« Là ou cela a commencé cela finira, par la main de celui qui a mis ceci en branle, cela se terminera »
J’ai fini Guns of the Patriot hier matin, très tôt, du coup j’en ai pas dormi et suis parti bosser (et oui je travaille surtout le dimanche matin) directement, j’avais envie de prendre un peu de recul et de digérer certains trucs avant de le chroniquer.
Comme tout le monde le sait, c’est le dernier opus de la saga Metal Gear Solid, et en le finissant il est certain qu’il n’y en aura pas d’autres, la chose serait difficile compte tenu des circonstances, mais je n’en dit pas plus. Avant de parler de l’histoire et du jeu en lui-même, parlons de ce qui était le but de cette aventure vidélodique, qui se veut le point final de la saga. On aura droit a une revue complète de la série, tant dans un hommage que d’une synthése. C’est plus une conclusion qu’un vrai metal gear en lui-même. A savoir qu’on finit l’histoire en réunissant en une toute celle auparavant. Est-ce pour cela raté ? C’est ce que nous allons voir.
Déjà c’est avec ce jeu que j’ai eu l’impression de poser le pied dans une nouvelle génération de console/jeu, mes précédentes expériences sur ces supports n’étant que des continuités de choses déjà existante. Guns of the patriots se veut marquer un tournant et il y réussit, il est extrêmement scénarisé, il y a ce titres plusieurs heures de scènes cinématiques dans le jeu qui se laissent regarder sans aucune difficulté. Les graphismes font honneur a la PS3 mais on sent encore que sur ce support bien mieux pourra être fait. Ensuite je serai moins enflammé que Xenahort, les animations faciales auraient pu être plus poussées, elles ne sont surtout concentrées que sur certains des personnages les plus importants (un jeu comme Mass Effect est parfait à ce niveau et prouve qu’on peut faire mieux).
Revenons donc a l’histoire.
Elle est dans la continuité de tous les metal gear, ce n’est donc pas une suite a Metal gear solid 2 Sons of the patriots mais une suite a tous les MGS, impossible me direz vous et pourtant, c’est bien le chaînon manquant de la saga ou tout sera révélé, voire même peut être de trop au final.
Donc nous avons un monde en guerre quasi perpétuelle, ou les patriotes (du moins les IA qui les ont supplantés) manipulent tout, et surtout des entreprises de guerre, les S.M.P (Sociétés Militaire Privées), ou les soldats sont salariés et obéissent au doigt et a l’œil pour n’importe quel camp tant que celui-ci paye. Le contrôle sur ces soldats est quasi-total via les nano machines qu’on leur a injecté et l’identification ID (par ces même nano machines) sur les armes. Soit le projet Sons of the Patriots en lui-même. La guerre ne connaît plus d’idéologie mais n’est plus qu’un bizness comme un autre. Et la société mère dirigeant les 5 plus grosses S.M.P n’est autre que Outer Heaven, dont un certain Liquid Ocelot est président. Ce dernier compte s’approprier le système SOP (Sons of the patriots) que possèdent les patriotes afin d’avoir la main mise sur la majorité des forces soldatesques du monde (le système des Armes a ID en faisant partie il serait même maître de la guerre sur la terre entière, le fameux système Guns of the patriots) afin de créer un monde ou les soldats régneraient dans le chaos, idéal mis en place par Big Boss, père génétique de Solid, Liquid et Solidus.
C’est donc dans ce contexte que Roy Campbell, désormais à l’ONU et chargé de surveiller les S.M.P rappelle Solid Snake. Il dérange ce dernier dans un étrange recueillement sur la tombe de Big boss lui-même, son père génétique. Snake âgé de 41 ans en paraît bien plus, on le croirait grand père, il subit un vieillissement accéléré, le syndrome de Werner. Ce dernier rend responsable le terrible virus FOXDIE injecté à son insu lors de la préparation de son infiltration de Shadow Moses. Solid n’est plus vraiment en état de se comporter comme le héros de guerre qui l’a été, mais dans ce monde ou un homme est prêt a prendre le contrôle des forces armées sur le globe, il est le seul a vouloir se battre contre lui. Il sait sa fin proche, on lui a annoncé, et sait également que ce sera sa dernière mission. Equipé d’une combinaison qui compense sa faiblesse musculaire et lui donne un aspect bodybuildé tout en offrant des possibilités de camouflage inédit.
