviter de tomber dans le "Faites ce que je dis, mais surtout pas ce que je fais !!" (là où la droite dit et fait, mais je ne suis pas sûr que ce soit mieux).


Je rebondis très tardivement sur le sujet, mais parce qu'en recherchant le site de Lordon, je suis retombé, non pas sur la pompe à phynance, mais sur d'une part cet article de télérama dans lequel Lordon évoque la gauche de gauche, justement sur l'approche du cadre économique, ce qui répond à ton propos Leto, et d'autre part le site du bonhomme, que je connaissais pas encore, et qui -outre le fait d'être très beau - regorge de choses que je trouve excellentes, mais pas uniquement économiques pour le coup, sur l'art et l'économie, qui m'ont évoqué Walter Benjamin.

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