Eugène D. Rastignac a écrit:
Berserk a écrit:
Frobenius a écrit:
Personnellement, je ne vois pas de population à sauver.
Le sort de la population de WCI n'est jamais apparu comme un enjeu, ce serait étrange que cela le devienne alors que l'arc approche de sa fin.
J'ai dû l'écrire au moins 3 ou 4 fois depuis le chapitre 872, je suis en plein pléonasme ^^
Oui: on se répète beaucoup. Et du coup je renchéris sur toi Eugène D. Rastignac car juste après je vais faire de même au sujet de Big Mam!
La population est apparue comme un enjeu dès l'arrivée des mugis sur Totland. Entre la découverte des homies, du prix à payer et la première crise de Big Mam, on a eu de quoi faire. D'autant qu'à l'époque, on avait un personnage relai "classique" pour accompagner les héros dans la découverte "politique" du lieu: Pudding. Après, on a eu une variation, comme souvent, mais la base est la même. Et franchement il n'y a pas grande différence entre le traitement de la population sur Totland et celui de la population de Skypeia (même si sur Skypeia il y avait les Shandias qui apportaient une variante très intéressante). Le traitement final offert sur Totland peut être différent, pour plein de raisons, mais qui tiennent à mon avis davantage du sort que réserve Oda à Big Mam dans la suite de l'histoire que des bases posées qui elles sont finalement très classiques. Je pense que ceux qui ne perçoivent pas cette dimension sont tout simplement "aliénés" à la présentation "officielle" qui a été faite de Totland, par des personnages, celle d'une utopie. Mais quand même, il me semble qu'on en est bien revenu...
Sinon, concernant le traitement des femmes dans cet arc, je suis un peu mitigé. D'une part, c'est évident qu'on a la confirmation qu'Oda n'est pas du tout à l'aise avec les personnages féminins et qu'il a du mal à sortir des modèles de princesses à sauver ou à leur accorder des fonctions de premier plan. Les personnages féminins restent bien passifs, et le plus souvent relégués au second plan, voire plus loin encore, se contentant de quelques fugaces apparitions. La plus grande partie des enfants filles de Big Mam sont là pour confirmer cela, entre Compote carrément invisible la plupart du temps, d'autres dont on ne peut même pas se rappeler et surtout Smoothie présentée comme badass, au même niveau que Katakuri, et dont le traitement, totalement passif et inutile, jure par le contraste ainsi créé.
Reste qu'on a eu, à côté de ça, certains personnages féminins pas mal fichus je trouve, ou qui du moins ont rempli de vrais fonctions côté opposants. Brûlée a essentiellement servi de running gag certes, mais c'est un vrai personnage, dans la lignée des Baggy ou des Caesar. Pudding a proposé une variante inattendue autour de la fiancée/princesse, même si au final tout ça ne tient pas vraiment la route et cède aux facilités.
Par ailleurs, il me semble difficile de demander des personnages féminins badass, de déplorer l'hyper-sexualisation des personnages féminins de premier plan et en même temps reprocher à Big Mam d'être ce qu'elle est, à savoir avant tout un despote immature. Moi, au final, j'aime bien Big Mam, et encore plus quand je la vois agir dans ce chapitre. Elle rentre parfaitement dans un des modèles les plus originaux et intéressants créés par Oda, à savoir
celui des personnages à "gueule". À ce titre-là, au niveau graphique déjà, on n'est pas dans la caricature du personnage féminin dans laquelle sombre trop souvent Oda. Et ça implique un traitement particulier qui est renforcé par l'importance du personnage. Big Mam, c'est un peu le pendant féminin de Moria ou de Barbe Noire, et déjà ça je trouve ça chouette.
En outre, je l'ai déjà dit, mais je ne suis pas hyper convaincu par la lecture d'une Big Mam hystérique. Alors on peut remonter à Charcot ou Freud, et l'évolution du traitement de l'hystérie à la fin du XIX, et à la naissance de la psychanalyse, pas de souci. Mais ça ne change pas le fait qu'aujourd'hui l'hystérie est considérée comme une névrose assez clairement identifiée et identifiable, et que Big Mam ne correspond pas vraiment tout à fait à cela (on pourrait, mais il faut entrer dans des champs de définition de l'hystérie assez poussés, ce qui éloigne de ce qu'on entend habituellement par hystérie). On est plutôt à mon sens dans une sorte de gros mélange bizarre entre trouble du comportement (alimentaire), trouble dissociatif, délire de toute puissance et surtout immaturité. C'est là qu'on a le trait le plus intéressant pour moi de Big Mam, notamment eu égard à l'autre grand modèle positif féminin chez Oda: la mère (réelle ou de substitution). Modèle qui n'est pas, encore une fois, en soi un signe de grande modernité chez Oda, mais après tout... Mais Big Mam, c'est donc la mère, dans sa pleine démesure (corps, nombre d'enfants et de maris), mais qui ne témoigne guère de l'instinct maternel et se comporte comme un enfant, obligeant ses enfants les plus âgés à la materner elle. Évidemment, ce n'est pas "badass", mais c'est moins lisse et classique qu'il n'y paraît et je trouve vraiment le personnage de Big Mam rafraichissant de ce point de vue.
On peut toujours espérer autre chose et même mieux, rêver d'un leader féminin puissant, réfléchi, et non sexualisé. Mais il y a peu de chances qu'on trouve ça dans One Piece et étant donné ce qu'on a eu en termes de personnages féminins sur Dressrosa ou sur l'île des hommes-poissons, je trouve qu'on est plutôt bien loti en fin de compte avec Totland en général et Big Mam en particulier.