Petit topo/présentation de Makoto Shinkai un réalisateur japonais de films d'animation, dont la plupart des œuvres sont aujourd'hui disponibles en France.
Son dernier film est sorti en 2011 au Japon et cet été en France directement en DVD : étant donné que je l'ai vu hier soir, c'est l'occasion de parler un peu de Shinkai sur le forum !
Voices Of A Distant Star (2002)
Court métrage de 25 minutes, c'est l’œuvre qui l'a fait connaître il me semble.
En 2047, Mikako, une collégienne, est recrutée avec bien d'autres par la Flotte Spatiale des Nations Unies pour chasser une race extra-terrestre qui a détruit un avant poste terrien sur Mars. Elle et son meilleur ami, resté sur Terre, tentent de rester en contact grâce aux e-mails qu'ils s'envoient mais plus Mikako s'éloigne de la Terre et plus ces messages mettent du temps à leur parvenir respectivement.
L'intrigue de SF est ici un prétexte pour mettre en scène l'attente de nouvelles entre deux amoureux qui se trouvent séparés par le temps et l'espace : outre le décalage temporel entre deux messages, il y a le fait que Mikako a peu de change de revenir sur Terre.
Un joli récit sans réelle fin sur la difficulté de poursuivre une histoire à distance.
La Tour au-delà des nuages (2004)
Long-métrage de 1h30. Dans une réalité alternative le Japon a été séparé en deux en 1974 et Hokkaido appartient désormais à une puissance appelée « l'Union ». Le récit suit l'histoire de deux garçons et d'une fille japonais qui tentent de construire un avion pour rejoindre une tour gigantesque et énigmatique se trouvant à Hokkaido.
Là aussi le contexte de SF est surtout prétexte à dépeindre une touchante histoire d'amour et le fait de tenir une promesse coûte que coûte. Le tout est saupoudré d'un peu d'intrigues politiques et scientifiques – autour de l'Union et de la fameuse Tour.
Avec ce film on perçoit mieux le style de Shinkai, assez lent, en contemplation et en introspection. Donc peu d'action (hormis la séquence finale) et un récit à l'ambiance très poétique – j'ai versé ma petite larme à plusieurs reprises T_T
5 centimètres par seconde (2007)
Long-métrage de 1h00. Le film est constitué de 3 segments de longueurs inégales. Le fil rouge est le personnage de Takaki Tono à 3 moments distincts de sa vie : collégien, lycéen et adulte.
Ici pas contexte de SF (même si l'arrière plan du segment 2 pose de façon discrète un japon alternatif) et un récit centré uniquement sur l'amour à travers le temps et les distances. Une histoire très mélancolique où Shinkai développe une nouvelle fois un ton très contemplatif et introspectif.
Pour ma part c'est le premier segment qui m'a le plus touché, ce voyage en train de nuit interminable d'un jeune collégien tentant de retrouver une camarade de classe qui a déménagé.
On peut poser ce film en opposition avec
Voices Of A Distant Star qui proposait une vision romantique 100% adolescente et idéale. Au contraire
5 centimètres par seconde illustre la réalité de la vie concrète et le passage à l'âge adulte qui implique le renoncement à certaines chimères, ainsi que le fait que le premier amour n'est pas forcément celui avec qui on passera le reste de sa vie.
Voyage vers Agartha (2011)
Long-métrage de 1h55 dans lequel Shinkai change de style de récit et se rapproche ici d'un Miyazaki (tendance
Le Château dans le Ciel, un film qu'il admire).
Asuna est une jeune fille solitaire qui vit en région montagneuse. Elle passe le plus clair de son temps dans un coin secret à écouter la radio de son père, décédé lorsqu'elle était très jeune. Un jour elle croise en montagne une créature monstrueuse et un jeune garçon qui dit venir du monde souterrain d'Agartha.
Sans doute le moins bon de ses films pour le moment. En effet pour
Voyage vers Agartha Shinkai s'essaie à un film d'aventure au premier degré qui lorgne du côté de Miyazaki et clairement sa narration n'est pas aussi maîtrisée que dans ses œuvres précédentes. C'est surtout flagrant lors des scènes d'action qui débutent et finissent souvent brutalement. Le raccord entre ces passages et ceux plus calme sont souvent maladroits. La narration se fait par à coup et par moment on ne sait plus trop ce que le film désire raconter. Le souci touche aussi le scénario où l'histoire des deux frères et leur rapport avec l'héroïne n'est pas très convaincant. J'imagine que dans son idée il s'agissait d'utiliser (logiquement) les scènes d'action pour rapprocher et exprimer les sentiments des personnages mais ce n'est pas ça je trouve.
Reste le thème général autour de la mort et du renoncement qui rappelle que nous sommes dans un film de Shinkai. Le film reste quand même agréable mais il est maladroit, ce qui illustre que Shinkai n'est pas encore au point pour l'aventure au premier degré.