Heures au format UTC + 1 heure [ Heure d’été ]




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 3 messages ] 
Auteur Message
 Sujet du message: Guy Gavriel Kay ou la poésie des âges sombres
MessagePosté: Lun 30 Juin 2025 21:48 
1 Berry

Inscription: 05 Aoû 2024
Messages: 4
Guy Gavriel Kay ou la poésie des âges sombres

Image

Connaissez-vous cet auteur canadien ? Né en 1954, étudiant en philosophie et juriste, il a gagné depuis les années 80 plusieurs prix pour ses livres de fantasy. L’homme a commencé sa carrière en travaillant avec Christophe Tolkien sur le Silmarillion, et compte dans ses productions un recueil de poésie, ce qui pourrait vous laisser penser que ses ouvrages seraient épiques mais un poil abscons (les 100 pages sur les calendriers de la Comté au début du Seigneur des anneaux ça vous a plu ?).
Il n’en est rien : si le lore de ses livres est très travaillé avec une forte documentation sur les périodes historiques concernées, s’il est vrai qu’il y a une démarche poétique dans chaque œuvre et que chaque lecture apporte son lot de scènes clairement très fortes, le choix de situations réalistes et le positionnement de la narration à hauteur de ses personnages (narration à la troisième personne dans la tête de la dite personne), auxquels on peut s’identifier, rend le tout très accessible. Il faut dire qu’il a été aussi scénariste d’une série TV judiciaire (Scales of Justice), ça se sent dans les scènes d’action et sur le côté « page turner ».

Je l’ai découvert il y a longtemps par sa trilogie de Fionavar, mais c’est bien plus tard en lisant le reste de son œuvre qu’il est devenu mon auteur de référence : je sais à chaque livre ouvert que je vais rire, pleurer, ressortir époustouflé de ma lecture… et découvrir des périodes de l’histoire et des sujets dont je n’avais pas idée. Comme ces livres n'ont pas été (beaucoup) évoqués sur ce forum, je me permets de vous le présenter, c'est la moindre des choses après tout ce que j'ai pu découvrir ici, en espérant que ça vous donnera envie de lire l'un des romans !


Vous trouverez ci-dessous une présentation succincte de ses ouvrages, un commentaire sur les sujets récurrents qui les rendent si remarquables à mes yeux, et quelques sources.


La tapisserie de Fionavar

L’arbre de l’été - Le Feu vagabond - la Voie obscure (1984-1986)
Image

Cette trilogie a déjà été évoquée sur ce forum par Seii Tai Shogun en… 2006 ^^
viewtopic.php?f=18&t=3371&p=68043&hilit=fionavar#p68043
On est dans les années 80, l’inspiration tolkienesque est forte et légitime : des étudiants canadiens se retrouvent propulsés dans un monde parallèle pour aider les royaumes à lutter contre Saur… Volde… Rakoth Maugrim, banni sous une sombre montagne des millénaires avant et qui semble se réveiller, appelant à lui maintes créatures légendaires et hérauts maléfiques. Le décor « high fantasy » est bien planté, avec l’approche plus très originale aujourd’hui mais néanmoins sympathique d’intégrer différents clichés ou légendes classiques dans le déroulement de l’histoire : un héritier en exil, des elfes, un magicien blanc, un chien, un cor… le triangle amoureux Arthur – Guenièvre – Lancelot est notamment mis à l’honneur. Le tout est bien réalisé, on se tient à chaque chapitre au niveau de l’un des 5 étudiant(e)s, chacun va découvrir un autre pan de ce monde fantastique, se découvrir (ou pas) des pouvoirs et des liens avec les divinités et légendes qui le parcourent, être transformé et faire face à des choix forts, avec au bout souvent un sacrifice plus ou moins définitif. On est parfois dans la geste poétique, on revient toujours à terre grâce à ces terriens déportés qui questionnent leur libre arbitre de manière très concrète « mais qu’est-ce que je fais là ? je retourne à Toronto ou j’attrape une épée et je vais aider ces gens ? et si j’annonce cette prophétie, je vais envoyer ces gens se faire tuer non ? ».
La synthèse de tous ces éléments est bien exécutée, les inspirations peuvent sembler datées aujourd’hui mais l’écriture n’est pas lourde et rend le tout encore abordable aujourd’hui.

