Deu$ a écrit:
Dammit, heuresement que l'édition Deluxe est là pour rappeler ce qu'est réellement Dragon Ball.
Et heureusement que les pigeons aussi.
Dragon Ball est une oeuvre bien singulière dans mon vécu, parce que c'est l'une des rares à avoir très mal vieilli. D'habitude, l'adjectif culte et le mot précurseur sont suffisants pour éveiller en moi une passion ardente et irréfreinée. Pas Dragon Ball. Ce manga est l'une des rares exceptions qui confirment les régles "c'était mieux avant" et "rien ne dépasse l'original". Qu'on soit clair, même si ça avait le don de m'extasier dans mon jeune temps, DB est juste moyen. Pas de scénario, des facilités scénaristiques hallucinantes, des combats grotesques par leur démesure et des personnages qui ont pour seul intérêt de traverser les époques, de changer physiquement, de vieillir, mais qui deviennent en même temps de grosses coquilles vides. Le relire après avoir découvert des choses un milliard de fois mieux ne peut pas se faire sans douleur.
Et l'anime est juste hallucinant. J'ai revu hier le passage où Sangohan se transforme en super-saiyen 2 : c'est lent, c'est mou, c'est sans-âme, et comme certains s'extasient, j'ai ri. De bon coeur, rassurez-vous, c'était sans méchanceté.
Mais cessons cet étalage de bash sur la série originelle, et attardons nous sur cette magnifique adaptation.
J'AI ADORÉ CETTE ADAPTATION ET J'EN SUIS FIER !
Mais avant de débuter ce compte-rendu fabuleux, je dois bien évidemment commencer par le rituel du billet de cinéma, synonyme de film adulé et fantasmagorique :
Et encore, je suis déçu de ne pas pouvoir inscrire mon nom sur ce billet par soucis d'authenticité
Je précise avant tout que ce qui va suivre n'est aucunement du second degré, et que j'ai réellement adoré ce film. Le fait est que j'ai justement eu assez de second degré pour pouvoir l'apprécier à sa juste valeur. Et que ceux qui pensent voir là-dedans une honte n'ont rien compris : ce film est la réponse tant attendue aux films pop-corn des dernières années qui commençaient à gangrener le cinéma avec des filles canons, des flingues et des voitures. Luc Besson's touch, quoi. D'ailleurs, je le soupçonne d'être derrière tout cela. Il est diabolique le bonhomme, ou il essaye tout simplement sa rédemption en faisant ce film.
Dragon Ball est la panacée à un type de film vide et inutile qui essaye de rameuter le plus de gens avec des arguments au goût très douteux. Comment s'y prend-il ? En saisissant le taureau par les cornes, pardi ! Aucune entreprise ne saurait être plus risquée que celle-ci, mais l'ensemble est tellement gonflé, tellement désespéré que le tout ne peut pas être innocent. Il y a une part de conscience et d'auto-dérision derrière le côté très premier degré du film, j'en suis persuadé. Et le pire, c'est que cela marche.
Et comme si cela ne suffisait pas, Dragon Ball est aussi l'arme ultime contre les adaptations cinématographiques américaines de toute oeuvre populaire dont les producteurs veulent pomper le jus jusqu'à la moëlle grâce aux fans hardcore qui feront tout pour le voir. La Bête, tel Oozaru, fait implose ce genre honteusement cupide et racoleur en en devenant la figure qu'il ne faut pas reproduire, l'enfant maudit. Un tel sacrifice est évidement à saluer, tant il a été réussit, tant son but est atteint.
Voici donc Dragon Ball Evolution, véritable némésis du cinéma moderne, bambin incompris, lapidé, esseulé. Que je vais tenter de sauver.
Des acteurs aux effets spéciaux, du scénario au rapport à l'oeuvre d'origine, tout a été mis en oeuvre dans cette optique d'autodérision, pour sauver un genre en plein essor mais maintenant mort. Le roi est mort, vive le roi !
Le regard vide et inexpressif de Justin Chatwin, acteur voué au trépas social avant même le lancement de sa carrière, lors du départ en fanfare où ralenti rime avec inutilité, annonce tout cela. La farce est là, le gag prend feu, on rit. Les personnages apparaissent les uns après les autres, défilant comme des mannequins écervelés, réussissant à nous surprendre dans le fait qu'on n'aurait jamais imaginé de telles reconversions pour les personnages originels. Pouvions-nous croire que Tortue Génial deviendrait un maître d'art martial à la chemise hawaïenne (soucis du détail) et à la perversité le poussant à avoir
Bikini Magazine chez lui ? Et la fille accompagnant Piccolo alors, l'inutilité suprême justifié par la présence à l'écran de deux seins supplémentaires, qui aurait pu croire qu'elle était à l'origine la sulbaterne de Pilaf ? Sans nommer Yamcha, bad boy blondinet ayant torpillé la "carrière" d'un acteur au jeu si incroyable, au charisme hors norme, à l'intéret noté sur du papier PQ par un scénariste ouvrant au hasard un tome du manga ? Non pas que Yamcha était à l'origine très charismatique, mais le film a réussit à retenir cet aspect là de lui, dans une représentation presque fascinante. Et puis imaginez un peu la manière dont sont introduits tous les personnages, de manière à aplatir toute tentative d'effort concernant leur recrutement (entre Bulma qui tire sur Goku et qui part avec lui cinq minutes après ; Roshi qui fait de même ; Yamcha qui fait very very vilain mais qui est gentil...), permettant au moins de ne pas espérer voir un brin de développement de leur part.
