Voilà ! Je sors d'une avant-première du film Broly. Une petite surprise dans la mesure où j'ai su qu'il passerait à mon cinéma peut-être quatre heures avant.
Du coup... Bah ce n'était pas désagréable. J'ai passé un plutôt bon moment. J'avais quelques attentes particulières et on peut dire que je les ai eues. Difficile donc pour moi d'être hautement déçu. ^^
Autant le dire d'avance, ça va spoiler.
Le film se divise en deux grands segments. Le premier retrace les événements de la planète Végéta ainsi que la présentation et la mise en place des anciens et des nouveaux protagonistes. Quant au second à vrai dire, c'est ce à quoi tout le monde s'attendait... BASTON ! Et croyez-moi, si pour vous DB se résume à cette seconde approche, vous allez en bouffer ! Les chorégraphies sont plutôt sympathiques et ça bouge pas trop mal, mais à partir du moment où l'un des protagonistes va déclarer que maintenant "C'est une histoire de guerriers.", vous n'allez quasiment plus avoir le temps de respirer. Ce segment en deviendrait presque le "Fury Road" du film. De ma bouche, ça ne sonne pas comme un reproche (j'adore Mad Max Fury Road), mais j'avoue qu'au bout d'un moment, je frisais un peu l'indigestion concernant Broly et ses copains.
à mes yeux, la première partie est de loin la plus intéressante du film. Sans surprise, on reprend presque à la case près tout le sympathique chapitre de Dragon Ball Minus et en ajoutant quelques scènes supplémentaires centrées sur le roi Végéta et sa cour. Très chouette ! Qu'il est de bon de voir l'organisation sociale saiyan aussi bien au niveau royal que chez les guerriers plus modestes. C'est pas mal joué je trouve car le film appuie bien qu'ils sont tout de même des sales types (ils allaient déjà conquérir des planètes avant l'arrivée de Cold) en dépit d'une forme "d'humanité" qu'on leur octroie (des gens à une table discutant de choses et autres, chacun à son petit travail, etc...) et même si tous ne sont pas des brutes épaisses avides de sang. Pareil pour le roi Végéta, il reste foncièrement quelqu'un de mauvais et n'est jamais qu'un monarque belliqueux qui a été maté par plus tyrannique que lui. C'est à mon sens bien géré. Cette gestion de l'empathie se retrouve aussi du côté des soldats de l'armée de Freezer. Une armée encore en reconstruction suite à la résurrection du tyran et faisant suite directe avec les événements du dernier arc de la survie avec les huit univers s'affrontant. On y découvre quelques conseillers apportant une petite pointe d'humour mais surtout de nouveaux soldats et plus particulièrement deux d'entre eux recrutés bon gré mal gré dans cette armée. La première n'y est présente que pour échapper à la patrouille galactique suite à un vol de vaisseau spatial dont elle est responsable (un personnage qui n'est pas sans rappeler Nami quand elle avait encore de l'activité au sein de l'équipage) et le second un vétéran de l'armée à l'époque du Roi Cold et n'étant en rien un guerrier. Deux personnages apportant eux aussi un nouveau souffle au récit car n'étant pas des personnes fondamentalement mauvaises au sein de l'organisation à laquelle ils appartiennent. Freezer lui-même gagne un peu en nuance et se montre sous un jour assez peu commun à d'habitude. Quelque part, ça fait sens dans la mesure où déjà depuis le dernier arc du tournoi, il est clairement représenté comme un rival à Goku et Végéta, aillant cette fois un parcours où il est amené lui aussi à gagner en puissance pour conquérir les planètes et affronter de nouveau les deux saiyans. ça marche plutôt pas mal et cela offre une petite scène assez drôle entre lui et Goku. ^^ Et forcément, celui que tout le monde attendait au tournant, la réécriture du personnage de Broly. Et si on ne peut pas dire qu'elle casse trois pattes à un canard, elle reste autrement supérieure à ce nous offrait le premier film le mettant en scène. Oubliez la coquille vide qui n'arrêtait pas de hurler le même mot tel un PKMN. Cette fois, Broly a un vécu qui lui donne un peu de consistance même si son pendant "Hulk" est toujours de la partie, mais là aussi, c'est globalement mieux amené avec quelques petites nuances en plus.
Un bon point aussi sur le background du film et plus particulièrement la planète où Broly est abandonné. Qu'il est bon de revoir des monstres digne d'un Dragon Quest. Toriyama utilise peut-être un générateur aléatoire de personnages lorsqu'il fait un chara-design, mais quand il dessine des créatures monstrueuses, c'est toujours un réel bonheur. Une faune hostile toujours appréciable et qui continue de nourrir agréablement le Dragon World. ça change des artistes martiaux en quête éternelle de puissance. Et comme ces nouveaux monstres sont très peu nombreux, autant en profiter.
Un autre point que j'ai beaucoup apprécié dans ce film, c'est la gestion des personnages sans "puissance brute" qui font avancer le récit à leur manière sans forcément empêcher les gros bills de faire le show. Et c'est vraiment cool car cela permet de mettre en avant des "normal guys" en tant qu'adjuvants et avec un rôle déterminant. Je ne le redirai jamais assez, mais ça nourrit autrement l'oeuvre, lui apportant un peu de diversité dans la manière d'amener les événements et de potentiellement résoudre les conflits.