La trilogie n’a pas eu de suite à proprement parler, mais G G Kay a publié une nouvelle en 2007 qui s’intitule…

Ysabel

Image
On y renverse la situation : c’est un adolescent américain, en vacances dans le sud de la France de nos jours, qui est témoin, puis finalement acteur d’une affaire de cœur, de magie et de violence qui remonte aux âges antiques et qui s’immisce dans le quotidien de la ville locale. Le dépaysement est fort, le lien ténu mais bien fait avec Fionavar, sans voler la vedette à l’histoire principale. Il y a moins de souffle que la trilogie et l’ambiance est très différente, plutôt un bon petit roman pour les vacances d’été.


Maintenant oubliez les dragons et les gobelins, nous entrons dans la fantasy historique qui est devenu sa spécialité, en commençant par les œuvres qui en ont posé les jalons. Une recette de base : une bonne vieille carte de bouquin de fantasy, des pays qui ressemblent à ce qu'on connait (Europe, Asie) mais renommé différemment, une période de l'Histoire peu représentée dans la fiction, et des vies qui vont changer. Je vous présente ci-dessous les résumés Babelio et un commentaire perso.


Tigana (1990)

Image

Depuis ce jour fatal où son fils bien-aimé fut tué, Brandin d'Ygrath ne vit plus que pour sa vengeance. Il ne lui suffit pas que Tigane soit rayée de la carte, il faut aussi que tous les natifs de la cité meurent à leur tour. Qui peut contrer le tyran ? Alessan, le prince héritier, engagé dans la résistance sous le masque d'un ménestrel ? Dianora ? Originaire de Tigane, elle s'est juré de le tuer, mais elle a un désir profond de cet homme. Alberico, le sorcier, avec qui Brandin partage le pouvoir ? A la seule évocation de Tigane, des forces obscures s'affrontent.
Attention à l’addition des concepts : C’est une Italie pré-Renaissance, mais dirigée par des rois-sorciers ! L’un d’eux a jeté un sort sur les habitants de la défunte Tigane, ce nom a été rayé de leur mémoire ! La toile de fond est la vengeance, écrite comme un récit de braquage avec une partie recrutement d’une équipe cool, et une partie résolution. Entre les deux, on se rapproche du tyran… et on s’y attache…

A song for Arbonne


Image

Bien qu'ils soient voisins, les pays de l'Arbonne et du Gorhaut semblent aussi différents que le soleil l'est de l'astre de la nuit.
Au sud, les oliviers et les vignes de l'Arbonne s'épanouissent alors que les troubadours célèbrent l'amour courtois, la joie de vivre et la déesse Rian. Au nord, la terre sombre et austère du Gorhaut porte un peuple de farouches guerriers qui ne jurent que par l'épée et adorent Corannos, le dieu mâle.
Gouverné depuis peu par Adémar, roi cruel et mesquin, le Gorhaut est sur le point d'envahir l'Arbonne, affaibli par la lutte intestine de deux de ses principaux ducs, Bertran de Talair et Urté de Miraval, et gouverné par une femme, Cygne Barbentain.
Face à l'armée du Gorhaut soutenue par la colère de Corannos, les chances de l'Arbonne paraissent bien minces. Mais le pays de l'amour courtois est aussi celui de la magie et des passions : Béatrice, la prêtresse aveugle de Rian, son hibou blanc sur l'épaule, et Blaise, un mercenaire du nord venu se mettre au service de l'Arbonne afin de mieux contester l'autorité d'Adémar, pourront peut-être infléchir le cours de la guerre !


La Provence des cathares ! Un festival et ses ménestrels, des rivaux historiques, et un mercenaire qui est plus que ce qu’il veut faire croire. Dépaysement garanti, avec une approche très réaliste : on débarque dans les bottes d’un outsider qui a déjà roulé sa botte, on le suit en mode fps comme témoin puis acteur de la trame principale, avec la trajectoire de quelques autres personnages forts pour nous divertir.


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: Guy Gavriel Kay ou la poésie des âges sombres
MessagePosté: Lun 30 Juin 2025 21:54 
1 Berry

Inscription: 05 Aoû 2024
Messages: 4
Après ces deux livres, G. G. Kay écrit « Les lions d’Al-Rassan » puis « La mosaïque sarantine » en deux tomes, et crée à partir de là une base politique et géographique qui est ré-utilisée dans les œuvres suivantes. Quelques rares allusions d’un livre à l’autre créent aussi un effet de connivence fort entre l’auteur et les lecteurs qui auraient tout lu, sans polluer les autres !