Et ces effets spéciaux, nom de dieu ! On a vraiment le droit aux 80's meet 00's budget dans une ruelle sombre sans la ceinture de sécurité. Oozaru qui ressemble à un loup-garou, collector ! Piccolo au maquillage fait par la stagiaire (ou un étudiant en art déco qui ne voulait pas respecter l'original), qui est un croisement entre Dracula (pour le côté anguleux et pâle) et Legolas (les oreilles), donnant un charme indéniable et l'imposant comme l'un des plus grands méchants de tous les temps. L'utilisation des ralentis à des moments tellement incompréhensibles que ça en devient un grand n'importe quoi tape-à-l'oeil qui fait du pied (enfin là c'est la jambe) au spectateur pour lui hurler au visage "Eh gueux ! Ce n'est qu'un film que tu regardes, pas la réalité !", juste essentiel. Il n'eût manqué que Piccolo se transformant en géant après avoir pris une branlée, comme dans les épisodes de Power Rangers, pour donner encore plus de goût à l'ensemble (le seul véritable manque du film...).
Et la volonté de tout faire pour qu'on ne retrouve dans Dragon Ball Evolution rien de Dragon Ball et de faire passer le produit pour un film djeuns quelconque, sans âme, c'était juste brillant ! Entre Sangoku qui essaye de pécho (lawl ?) et qui est persécuté par les autres (omagad) ; Sangoku qui est en fait un sbire de Piccolo (pourquoi ? euh... Ils ont oublié d'expliquer ça. Enfin ils devaient en avoir rien à foutre aussi) ; Tortue Génial qui a un maître renoi et sage (minorité visible sans doute) ; le monde qui est le même que la Terre, les voitures aussi djeuns que dans Fast & Furious ; des monstres qui se dupliquent en étant tranchés... C'est très très très TRÈS lourd, croyez moi !
La construction du film n'est pas en reste, distillant au travers des Dragon Ball des passages forts futurs pour ne pas provoquer la linéarité du propos, appuyant le message du film ("Ne perd pas de vue qui tu es !" T_T).
Paradoxalement, on retrouve des références au couteau sur l'oeuvre d'origine, comme si les scénaristes avaient ouvert çà et là une page et avaient pioché une idée ! Que d'extase devant les Kaméhaméha flashy ressucitant les gens ! Que d'allégresse à voir Goku s'entrainer avec un sac à dos en courant à côté de la bagnole ! Le Mafuba chorégraphié à la perfection par maître Roshi !
Je m'emporte, j'exalte, et je fais grossir un trait alors que ce n'est pas mon but.
Quoiqu'il en soit, Dragon Ball Evolution, dans le fond comme dans la forme, est un cas magistral. Pour tout cinéphile et cinéaste, c'est l'exemple de tout ce qu'une adaptation ne doit et ne devra jamais faire. Le Rejeton démoniaque qu'aurait pu faire Michael Bay, qui sera haï injustement jusqu'à la fin des temps alors qu'il devrait être glorifié pour avoir joué tellement sur la surenchère que les gens se sont enfin rendu compte que ce style était immonde, naze et débile.
En attendant, je suis fan absolu, il me faut les goodies rattachés (le poster Yamcha ! Indispensable !), il faut que j'aille revoir ce film une dizaine de fois, que j'achète toutes les éditions dvd disponibles...
En quelques mots :
Génial.
Parfait.
Majestueux.
Bandant.
Grand.
Beau.
Fantastique.
Magistral.
Jouissif.
Magnifique.
Immense.
Merveilleux.
Extraordinaire.
Epoutouflant.
Intense.
Excellent.
Démentiel.
Dantesque.
J'en fais pas trop là ?
N'écoutez pas ce que les gens disent, regardez la vérité en face, ouvrez vous au second degré absolu, découvrez la plus grande farce de tous les temps, le nanard le plus grand du siècle (mais pas de l'éternité, trop de budget là-dessous), absorbez cette oeuvre difforme, horrible et gerbante, cette expérience inoubliable.
La Fox a osée, la Fox est grande !
Vive le cinéma ! Vive les concepts ! Vive l'intellectualisation ! Vive le mauvais goût ! Vive le Pire !
Best.movie.ever.
La seule chose qui reste en suspens après cela est : oserai-je retourner au cinéma après avoir vécu l'apocalypse ? L'expérience ultime ?