Question très intéressante, j'apporte ma pierre à l'édifice avec plaisir !^^
Pour moi, la fin est indéniablement importante, et l’auteur doit au moins savoir dans les grandes lignes vers où il veut aller quand il commence son histoire, parce que c’est ce qui va donner du sens à tout ce que vont traverser les personnages. Par exemple, dans le cas de
The Seven Deadly Sins, quand on voit toutes les histoires de fausses fins, de
Gaiden qui ne sont pas sortis (dont celui du personnage principal quand même !) mais aussi de la grosse chute de qualité à partir d’un moment, on sent que l'auteur s’est écarté de la fin qu'il avait prévue à la base, en rafistolant pour correspondre à la suite qu'il va commencer dans quelque temps et qui n'était très probablement pas dans ses plans au départ. Ça me laisse un goût très amer, je ne vais pas le nier : le fait de préparer une suite ne devrait pas être une excuse pour faire une fin aussi insatisfaisante dans l’œuvre de base
(Edit : apparemment j'avais tort sur ce point, la suite était prévue depuis longtemps, mes excuses. Ça ne change pas énormément mon ressenti sur la fin, mais ce sera probablement intéressant de savoir exactement ce qui a été changé pour peut-être mieux la comprendre).
Malgré tout, on aura eu des moments excellents avec des dessins super beaux, et personnellement j'arrive à les isoler pour donner un « gris moyen ». Peut-être que c’est parce qu’ils ne sont pas directement liés aux derniers chapitres plus controversés^^.
Pour
Go-Toubun no Hanayome en revanche, j'ai plus de soucis avec la fin parce que comme je l'ai expliqué dans
mon message sur le sujet, il y a eu des choses attendues qui ne sont jamais arrivées ou qui ont été expédiées trop rapidement, sans compter l'apparente incohérence dans le caractère des personnages (« n’apporte pas les résolutions attendues » et « trahit la psychologie et l’évolution des personnages » pour reprendre la vidéo envoyée par Schrödinger). Et là pour le coup, même si j'ai oublié pas mal d'éléments de l'histoire, cette fin me contrarie énormément. Contrairement à
The Seven Deadly Sins,
Go-Toubun no Hanayome avait un enjeu final fixé dès le début avec la future mariée, sans aucun doute sur le fait qu’il s’agissait de la conclusion et que tout amènerait à ça. Du coup, l’histoire forme un ensemble beaucoup plus lié (laquelle sera la mariée et la façon dont on y arrive), qui se dissocie bien plus difficilement de la fin : cette dernière n’ayant vraiment pas convaincu en ce qui me concerne, c’est beaucoup plus compliqué de se souvenir des bons moments puisque je ne peux pas m’empêcher de me dire : « Ouais, mais vu comment ça tourne après… ». Peut-être que ça serait beaucoup mieux passé si le gros enjeu de l’œuvre n’avait justement pas été la future mariée, même si là du coup on enlève l’une des choses qui fait son originalité, ce qui n’est pas forcément souhaitable.
C’est tout à fait compréhensible de ne plus aimer une œuvre à cause de sa fin. Personnellement, comme beaucoup ici, j’y attache souvent beaucoup d’importance et considère qu’une mauvaise fin peut vraiment complètement changer mon opinion. Par exemple, même en me remémorant des bons moments,
The Seven Deadly Sins est passé d’un très bon manga à une œuvre plutôt moyenne, encore pire pour
Naruto et
Go-Toubun no Hanayome.
Malgré tout, il y a quelques cas où cela m’affecte moins, par exemple
Saiki Kusuo no Psi Nan : la fin ne m’a vraiment pas convaincu (pour le même genre de raisons que
Go-Toubun no Hanayome) et a indéniablement fait baisser la note que je voulais lui donner, mais je garde quand même un bon avis sur l’œuvre. La raison, c’est probablement que le scénario avait moins d’importance que les vannes pour moi. En somme, le trajet importait un peu plus que la destination, comme souvent dans ce genre d’œuvre (même si je n’excuse pas pour autant la façon dont ça s’est terminé, et je n’accepterais jamais d’entendre que la fin d’une œuvre n’a aucune importance sous prétexte que c’est de la comédie ou autre). Cependant, c’est beaucoup moins le cas pour
The Seven Deadly Sins,
Go-Toubun no Hanayome ou même beaucoup d’œuvres dont le scénario, l’univers et les personnages sont quand même souvent ce qui nous intéresse, et qui n’ont donc pas le droit à l’erreur dans leur fin puisque cela vient conclure le développement de ces éléments et justifier tout ce qui a été vu jusqu’à présent (le voyage). On peut isoler des moments sympas, mais ça ne fera jamais disparaître ce qui a été causé par une mauvaise fin.
Pareil pour
One Piece qu’Enitu évoquait : la fin ne retirera pas les moments épiques/drôles/émouvants individuels qu’on a eus au cours du voyage, mais si elle venait à gâcher tout l’univers établi, avec les mystères entretenus pendant des années etc., ou à faire sentir que le (très long) voyage n’en valait pas la peine par exemple, ce serait forcément une grosse perte.
À l’inverse, je trouve ça vraiment cool quand une œuvre a réussi sa fin : même si le trajet en lui-même n’aura pas été aussi extraordinaire qu’avec d’autres, rien que le fait d’avoir une fin qui vienne parfaitement conclure l’histoire fait du bien. Pour moi, faire ça est bien plus valorisant que faire un voyage super au début pour ensuite avoir une destination ratée.
Bref, je dirais que trajet et destination sont toujours liés dans une certaine mesure, et qu’une mauvaise fin impacte obligatoirement en négatif le regard qu’on a sur le reste de l’histoire, et inversement si elle est satisfaisante. Cependant, en fonction de l’œuvre (si le scénario principal n’avait pas beaucoup d’importance) ou de ce qu’on recherchait soi-même en la regardant, on peut peut-être plus ou moins continuer à l'aimer malgré tout^^.
Keisuka_Watsushi a écrit:
De manière globale je trouve qu'aujourd'hui, trop d'auteurs veulent tout expliquer et sur-expliquer leurs œuvres pour ne pas perdre leur public. C'est une chose qui m’agace au plus haut point. Et l'une des raisons pour lesquels j'ai généralement beaucoup de mal avec les shonen.
Je vois ce que tu veux dire. Pourtant, laisser quelques éléments sans réponse peut vraiment être une bonne chose : ça permet de faire réfléchir le spectateur, faire travailler son imagination, créer des débats super intéressants, etc. Je suis d'accord pour dire que beaucoup d’auteurs ne se rendent pas compte de cet aspect-là. Je me souviens d’un roman thriller que j’ai lu il y a presque deux ans nommé
Puzzle : on a une révélation à la fin qui, à défaut de m’avoir totalement convaincu, permettait de réinterpréter beaucoup de détails disséminés dans l’œuvre. Ça pouvait vraiment faire réfléchir et donner des débats intéressants… avant que l’auteur ne fasse un dernier chapitre pour expliquer, via un personnage du roman, tous les éléments flous, en prenant soin de ne laisser aucune ambiguïté. J’ai pensé que c’était une erreur bête, et pourtant l’auteur (Franck Thilliez) est apparemment reconnu pour ce type de livre (je précise que je lis très peu de romans, un ou deux par an tout au plus, j’ai vraiment très peu de connaissances là-dessus). Là pour le coup, je n’ai plus du tout envie de relire le livre pour chercher les petits détails et y réfléchir, puisque toutes les explications ont déjà été données sans équivoque…