De la magnifique campagne anglaise aux contrées d’une Europe plongée en pleine Première Guerre Mondiale, "Cheval de guerre" raconte l’amitié exceptionnelle qui unit un jeune homme, Albert, et le cheval qu’il a dressé, Joey. Séparés aux premières heures du conflit, l’histoire suit l’extraordinaire périple du cheval alors que de son côté Albert va tout faire pour le retrouver. Joey, animal hors du commun, va changer la vie de tous ceux dont il croisera la route : soldats de la cavalerie britannique, combattants allemands, et même un fermier français et sa petite-fille… A partir de ... là, ça va spoiler ^^
Spielberg a osé et il l'a fait et magnifiquement ! Avec son nouveau film, il réussit brillamment le "pari" de nous faire apprécier un cheval en tant que personnage de film et de nous faire passer un agréable moment.
Oui,
Joey est donc un personnage de ce film. Et dès le début du film, on nous met en condition pour nous le faire apprécier et nous faire découvrir ce film à travers lui. Car il faut bien l'avouer, c'est tout de même lui le héros du film, pas l'humain (qui a un nom aussi - Albert, dit "Albi" pour les intimes).
[*] Donc, oui dès le début du film, on sait que ce cheval va avoir un destin hors du commun et qu'il aura une personnalité et un caractère propre. On le voit très bien lors des nombreuses scènes de labour où Albert -entêté - montre à Joey comment il faut faire. Albert le fait non pas parce que c'est un cheval et qu'il doit le faire; il le fait pour sa famille et surtout pour son père (respect et honneur). Et quand on voit qu'il y arrive alors que ce cheval n'était pas du tout un cheval de labour, on sait que Joey va y arriver à chaque fois - tel un héros. Car, oui au départ le père d'Albert devait obtenir un cheval spécialement conçu pour le labour, mais comme attiré par lui, il a vu en lui un cheval d'exception et s'est décidé à l'acquérir par tous les moyens (dussé-je y laisser sa ferme). J'avoue que les scènes de labour sont très bien réalisées et j'ai eu des sourires et de la fierté quand j'ai vu que Joey avait réussi.
Mais tout ce travail ne vient pas par hasard. Cela est surtout à une histoire d'amitié entre Joey et Albert. Une amitié qui démarre par la volonté d'Albert de le former en un mois. Et il lui montre les gestes qu'il faut faire et au fur et à mesure des jours, une amitié commence à naître. Malheureusement, la guerre arrive ...
... Et qui dire guerre, dit séparation. Et Albert et Joey sont séparés par les batailles. On pourrait penser (comme moi) que Albert part au front et Joey aussi. Mais non, seul Joey (au début) est engagé, car Albert est trop jeune.
Et c'est donc à travers Joey que l'on découvre la première guerre mondiale. Car Joey est bringuebalé d'endroits à endroits, d'armée à armée (anglaise, allemande), de famille en famille (la famille d'Albert, la famille française). On découvre les différents aspects de cette guerre de chaque côté du front : les fantassins, les artilleries lourdes des allemands tirées par des chevaux, les désertions, les tranchées aussi. Tout y décrit non pas succinctement, mais juste ce qu'il faut avec la juste tonalité. Mais ce n'est pas vraiment un film sur la guerre, ni un film de guerre, c'est un film de guerre via un cheval. Là est la grosse différence et ce qui auront vu le film comprendront sûrement ce dont je veux parler. Cela veut dire que chaque moment de la guerre (comme quasiment tout le film d'ailleurs) est vécu par les yeux du cheval, on nous montre les horreurs de la guerre, le ressentiment et la peur des soldats à affronter leur mort prochaine ... Mais cette monstruosité de la guerre ne rend pas le film si triste (malgré certaines scènes), car Spielberg a su mettre par endroits des moments de bonheur et d'humour (je pense notamment à l'épisode des barbelets et des tenailles).
Spielberg à travers les yeux d'un cheval a réussi à nous faire vivre en 2h30 la vie sous la première guerre mondiale de chaque côté (front, armée et dans les campagnes). Il réussit à nous émouvoir, car on ne voit pas du tout le temps passer, on est avec le cheval, on vit et voit à travers lui. Tout est fait pour nous faire apprécier le cheval et ainsi, l'histoire qu'il a vécu.
On pourrait penser que cela peut tomber dans le "cul-cul", mais non Spielberg réussit là aussi ce tour. Jusqu'au dernier moment, o n se dit qu'ils ne vont (et ne pourront) jamais se revoir, même lorsqu'il se retrouve, ils sont à nouveau séparés. Mais le destin lié par leur formidable amitié va tout faire pour les rassembler à nouveau. On peut dire que c'est cette profonde amitié et cette volonté de se revoir qui a fait que chacun des deux héros a réussi à survivre (cf le cheval dans les barbelets) pour pouvoir se revoir.
Ce n'est pas un sans faute non plus, il y a bien quelques scènes qui auraient pu mériter un autre sort, je pense par exemple à la scène d'après-gaz, où on aurait pu espérer qu'Albert reste aveugle à jamais, mais bon il s'en sort et recouvre rapidement la vue. Mais bon, avec toutes les péripéties qu'ils ont vécu ... ça passe.
En conclusion, ce n'est pas le meilleur Spielberg mais c'est un très bon film tout de même, très émouvant, très bien réussi (histoire et aussi, au niveau du film en lui-même avec de très belles images et cadrages). Bref, un très bon moment qui m'a fait oublier rapidement mes à priori sur ce film ! ^____^
[*] D'ailleurs, je citerais une petite anecdote, c'est qu'à la fin du film, on se rappelle plus du nom du cheval que du nom de celui qui l'a élevé.