L'été est dévolu chez moi à des lectures littéraires moins "académiques". De la SF ou de la Fantasy pour le dire simplement. Si cette année il s'agit d'un rattrapage d'un grand classique je n'avais pas sérieusement lu ado, le cycle de Fondation d'Isaac Asimov, l'an dernier ce fut la série Spin de Robert Charles Wilson. Un petit mot sur chacune de ces deux sagas.
Spin, de Robert Charles WilsonSpin raconte l'histoire d'une sorte de fin du monde de prime abord incompréhensible. Un jour, le ciel de la Terre devient opaque, les étoiles ayant comme disparu. Les scientifiques découvrent bientôt qu'en fait la Terre s'est retrouvée entourée d'une membrane qui l'isole en partie du reste de l'univers. En effet, le temps su Terre s'écoule 100 millions de fois plus lentement qu'à l'extérieur de la membrane, appelée Spin. Il ne reste plus que quelques décennies de vie à l'humanité puisque le Soleil devient, à très court terme, menacé d'extinction.
Le récit est assuré par le héros, amis de deux personnages cruciaux dans la compréhension du phénomène et la mise en place de perspective pour sauver l'humanité. Ce récit alterne entre deux temporalité: l'une, quand le héros est adulte et doit faire face à diverses menaces pour préserver les découvertes dont il dépositaire, l'autre sous forme de souvenirs de Tyler, depuis son enfance.
Outre la dynamique proposée par ce montage, en soi classique, c'est la manière d'appréhender la SF qui m'a fasciné dans ce récit. Et surtout l'ouverture que cette histoire se permet malgré - ou grâce à - cette urgence de résoudre un problème sur quelques années, cette imminence de fin du monde. Ce fut une lecture assez prodigieuse. Le premier roman,
Spin, est suivi de deux autres, adoptant des modalités narratives différentes:
Axis et
Vortex.
La fiche wikipedia si vous voulez en savoir davantage. Non spoilante, sachant que les fiches en anglais sont bien plus détaillées.
Le cycle de Fondation, d'Isaac AsimovAu début de cet été, en feuilletant divers bouquins dans le rayon SF de mon libraire pour décider ce que j'embarquais avec moi, je me suis aperçu que si je savais de quoi parlait le cycle de Fondation, je n'étais pas certain de l'avoir vraiment lu. Parce que ma culture SF/Fantasy date du collège/lycée et qu'à cette époque, avec les amis que j'avais, nous nous échangions régulièrement nos bouquins. Les différents volumes de Fondations, comme divers tomes des Robots, m'étaient passés dans les mains mais je n'en gardais pas un souvenir net. J'ai donc acheté les tomes du cycle et m'y suis (re?)attaqué.
L'aspect narratif est vraiment excellent: cette chronique par nouvelles éparpillés dans le temps, entre lesquelles il faut recomposé l'évolution de la société, faire travailler son esprit autour de l'ellipse, changer son logiciel de pensée comme doit le faire la Fondation, c'est formidable. La manière d'envisager la décadence à un niveau interstellaire aussi, avec la question de la communication qui se délite, du décalage entre le centre du pouvoir et sa périphérie. C'est fort, même si par moment cela semble
too much. Toute la technologie atomique dont la conception est perdue, sans personne, parmi les milliards d'hommes dévolues à l'administration du Trantor, pour la compiler de manière à pouvoir la produire à nouveau, par exemple. Pas invraisemblable, mais un peu
too much. Mais c'est aussi parce que le développement actuel de notre technologie nous fait porter un regard particulier sur ce que pouvait imaginer Asimov en son temps.
La seule chose qui me rebute aujourd'hui vraiment, c'est la dimension téléologique de la psychohistoire de Harry Seldon. C'est évidemment le nerf du récit, et ça permet de jouer aussi sur la question de la Foi, mais quand même! Au fur et à mesure, ça devient moins pertinent à expliquer et à justifier. C'est la difficulté de poser dans le récit quelque chose de tellement anticipé qu'il échappe à notre entendement actuel. Quand on veut lui octroyer une forme précise dans le récit, c'est casse-gueule. Il faut juste accepter le parti-pris de départ, mais certaines résolutions apparaissent un peu, parfois, comme des facilités (autour du Général par exemple, pour moi).
En tout cas, avec ces deux lectures, on couvre l'histoire de la SF de ses fondements jusqu'à, je crois, l'une de ses plus récentes grandes réussites!