Relecture moderne du conte rendu inoubliable au Cinéma par la version de Jean Cocteau, où la Belle et La Bête s'effacent pour une fois afin d'offrir des combats de géant de pierre et Audrey Lamy en comic relief
insupportable.Consternation. C'est bien l'effet de cette énième adaptation par Christophe Gans, réalisateur maudit au même titre que Matthieu Kassovitz, tous deux constamment écrasés par des producteurs aux exigences farfelues ("ça manque d'hommes dans les personnages principaux, met nous une intrigue inutile avec Sean Bean. comment ça faudrait le faire mourir, nan, surprend ton spectateur plutôt et laisse le aller jusqu'au bout").
Dans
La Belle et la Teubé, comme il convient de l'appeler, cette exigence prend la forme de Léoux Seyda. Oh, bien sûr, la jeune
actri mannequin avait argué avec rage et fracas au sortir de
La vie à Dell que rien ne lui était tombé tout cuit dans sa carrière. Personne n'était dupe. Encore moins quand l'un des deux producteurs du film s'appelle Jérôme Seydoux. Il suffit de la voir ici incarner (comme les ongles, hein) une princesse façon jeune pétasse du XVIème arrondissement, avec autant de conviction que lorsque je joue dans des courts-métrages de la VDD, et avec un langage qui se veut châtiée mais où sa diction pré-conservatoire n'arrive qu'à avaler les mots. Bref, Léoux Seyda ne sait pas jouer et n'arrive qu'à être Léoux Seyda dans ses rôles. On n'attendait pas des miracles à ce niveau.
Qu'on se rassure, si elle est particulièrement mauvaise, elle ne fera pas non plus tâche dans le film où la direction des acteurs est pitoyable. Bon, quand tu castes Audrey Lamy c'est que t'en as plus rien à foutre de ton film. Même André Dussolier qui est pourtant plutôt solide n'arrive pas à créer d'empathie. Sans doute que le scénar est suffisamment pourrave pour empêcher toute émotion de naître. Mais la diction dans ce film est particulièrement laborieuse, le Gaston de cette version s'appelle Perducas (je viens de googler) et pendant tout le film je comprenais Père Ducasse. Je ne vous dis pas comment la street cred du méchant en prenait un coup à chacune de ses apparitions.
D'un point de vue visuel, la déco et les effets spéciaux sont plutôt très bons, surtout pour une production française et pour son budget "correct". Cet aspect est malheureusement constamment contrebalancé par une photographie plongée dans la pénombre, mais pas des clairs obscurs faits exprès c'est juste sombre, ainsi qu'une réalisation qui montre des envies mais qui n'arrive pas à suivre. C'est filmé plutôt platement en général et par moment ça s'emballe et ça devient presque bien à ce niveau. Mais à chaque pano, y a un mouvement bizarre qui me donne l'impression d'entendre la caméra couiner. Mais je suis certainement dégénéré pour sentir des trucs pareils.
Malheureusement la déco, ça fait pas tout. L'important c'est de mettre tous les effets au service de ce qu'on raconte. Et là, ben purée ça s'effondre méchamment la gueule.
Bon, je suis pas un ayatollah du "respect" de l’œuvre original, mais quand tu t'appelles
La Belle et la Teubé et que les deux personnages principaux ont 10 minutes de dialogues ensemble, que la Bête se comporte à chaque fois comme le dernier des salopards et ne montre quasiment jamais ses bons côtés... Je ne suis peut-être pas spécialiste de l'amour mais dire "offre toi à moi, peu importe que ce soit contre ton gré c'est qu'une question de temps avant que tu ne me succombes", je crois pas que ce soit la chose à dire pour transpirer le romantisme et donner envie à la jeune fille en face, ben, genre, de t'aimer... je sais pas, je dois être vieux jeu quand j'arrive à la fin où à travers tout son talent pour incarner les connasses insupportables Léoux Seyda dit "je vous aime" et que j'ai l'impression de débarquer dans la salle tellement j'ai pas vu le même film avant. On sent que tout le monde y croit à fond dans cette histoire d'amour, alors moi non plus.
En revanche, Perducas affronte des géants de pierre dans des séquences qui doivent encore plus puer la misère que le dernier Bryan Singer ; Vincent Cassel a droit à plein de flash-back de quand il était homme afin qu'on t'explique bien tout et qu'on se montre sa gueule d'acteur suffisamment tôt pour que les débiles qui voulaient voir le film
La Belle et le Cassel ne soient pas déçus ; y a une voix-off qui te remplit le bec de ce que toute la réalisation échoue à faire passer à travers les images ; y a des peluches kawai qui deviennent les BFF de Belle, enfin c'est elle qui le dit à travers la voix-off parce que c'est limite s'ils se croisent dans tout le métrage... On sent bien leurs priorités, aux gens qui sont responsables de ce film. Mais j'ai des doutes quant à la pertinence de leurs choix...
En résumé, ne vous jetez pas dessus, jetez le à la poubelle et repartez faire tourner la version de McCocteau, DJ de l'amour un peu plus talentueux que la soupe numérique servie ici.