Île des Mouettes, Grandline
L'après-midi démarrait dans le calme et la paix, comme d'habitude, pourrait-on dire. Ce n'est pas pour rien que l'île des Mouettes est déserté par tout être vivant autres que ces oiseaux : il ne s'y passe absolument rien, et comme si cette monotonie insupportable ne suffisait pas, il fallait en plus que toutes ces mouettes soit plus débiles les unes que les autres... C'est d'ailleurs pour cette raison que le Gouvernement Mondial ne la reconnaît pas officiellement.
Mais ce jour-là, les choses étaient différentes. En effet, un événement exceptionnel vint troubler l'harmonie de cette île, et les mouettes n'en sortirent pas indemnes. Avis aux amateurs de chasse aux pigeons, ce chapitre est fait pour vous.
Alors que les mouettes vaquaient à leurs occupations respectives – c'est-à-dire pas grand chose – un objet volant non identifié arriva dans l'atmosphère terrestre et s'écrasa au centre de l'île. Le choc dû à l'impact forma ainsi un immense cratère d'un diamètre d'un moins dix mètres et d'une profondeur de quelques mètres. Le paysage avait ainsi été bouleversé : des troncs et des branches calcinés jonchaient le cratère, tandis que certains arbres s'étaient simplement effondrés les uns sur les autres pendant que les mouettes s'affolaient.
Au fond de ce creux se trouvait une boule noire. Elle était parfaitement arrondie, et sa taille laissait penser qu'un humain pouvait y tenir facilement assis. Mais était-ce sa fonction ? Rien ne le laissait penser, aucune ouverture n'étant visible à la surface de cet objet spatial. Pourtant, celui-ci s'ouvrit bel et bien, une partie de sa surface s'étant abaissé, laissant s'échapper ce qui semblait être de la fumée tout ce qu'il y a de plus normale. Une masse sombre se distinguait de ce brouillard et commençait à avancer pour justement en sortir. Ce qui sortait de cet engin atypique avait la physionomie d'un humain, mais ça n'allait pas plus loin : tout le reste, chez cet énergumène, semblait plutôt tiré des... Pandas. Fourrure de panda, couleurs de panda, oreilles de panda. Cet être mi-homme, mi-panda portait des lunettes de soleil ainsi qu'une ceinture où se trouvaient plusieurs gadgets, tous ayant quasiment une allure d'arme à feu.
Ce mystérieux personnage resta immobile quelques instants, puis pris l'initiative d'enlever ses lunettes. Avec un grand sourire béat, il dit alors :
« Bordel, mais où je suis ? »
Sur ces quelques mots d'une poésie et d'un raffinement assurément inégalables, il remit ses lunettes et reprit sa marche silencieuse. Les mouettes le regardaient, perchées dans les arbres, et elles ne semblaient plus terrifiées, mais intriguées, voire intéressées. Par quoi ? La mouette a ses raisons que la raison ignore. Quoiqu'il en soit, notre hybride de service remarqua cet engouement collectif, et s'arrêta. Il se retourna ensuite, remarquant que toutes les mouettes étaient passées derrière son dos : celles-ci semblaient clairement décidées à le transformer en hachis pour en faire un bon repas - probablement une mousse de panda à l'estragon.
« Amoua ! cria une mouette en fonçant vers sa proie.
- Amoua ! fit une autre.
- Amoua ! Amoua ! Amoua ! hurlaient toutes les mouettes. »
Vous l'aurez compris, toutes ces rieuses s'attaquaient à ce personnage énigmatique !
...Toutes, en même temps. Dois-je vous rappeler que ces mouettes sont débiles ? Beaucoup d’entre elles se fracassaient les unes contre les autres, d'autres avaient évité ce carambolage aérien en finissant par se prendre un arbre. Au moins deux tiers des mouettes venaient de se mettre KO toutes seules.
Notre bonhomme aux lunettes de soleil laissa paraître un sourire sur son visage tout en se frottant les mains, tandis que les goélands arrivaient de part et d'autre.
« J'adore déjà l'ambiance de cette île ! »
Attaqué par la gauche et par la droite, celui-ci sortit alors de sa ceinture deux pistolets, l'un étant d'un bleu glacial, l'autre étant d'un rouge flamboyant. Il semblait sûr de lui, et tendait chaque bras d'un côté où les mouettes attaquaient. Il appuya sur les deux gâchettes en même temps : à gauche, les mouettes furent givrés, formant une immense sculpture de glace, tandis qu'à droite, les oiseaux restants furent brûlés, calcinés, cramés, cuits sur place. Ce faux panda rangea alors ses armes et se dirigea vers la droite, prenant aux passages quelques mouettes bien cuites qu'il dévora avec plaisir.
Il arriva quelques minutes plus tard à l'extrémité est de l'île. Il avait emporté avec lui un reste d'arbre déraciné par son arrivée brutale sur Terre.
« Bon, ben voilà. J'ai un morceau d'arbre, j'ai qu'à me dire que c'est un bateau ! dit-il avec un grand sourire en mettant son "embarcation" à la mer. Il grimpa alors dessus et se laissa aller au fil des courants marins. »
En pleine mer, quelques heures plus tard
L'homme-panda, qui était étalé de tout son long sur son rondin flottant, avait la tête penchée en arrière et semblait mourir de faim, et d'ennui par la même occasion. Il entendit alors des mouettes et se dit qu'il allait pouvoir manger un petit en-cas à base de goélands. Il releva donc la tête pour que ses yeux confirment ce que ses oreilles avaient entendues, et devant lui se dressait une île où on pouvait apercevoir un immense bâtiment central.
Sur la façade de ce bâtiment, il était écrit "MarineFord".