Image

The Lions of Al-Rassan


Image

L’empire d’Al-Rassan a fait de ses conquérants asharites, venus des sables du désert, un peuple d’artistes et de savants ; l’assassinat du dernier calife a entraîné son éclatement en cités-États rivales. Seul peut-être le roi Almalik de Cartada saura lui rendre sa puissance et son unité, avec le soutien du légendaire Ammar ibn Khairan, poète, diplomate et soldat.
Car une autre menace pèse sur l’Al-Rassan, celle des royaumes jaddites du nord de la péninsule, divisés, certes, mais avides de reconquérir le pays dont ils s’estiment dépossédés. Rodrigo Belmonte est le plus prestigieux de leurs chefs de guerre.
C’est dans l’exquise cité de Ragosa que se rencontreront Ammar et Rodrigo, pour un temps exilés au service du même monarque. Entre eux, la figure exceptionnelle de Jehane bet Ishake, fille du peuple Kindath et brillant médecin.


C’est la fin de l’occupation arabe de la péninsule ibérique ! Les barbares du Nord reprennent lentement le dessus. Un poète et bretteur maure, un chevalier espagnol ressemblant au Cid et une guérisseuse juive (enfin je vous fais les sous-titres) vont se rencontrer par hasard, et tisser des liens forts alors même que leur situation et les courants en place les opposent. Dans les livres suivants, les personnages vont être plus proches du commun des mortels. Ici on a clairement des héros, pas spécialement purs mais franchement flamboyants, du genre à faire de la poésie en se battant et à faire plier les brutes d’un regard ! On frissonne pour chaque camp, on s’inquiète en suivant les remous de l’Histoire qui broient des innocents, et on apprécie les relations qui se créent. Comme souvent, l’accent est mis sur des moments importants pour les individus, alors même que les moments phares « officiels » sont parfois vite passés. Ils resteront dans les livres d’histoire.


The Sarantine Mosaïc


Image

Alors que sa femme et ses filles sont emportées par la peste, Crispin de Varèna survit. Il reçoit alors une demande émanant de l’Empereur Valérius II, de la cité dorée et précieuse : Sarance. Ce dernier fait appel à son talent en tant que mosaïste. Crispin s’en va traverser l’empire semé d’embuches et d’interrogations, accompagné d’un laissez-passer impérial et d’un oiseau mécanique à la langue bien pendue.


En deux tomes, peut-être le plus abouti des romans de G. G. Kay pour son contexte inattendu, son héros très particulier (artisan talentueux en deuil) mais que l’on se prend vite à apprécier. On découvre Byzance à son apogée, thème très rare en fiction, et la porosité entre les différents pays qui dépasse les clichés entre barbares et civilisés. La religion se pose en toile de fond, avec pour tout apport fantastique mais aussi un peu religieux une rencontre glaçante dans un bois lors du voyage, qui ne change rien à l’intrigue et pourtant laisse le héros et le lecteur marqués. Si vous aimez les courses de chevaux et rêvez d’une reconstitution de Gladiator, c’est pour vous, si vous aimez les voyages, ça marche aussi, si vous êtes plutôt sensible à l’art, pareil !

The last light of the sun


Image

Quelque part au nord, dans des contrées sauvages au climat extrême, trois civilisations sont parvenues à un tournant de leur histoire.
A bord de leurs vaisseaux-dragons, les Erlings mènent des raids sanguinaires contre les Anglcyns, contraints de s'allier avec leurs ennemis de toujours, les Cyngaëls, pour repousser les envahisseurs. Mais le vent du changement souffle sur ces terres hostiles où rien ne pousse. Thorkell le Rouge, Aëldred et Alun, les chefs de ces trois peuples que tout oppose, vont bientôt réaliser que leur survie dépend les uns des autres, tant leurs destins sont désormais étroitement liés. Malgré la présence bienveillante des fées de l'entremonde, est-on arrivé au dernier rayon du soleil ?


Pour les amateurs de raids vikings, un vieux guerrier costaud qui part pour sa dernière quête ! Pour les amateurs d’histoires de la frontière entre les pictes et les saxons à la limite de la geste arthurienne, y'en a ! Pour les amateurs de sorcellerie, vous aurez des vieilles femmes laides qui lancent des sorts, ou peut-être que ce n’est qu’un prétexte pour éviter la domination masculine et se faire une place dans la société… Le thème de la filiation est beaucoup abordé ici, ainsi que des questionnements sur la violence : et si on parlait avant de taper ? Les fées et quelques créatures sacrés plus grandes et plus terribles que nous ne feront qu’arbitrer les choix des uns et des autres.