Celui qui déjà trop de combat avait livré, part pour son dernier.
L’aventure sera dure, très dure même, ce n’est pas un héros hollywoodien dont on peut compenser la vieillesse par de la poudre aux yeux, le jeu tout son long ne fera qu’afficher de plus en plus la longue dégénérescence de Snake et son agonie inéluctable, sans cesse martelée par son entourage.
Voila pour ce qui est des bases, qu’en est-il du jeu en lui-même ?
On retrouve un gameplay dans la lignées des metal gear, avec ses évolutions logiques, qui s’inspire pas mal de Snake eater (gestion des armes et des objets) avec des nouveautés comme l’octo camo qui permet de se camoufler presque n’importe où, peu importe la surface, les habitués ne seront pas dépaysés. Si vous jouez dans un mode de difficulté autre que facile l’infiltration n’aura jamais été aussi importante que dans cet épisode, car on évolue sur des scènes extrêmement militarisées au milieu de conflits qui nous sont étrangers. A ce titre on peut même choisir d’aider un camp ou un autre ce qui aura une certaine influence sur des passages du jeu. Mais on peut très bien passer a coté et suivre l’histoire sans trop se préoccuper de ce qui nous entoure. On est donc dans un monde de guerre totale et les environnements n’y dérogeront pas, il n’est pas toujours évident de se cacher, les soldats sont légions, les balles et explosions nombreuses, il arrive de ramasser une balle perdue. Cela ajoute une certaine tension qui est loin d’être désagréable. Le jeu est découpé en autant d’actes qui sont des hommages a différent MGS, si les lieux sont différents (pas tous !) certains vous feront penser a d’autres déjà parcourues, dur de ne pas penser a Snake Eater dans la jungle d’Amérique du Sud ou Sons of the patriots dans le dernier acte, l’acte 4 est un hommage qui ne se cache même pas, dur de faire plus explicite mais je me tairais pour ne pas gâcher le plaisir de jeu.
On retrouve tout une synthèse de phases de jeu déjà présente ça et là (c’est un plaisir de voir Solid Snake jouer un peu du CQC, même si la cohérence en prend légèrement un coup, de fait) ainsi que des lieux qui rappelleront beaucoup de choses aux amoureux de la saga comme moi. Le jeu est magnifiquement construit dans son déroulement, les révélations par contre un peu trop nombreuses pour un metal gear, mais là c’est la faute de ne pas les avoir révélés avant, certaines sont un peu exagérées j’ai trouvé, qui font vraiment fan service, une passe encore mais plusieurs comme c’est le cas dans le jeu, c’est un peu beaucoup, ça gâche un peu la fin, qui aurait du se contenter de ce seul retournement pour être grandiose. Elle y perd du coup et c’est bien dommage. On a de bons passages d’actions mais moins spectaculaires que dans de précédents épisodes, ils font même un peu reprise plutôt qu’innovation, là aussi c’est dommage. On doit donc gérer de nouveaux paramètres également, Snake étant « alimenté » par des nano machines, depuis sa mission de Shadow Moses il n’aura pas besoin de chasser pour se nourrir (cela n’est pas dit dans le jeu mais on le sait si on connaît un minimum la série), donc adieu la faune et la flore luxuriante comme dans MGS 3 et c’est bien dommage car certains passages du jeu n’en auraient étés que plus vivant (surtout l’acte 2), Snake eater grouillait de vie et de petites choses a faire qui sont perdues. On doit donc a la place gérer la jauge de stress de Snake, qui est plus vieux et qui donc a plus de mal a se contrôler, cela influera sur ses tirs, ses actions (il pourra plus difficilement répondre au quart de tour, il aura parfois mal et poussera un petit cri), et cette jauge, au fur et a mesure que le jeu avancera, se videra de plus en plus vite.
