Je ne suis sans doute pas le seul à l'avoir écouté, cet album...
Pura Vida Conspiracy. Je l'attendais depuis longtemps celui-là ! Après un
Super Taranta grandiose, j'ai rongé mon frein pendant quelques années sur un
Trans-Continental Hustle agréable mais inégal et moins inspiré. Que vaut alors ce nouvel opus ?
Je dirais qu'il se situe entre les deux précédents albums.
Il y a une chose que tout album de Gogol respecte (sauf en quelque rare exception) : la première chanson est épique (en quelque sorte) et donne le ton de l'album. Et c'est le cas ici.
We Rise Again est enjoué, moins gueulant qu'un
Ultimate mais tout aussi porteur de messages d'espoir. Le violon présent à tout instant et les "
Not enough ! Not enough !" arrivant sur la fin sont complètement caractéristiques du gypsy punk. Je la trouve quasi-parfaite en chanson d'intro.
La suite
Dig Deep Enough est un point fort de l'album et continue dans cette veine. Les choeurs portent le refrain, on a envie de chanter à fond, on se laisse emporter. Le message est du pur Gogol, et je la passe en boucle ! On enchaîne avec
Malandrino qui début sur une guitare acoustique et fait progressivement entrer en scène tout l'arsenal du groupe américain. Belle ballade qui s'accélère par la suite à la Radio Bemba, mais ce titre ne méritait pas d'être le "tube" de l'album à mon avis... Mais ça demeure très bon !
Les quatre pistes suivantes sont un poil moins charismatiques, je trouve.
Lost Innoncent World a un refrain entraînant mais vite lassant, et les couplets se ressentent vraiment comme des temps d'attente. Quant à
It Is The Way You Name Your Ship, on est face à une chanson d'inspiration pirate assez basique. Entraînante, bien sûr, mais banale quoi...
The Other Side Of Rainbow semble continuer dans la balade pirate, en un poil moins enjoué. Agréable, sans plus. Et avec Amen, je reconnais les inspirations de la seconde moitié de
Trans-Continental Hustle, qui regroupait toutes les chansons au demeurant peu inspirées de l’album de 2010.
Avec
I Just Realized, l’album reprend du poil de la bête, et assez ironiquement en choisissant la douceur. On a le droit à la fameuse chanson très calme et posée qui ponctue chaque album du groupe. Et comme d’habitude, elle est sublime. L’accordéon ressort bien, l’ensemble fait très acoustique. J’adhère. A noter qu’elle est assez éloignée de tout ce qu’ils ont déjà fait.
Arrive
My Gypsy Auto Pilot. La grosse baffe quoi. Chanson magique. La meilleure chanson de l’album, et de loin. On a tout ce qui fait du bon Gogol là dedans ! Un rythme enjoué, un texte atypique («
I came back to my hometown incognito / To forget about it all. /Suddenly, I heard "hey there papito-pito-pito ! / You don't ever give a call !" / [...] / Remember we used to skip school together / Said to me drunk girl, police man / Now, where have you been all my life ? / I've been skipping school since then !" »... Enorme quoi !) et touchant, une instrumentation propre et des petits solos de guitare et de violon qui font zizir. L’accordéon ressort nickel, et la conclusion tout en finesse. Je répète : une piste dantesque !
Hieroglyph[i/] est sublime. Elle a des côtés psychédéliques (surtout quelques secondes qui y font penser), un texte très particulier qui se démarque des autres en prenant une source mystique). On la sent vraiment à part, un peu comme l’était [i]Alcohol, chanson de poivrot au milieu de toutes les pistes délirantes de
Taranta.
La chanson
John The Conqueror (Truth Is Always The Same) dépote. Du pur Gogol, une chanson où les guitares prennent le pas, avec une bonne basse et des chœurs presque tribaux.
On finit sur
We Shall Sail. Une guitare acoustique, Eugene et rien d’autre. C’est une pure chanson de fin d’album, qui invite assez bien à attendre la suite de leurs péripéties… Avant que la chanson cachée ne démarre. Première réaction : WTF ?! Une pure chanson à la System Of A Down. Ils sont d’ailleurs remerciés, avec notamment RATM, en fin du livret fourni avec l’album (oui oui, je l’ai acheté ! =P). Chanson anecdotique, mais funny à souhait.
Maintenant, qu’en conclure sur cet album ? Je dirais qu’on a un bon album, bien que ce soit pour beaucoup du déjà vu et malgré un centre assez creux. Ca donne envie d’aller les revoir en concert, certes, mais j’ai l’impression depuis
Super Taranta que le groupe expérimente moins. C’est clairement leur album le plus mainstream, dans le sens où trouver des tubes à passer sur les chaînes télévisées musicales est désormais faisable. Preuve s’il en est : seules deux chansons dépassent 4 minutes, et ne vont d’ailleurs pas plus loin que 4 minutes et 30 secondes. Il est loin, le temps des
Mishto,
Baro Foro,
Through The Roof And Underground,
Madagascar et
Against The Nature…
Mais soyons clair : Gogol Bordello demeure au-dessus de la grande majorité de la production actuelle, et leur album est une bouffée d’air frais.