Children of the stars - A brightness long ago - All the seas of the world


Image

Je voulais écrire un livre sur les territoires frontaliers en un temps d'affrontement de grande ampleur entre des empires et des religions, mais avec des personnages qui ne soient pas des figures politiques ou militaires dominantes du conflit. Ce seraient plutôt des hommes et des femmes s'efforçant de façonner, voire de contrôler, leur propre existence en traversant ce conflit ou en cheminant à ses marges.
Ces territoires, ce sont les Balkans de la fin du XVe siècle, vingt-trois ans après la chute de Sarance (Constantinople), le monde méditerranéen entre la République de Séresse (Venise) et Asharias (la désormais ottomane Istanbul). Il y a là Danica Gradek, fougueuse amazone de la cité pirate de Senjan ; Pero Villani, jeune artiste séressinien dépêché en Asharias pour y peindre le portrait du conquérant ; Marin Djivo, cadet d'une grande famille marchande de Dubrava ; Leonora Valeri, fille reniée de la noblesse-batiare en mission d'espionnage ; et celui qu'on nomme Damai, futur djanni dans l'infanterie d'élite du calife.
Cinq personnages parmi tant d'autres, en quête de leur destinée. Leurs parcours vont se croiser, s'entrelacer, saisis dans le grand mouvement de la politique, des rivalités économiques, de la guerre et du choc des religions. Entre le hasard des rencontres et la nécessité du courant tumultueux de l'histoire, les êtres humains n'en sont que plus poignants.



Ci-dessus le résumé de Children of the stars, qui introduit bien aussi les deux autres romans car ils se situent à la même époque à quelques décennies près, et on y retrouve les mêmes lieux et quelques protagonistes à différents âges. Le fait de finir « A brightness long ago » sur la scène du début du premier roman m’a soufflé, car les héros n’ont pas de lien direct mais l’enchaînement des scènes et des vies apporte une continuité à la fois très banale (il arrive des trucs à des gens et ils se croisent) et très épique quand on connait le détail de la vie de ces personnages.
Le contexte est encore assez original, on passe de Venise plein de complots aux cités pirates balkanes, des petits royaumes arabes aux cours raffinés à un empire truc conquérant énorme et brutal. Familles et destins y sont entrechoqués, avec une narration chorale plus prononcée que sur les livres précédents. Le tout comme à chaque fois n’est pas dénué d’humour !


Les chevaux célestes : Under heaven - River of stars


Image

On donne à un homme un coursier de Sardie pour le récompenser immensément. On lui en donne quatre ou cinq pour l'élever au-dessus de ses pairs, lui faire tutoyer l'élite - et lui valoir la jalousie, parfois mortelle, de ceux qui montent les chevaux des steppes. L'impératrice consort du Tagur venait de lui accorder deux cent cinquante chevaux célestes. À lui, Shen Tai, fils cadet du général Shen Gao, en reconnaissance de son courage, de sa dévotion et de l'honneur rendu aux morts de la bataille du Kuala Nor. On me tuera pour s'en emparer. On me réduira en charpie pour mettre la main sur ces chevaux avant même que j'aie regagné la capitale. » Deux cent cinquante sardiens, introduits par son entremise dans un empire qui éprouvait pour ces montures un désir insatiable, qui gravait à leur image des blocs de jade et d'ivoire, qui associait les mots de ses poètes au tonnerre de leurs sabots mythiques. Le monde vous offre parfois du poison dans une coupe incrustée de pierreries, ou alors des présents stupéfiants. Il n'est pas toujours facile de distinguer l'un de l'autre.

Cette fois on change du tout au tout, pour passer à la fin de l’ère Tang en Chine, puis à la dynastie des Song. On est dans le wu xia, avec quelques ninjas et du poète sabreur, mais tout en finesse et en réflexion sur nos choix et où ils nous mènent. J’ai une préférence pour « Under heaven », dont vous avez ici le résumé, où l’on suit un soldat humble et traumatisé qui se retrouve contraint de quitter sa solitude et ses fantômes pour faire face à un monde des vivants en pleine recomposition. « River of stars » met en avant un héros plus ambitieux dont on va suivre le parcours jusqu’à son apogée…et sa déchéance.


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: Guy Gavriel Kay ou la poésie des âges sombres
MessagePosté: Lun 30 Juin 2025 21:57 
1 Berry

Inscription: 05 Aoû 2024
Messages: 4
Dépaysement garanti avec ces livres qui se situent tous à des époques et des lieux peu communs dans la littérature, mais vous y trouverez un style distinct et quelques sujets très universels qui reviennent dans chaque roman :

Des motifs récurrents

- La fin d’une ère : vous l’aurez compris en lisant les résumés, que l’on soit à la fin de l’occupation arabe de la péninsule ibérique, ou au seuil de la chute d’un empire, ou encore à la veille d’une invasion, l’action se situe toujours proche, quoique souvent en marge, ou juste après ou juste avant, d’un grand bouleversement. Des choses changent, d’autres restent les mêmes, la perte et l’exil font partie de la vie et l’imminence d’un changement rappelle la fragilité de ce que l’on a. Avec l’actualité des dernières années ça peut aider à se retrouver dans les personnages...