Coté musique, je vais faire mon difficile mais je trouve qu’on est largement en dessous de Snake Eater pour la qualité de ces dernières, voire même bien en dessous de Metal Gear Solid (The Twins snakes, sur NGC et PSX). Il y a de bons morceaux mais c’est quand même largement moins prenant que l’intro Snake Eater chantée par Cynthia Harrel, si je me suis procuré les B.O de MGS 1 et 3 je ne le ferai pas pour le 4 (et je ne possède que 3 B.O de jeux vidéos en tout et pour tout… ^^). Franchement, a part quelques petits trucs sympa rien ne m’a vraiment marqué niveau musical dans celui-ci, c’est dommage car cet aspect apportait énormément aux jeux de la saga. Attention, je n’ai pas dit qu’elle était mauvaise, mais elle est surtout discrète et peu novatrice, ce qui fait qu’elle ne se distingue pas assez de ses aînées.
Il ne faudra donc pas vous attendre a un vrai MGS pur, Guns of the patriot s’adresse aux fans de la saga, qui l’ont suivi tout du long, si vous aimez les MGS et que vous les avez quasiment tous fait et refaits (comme j’ai pu m’y adonner) et que vous les connaissez bien, vous vous régalerez devant votre écran. Si par contre vous pensez trouver une aventure inédite vous serez profondément déçus. Le jeu est très orienté hommage, melting pot des différents opus précédents (en particulier depuis le MGS de 1999). Les références sont plus que légions et les ajouts (un singe qui rote, un petit coté pervers pépère pour Snake et autre) ne manqueront pas de surprendre. Il y a là probablement aussi trop allant jusqu'à tuer du plaisir de jeu. La majorité des boss que l’on a le droit d’affronter sont de mystérieuses filles sous le nom de code : Raven, Mantis, Wolf et Octopus, vous aussi vous avez déjà vu cela quelque part ?
Un des plus grand point de la série tous épisodes confondus, depuis ses début sur MSX, étaient des boss charismatiques et développés, chose totalement absente de Guns of the Patriots et des 4 boss évoqués, la chose est très frustrante car a part 2 courtes apparitions, ces boss ne viennent que pour se battre, et leur histoire nous est racontée après leur défaite par le même personnage de façon répétitive, de même les affrontements qui étaient quasiment toujours en un contre un passent a du « le Boss + ses minions », comprendre là de la chair a canon en plus qui se fera un plaisir de vous niquer la partie parfaite en vous découvrant sur le champ d’affrontement du Boss tout en étant une joyeuse épine dans le pied dont il faudra se débarrasser avant de pouvoir vraiment affronter le Boss, ce qui rend les affrontements bien plus lourds et beaucoup moins jouissif. On casse donc les duels entre 2 personnages charismatiques pour de l’affrontement face a un paquet de chair a canon sans aucune âme, c’est vraiment le point noir absolu du jeu, mais la chose change et s’améliore sur les différents affrontements de la fin, qui sont bien plus jouissif, il me démange d’évoquer un face a face en particulier qui est parfaitement réalisé, fluide a souhait et ou on prend littéralement tout le plaisir du monde a se battre.
