Chihayafuru - tome 50 (fin)Lancée en grande pompe en 2013,
Chihayafuru, qui a également été l'une des sensations de Japan Expo de la même année, se termine plus de dix ans plus tard dans une relative indifférence. Un pari perdu pour l'éditeur certes, mais une série brillante de bout en bout, qui a su capter la passion d'un sport improbable avec ses héros attachants, brûlant du feu de la jeunesse.
Dernière manche, dernier tour. Alors que Chihaya et Arata, au pied du mur, n’ont plus le droit à l’erreur, ils s’offrent un ultime tour fatidique. Étrange coup du sort, deux doublons identiques restent en jeu de chaque côté… Deux poèmes qui réveillent de vieux et intenses souvenirs. Entre le choix stratégique et le choix du cœur, Chihaya et Arata optent pour le même, celui qui évoque leur ami de toujours.
Le long affrontement pour les titres de Maître et de Queen, ainsi que le parcours de notre héroïne, touche ici à sa fin, dans un ultime tour qui scelle le destin des quatre joueurs de karuta. Sans dévoiler le résultat final, les histoires de chacun trouvent une conclusion satisfaisante, essentiellement dans la façon dont ils font face à leur victoire ou à leur défaite. Le ton reste dans l’ambiance bon enfant typique de la série, avec les promesses de revanche d’usage qui annoncent que rien n’est fini, bien au contraire : c’est le début d’une nouvelle génération de rivalités !
Rappelons que le titre, après un premier tome se déroulant lors de l’enfance des héros, les a suivis pendant les trois années de lycée lors des compétitions par équipe, avec la création et le développement du club de leur établissement, et des tournois individuels ayant pour horizon les titres suprêmes de Maître et de Queen. Un véritable récit sportif, rythmé par des tournois et des matchs intenses, et le prisme
nekketsu – le fameux sang bouillant des shônen manga d’action.
Publié au Japon chez Kôdansha de 2007 à 2022, et en France de 2013 à 2025, en 50 tomes,
Chihayafuru a connu un important succès au pays du Soleil Levant dans les années 2010, au point que sa popularité a boosté le karuta de compétition. En France, son lancement a suscité un certain engouement à l’époque, mais la longueur excessive du titre lui a sans doute fait perdre en chemin un certain nombre de lecteurs. Mais qu’on se rassure, ou non : une suite directe est d’ores et déjà en cours au Japon. Reste à voir si les éditions Pika la publieront.
À l’heure de la conclusion de cette longue épopée sportive, il est surtout important de célébrer le travail remarquable de
Yuki Suetsugu, qui a donné vie à un univers unique et à un large panel de personnages hauts en couleur et combattifs. De « Maigrichon » à Shinobu, la ténébreuse Queen fan du personnage désuet Mister Snow, en passant par Maître Sûo, fan absolu des réciteuses de plus de 50 ans, le manga n’a pas manqué de figures emblématiques et décalées. Sans oublier évidemment le trio de protagonistes qui a conquis le cœur des lecteurs. Une vraie réussite, qui a assuré l’attrait de
Chihayafuru sur la durée.
Un beau voyage que nous continuons de recommander aujourd’hui, en dépit du nombre important de volumes qui peut rebuter. Avec ce sujet typiquement japonais mêlant élégance, poésie et travail aussi bien mental que physique,
Chihayafuru nous a plongés dans un récit sportif et traditionnel, sublimé par le graphisme d’une mangaka inspirée. En un mot ou deux : un manga inoubliable.