- Le destin et notre capacité d’action : il y a beaucoup de mise en perspective sur les choix des personnages. Ils suivent le cours de leur vie, les jours s’enchainent, et parfois ils décident de suivre ou non quelqu’un, prennent une initiative à un moment donné, et tout change pour eux. C’est la vie, mais c’est très bien illustré. Parfois le récit lâche même les personnages principaux pour suivre la vie d’un personnage secondaire, qui par sa participation minime à l’histoire verra sa vie changer (ou s’arrêter…).

- La religion : dans les Lions d’Al-Rassan se dessine un équilibre des religions semblable à celui que nous connaissons sur le bassin méditerranéen : des adorateurs du Soleil au Nord, avec quelques courants historiques parallèles vu parfois comme déviants, des adorateurs des étoiles au Sud de la mer, et un peuple plus disséminé, faisant parfois office de bouc émissaire, qui vénère les lunes. Ca vous rappelle quelque chose ? Aucun parti pris, les religions font partie de la vie des protagonistes, ce sont des structures qui servent à vivre ensemble, qui servent aussi beaucoup les jeux de pouvoir et la politique, quelque fois la foi. Il y a de belles personnes croyantes, non croyantes, et le contraire aussi, mais le pas de côté avec notre monde réel fait drôlement réfléchir !

- La place des femmes : les femmes fortes ne manquent pas dans ces ouvrages, avec toujours une forte conscience de ce que l’époque et la société leur permet de faire, ou des conséquences lorsqu’elles décident de s’affranchir des contraintes qu’on impose à leur sexe. Il y aura des destins tragiques, des happy end, des quêtes qui se poursuivent.

- Le fantastique : y’en a ! Fionavar est clairement de l’heroic fantasy, l’intrigue de Tigane tourne autour de la magie, ensuite ça devient plus diffus, la magie n’intervient plus dans chaque livre que par petites touches : une rencontre improbable durant un voyage, un esprit qui rend un service, une connexion télépathique entre deux personnages qui va servir une fois dans le récit ! Parfois c’est merveilleux, parfois c’est terrifiant, parfois c’est juste un élément comme un autre. On prie bien les étoiles et le soleil…

- L’humour : c’est pas la franche rigolade, mais la narration à la troisième personne « à focalisation interne », donc qui explicite les pensées des personnages, permet de temps en temps des remarques bien senties et pas mal d’ironie qui apporte du recul sur les situations.


Faut-il lire G. G. Kay en anglais ?

Et bien on s’approche toujours forcément plus de l’intention de l’auteur en langue originale, surtout ici vu le pedigree tolkienesque de l’auteur et sa démarche poétique. Mais les traductions françaises sont bien faites, je n’ai lu que « Lions of Al Rassan » en anglais, peut-être que ça a joué dans mon classement personnel des favoris mais je n’ai pas trouvé les autres moins bien en comparaison. Testez en français, il y a tout à fait la place d’éprouver de grandes émotions !

Et après ?
Written on the dark sort le 27 mai 2025, il semble être dans la droite lignée des précédents mais se situera dans une France moyen-âgeuse.

Synopsis ici : https://www.penguinrandomhouse.com/books/783078/written-on-the-dark-by-guy-gavriel-kay/?fbclid=IwY2xjawISJABleHRuA2FlbQIxMQABHXvLBy5_b-PDZjZEMDOIkXdZESM4-_UKA_DRcehUFxpKJ1EN_KbQ34Ue2g_aem_wc92aKQgdC1dTOZSIA8njA

Sympa ta présentation, mais je voudrais aller plus loin !

Le site non-officiel-mais-officiel-quand-même de GG Kay, tenu par des fans et régulièrement adoubé par l’auteur, est ici : https://brightweavings.com/
Vous y trouverez notamment quelques articles parfois très fouillés, réalisés par des universitaires de différents pays, sur les liens entre les livres présentés ici et la religion, et divers mythes ou représentations historiques.

Pour les non-anglophones, Babelio fera bien le taf :
https://www.babelio.com/auteur/Guy-Gavriel-Kay/67816
Choisissez votre époque, et bonne lecture !


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 3 messages ] 

Heures au format UTC + 1 heure [ Heure d’été ]


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 6 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com