Je pousse également un léger coup de gueule quand a la traduction du jeu qui pêche franchement par moments et se veut des fois presque aléatoire, ça me fait bizarre d’entendre des trucs qui ne sont traduits qu’approximativement ou moyennement en sous titres (qui eux auraient largement gagnés a être plus gros ou plus lisibles, c’est assez limite par moments)
Pour en revenir a la volonté d’être un condensé de tous les autres Metal Gear on reverra énormément de personnages qu’on avait déjà pu croiser auparavant, certains seront plus surprenant que d’autres mais une chose est certaine, ils auront tous évolués. Le plus marquant de ces changements est celui de Raiden, qui était juste un pantin dans Sons of the patriots et qui acquiert une vraie légitimité dans Guns of the patriots. Son âme tout autant que son corps auront subit énormément de choses. Il n’a pas supporté de n’avoir été que la marionnette de solidus et qu’on se joué totalement de lui, il en aura résulté un désabus profond rendant le personnage beaucoup plus noir et désespéré, il n’a guère presque plus de raison de vivre et se jette a corps perdu dans la bataille, se fichant éperdument de vivre, survivre ou mourir. Il est assez intéressant de faire un parallèle avec Snake sur ce point là, car lui ne souhaite pas plus que ça mourir et pourtant tout ne fait que le précipiter vers sa propre fin alors que Raiden pourrait vivre mais ne le souhaite plus, il y aura un face a face émouvant ou Snake parlera a Raiden a ce sujet justement, essayant de lui montrer qu’il a une vie a vivre, même si ce dernier n’y crois plus. Il aurait été intéressant d’avoir plus de scènes de ce type plutôt que forcément des scènes explicatives par moments, cela n’aurait ajouté que plus de profondeur a l’histoire, mais là encore je fais mon difficile car si on regarde globalement, bien peu de personnages sont aussi creusés dans le monde vidéoludique.
On pourrait aussi longuement débattre de l’idéologie religieuse ou de croyance présente dans le jeu, le parallèle avec la bible (ADAM, EVA et … Snake, mais que sera la pomme ?) est plus qu’explicite. La manipulation est un thème récurrent de la saga et elle est poussée ici à son paroxysme sur les ficelles à employer, de comment des idéologies peuvent se fourvoyer alors qu’elles partent d’une idée et d’une volonté juste. On sait déjà que Big Boss / naked Snake n’était pas un psychopathe en puissance, que voulait-il en créant Outer Heaven et levant une armée de mercenaire. Les tenants et aboutissant des révélations montreront beaucoup de bêtises humaine sur le fond, humanité qui dans son arrogance ou sa volonté de bien faire aura crée des choses qui la dépassent, on en revient à Dieu, l’homme ne doit pas y jouer. Et le mieux placé pour le savoir, c’est Snake bien sûr, lui qui est une création génétique de toute pièce, un être humain sur commande, une arme et un pion des patriotes.
Mais le théme majeur de la saga est au fond la recherche de la liberté, celle après quoi courent une grande majorité des personnages de la série sans jamais réellement l’atteindre avant de se résigner a mourir devant leur propre impuissance. Cette liberté sera-t-elle atteinte ou fourvoyée ? On ne le saura qu’a la toute fin.
Mine de rien j’ai beaucoup aimé ce jeu, même si ma chronique est en demi teinte, il y a toujours des moments forts, mais il est moins bon que certains de se prédécesseurs au niveau du plaisir global de l’aventure pas tant sur un point ou d’autres mais sur un tout formant le(s) jeu(x) en lui(eux) même(s). Ce n’est pas une aventure qui se lit indépendamment du reste, il faut vraiment avoir joué aux autres et les avoir appréciés pour rentrer dans Guns of the patriots, c’est également le plus long de tous les MGS, il m’aura fallu une 20aine d’heures pour en venir a bout, en comprenant bien sûr le temps des scènes cinématiques, et je me replongerai bientôt dans le jeu pour en débloquer des secrets, faire des trucs que je n’ai pas fait lors de ma première partie. Et encore il me resterait tellement a dire sur la magnifique réalisation du jeu qui ne souffre d’aucun ralentissement, sur l’arsenal incroyable mis a la disposition du joueur (il y a même bien trop d’arme pour les essayer en une seule partie)
Si vous avez aimé la saga, n’hésitez pas et foncez (si les finances le permettent bien entendu)
D’ailleurs le titre de ce topic n’aura jamais mieux porté son nom que pour parler de ce jeu là, en éspérant que le débat ne fasse que commencer !