Pour les grosses batailles de la deuxième moitié du film, il y a clairement à boire et à manger. Il est plutôt appréciable de voir Goku avec quelques nouvelles techniques qui sortent un peu des habituels kaméhaméha. ça va très très vite et j'oserais dire presque trop. Il suffit d'un clignement des paupières pour que Goku et Végéta perdent leurs hauts sans que l'on comprenne pourquoi. C'est la même chose pour d'autres petits détails similaires qui dans le fond ne change pas la tournure des combats mais qui accentuent l'hyperactivité des joutes. "Tel personnages ne portait pas une armure il y a à peine deux secondes ?", "On s'en fout ! Regarde ! BASTOOOOOOOOOOOOON !" répondra le film. Et mine de rien, suivant comment les choses sont amenées, la destruction de certains accessoires et de certaines transformations corporelles amènent à leur manière une forme de narration pouvant accentuer la puissance du personnage. Il n'y a qu'à prendre toutes les transformations en super Saiyan par exemple. Dans le film, c'est tout simplement expédié car tout simplement pas le temps de faire un focus. Tout est placé sur le rythme et la vitesse des combats. C'est un parti pris assez audacieux mais qui potentiellement peur laisser certains spectateurs sur le carreau. Après, toutes les transformations ne sont pas passées à la trappe comme je viens de l'expliquer, mais il suffit que les combats prennent leur vitesse de croisière pour ne plus pouvoir s'arrêter. Et quelque part, c'est complètement cohérent car à l'image même du personnage star du film, Broly, où le guerrier inarrêtable une fois qu'il est lancé, faisant fi de ce type de détail finalement assez infime quand lui-même est au cœur de l'action. ça se tient, mais ça donne aussi le sentiment que le film est conscient qu'il lui reste peu de temps avant sa conclusion. Et le film, il est là pour montrer des demi-dieux qui se tapent dessus et qui en profite pour redessiner la topographie de leur arène naturelle. Une banquise ? Où ça ?
Ceci-dit, il y a tout de même des points qui font un tantinet tache pour moi. Ce rythme effréné dans les combats donne à certains échanges de coups un côté burlesque où l'on se demande si c'est voulu ou non, façon Cylindric le germain dans Les 12 travaux d'Astérix. Ou alors, de temps à autre, c'est comme si des scènes avaient été coupées au montage notamment le fameux moment où Bardock fait face à Freezer pour empêcher la chute de sa boule de la mort sur la planète Végéta. On le retrouve directement dans l'espace avec l'armure détruite et à moitié amoché alors que deux secondes avant il était sur la terre ferme encore en un seul morceau. C'est comme si les créateurs s'étaient dit qu'on connaissait déjà ce passage donc inutile de le remettre. Vraiment très étrange. D'un point de vue plus visuel, c'est sombre, presque beaucoup trop. Une gestion des clairs obscurs vraiment particulière, surtout sur le début dans le château de Végéta. J'ai fini par me demander si c'était un problème de projection. Il y a aussi cette gestion de Bulma et dont la seule punchline ainsi que son objectif dans le film sont d'une vraie tristesse de la part des auteurs quand bien même cela trouve un écho chez un autre personnage plus tard. C'est juste nul de la limiter à ce qu'elle dit et fait dans ce film. Et que dire de quelques autres personnages secondaires où on se demande ce qu'ils viennent faire là à part peut-être pour rappeler qu'ils existent. Mention spéciale à Piccolo qui "pop" de manière un peu aléatoire et qui sert, littéralement, de point relais même si, d'un certain point de vue, cela peut faire sens. Il n'empêche que cela en devient presque risible ! Que dire aussi de certains hoquets du film par rapport à la saga principale, comme si notre voisin de cinéma nous donnait de gros coups de coude et nous interpellant d'une voix peu discrète "T'as vu ? T'as vu ? C'est comme dans le manga !!!".
Mais je pense que ce qui m'a sauté le plus aux yeux, c'est qu'on en est venu au point où l'exploitation de la licence DB a atteint un nouveau pallier. Dragon Ball, d'une certaine manière, se "marvelise", ce qui expliquerait un peu le traitement expéditif de certains personnages que l'on reverra potentiellement plus tard et un peu plus en lumière. Bien que le film ne possède pas de post générique, il laisse entrevoir encore plus que ce qu'on a vu en 1H35 de film. Certes, Battle of the Gods faisait pareil, mais nous étions sur la relance d'un univers, presque une remise à zéro en un sens. Là, très clairement, ce film fait office d'introduction à une autre aventure, comme s'il ne pouvait se suffire à lui-même là où La résurrection de Freezer (film moyen me concernant) avait une conclusion "satisfaisante" même si simple au demeurant. Et c'est vraiment très étrange car cela donne un peu un goût d'inachevé. Le film se finissant très brutalement alors qu'il a été un véritable berserker durant tout son segment baston.
Quoiqu'il en soit, ce film se révèle tout de même sympathique. C'est pop-corn, défoulant, fan-service, survitaminé et avec tout de même quelques personnages qui sortent agréablement leurs épingles du jeu. Il n'est absolument pas parfait mais si l'objectif principal était de réintroduire Broly sous un jour plus avenant, le pari est remporté haut la main. Et dans le fond, c'est surtout ce qu'on lui demandait. On va enfin pouvoir oublier sa première ébauche qui faisait sacrément office de hochet pour pouvoir enfin se tourner vers l'avenir.
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Love Like You - générique complet
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