Petit aparté sur la saison 7 en elle-même et ce qu'elle implique dans son écriture et son rythme. Je vois beaucoup d'articles apparaître s'inquiétant de l'accélération de la narration, et je suis parmi ceux qui s'en réjouissent. La saison 5 (et mi-saison 6) traînent beaucoup trop en longueur et certaines trames narratives passaient pour des fillers, comme le face-à-face Jaime/Tully (qui est sensé dans les bouquins mais qui est une grosse digression dans la série), Arya qui nettoie un cadavre pendant cinq épisodes, Sam qui boit un coup avec son amoureuse, etc. La lenteur narrative alourdissait les deux dernières saisons, qui voient tous les "héros" défaits, les poussant à tout recommencer à zéro (Tyrion est refait prisonnier, Dany retombe en esclavage, Jon meurt et perd la confiance de ses hommes, Arya perd la vue, Sansa quitte une proie pour retomber dans les griffes d'un prédateur sexuel, Bran doit fuir son repère d'urgence, tout King's Landing est paralysé par Sparrow, etc.) Bref, ce problème d'écriture est donc terminé, puisque les scénaristes n'attendent plus la publication des nouveaux tomes et sont enfin libres d'imposer leur rythme et d'aménager les histoires à leur guise.* La fin de la saison 6 signait la fin de l' "ancienne génération" et tous les jeunes acteurs reprennent les choses en main pour devenir les acteurs principaux de l'Histoire à l'échelle mythologique, politique et militaire. J'inclus également Cersei qui était brimée soit par sa famille (père et fils) soit par son peuple (religion). La série change donc dramatiquement de "genre", et axe ses rapports de force de manière bien plus brutale et violente qu'auparavant. Autrement dit, on passe d'une Cersei calculatrice et manipulatrice à une Cersei main de fer et explosive. Donc plus aucunes d'attentes, les personnages sont en mesure d'obtenir ce qu'ils désirent et ne prennent plus de détours. Leur entraînement (réel ou symbolique) est terminé. Il est temps de l'appliquer. La saison sept est donc partie pour être expéditive et ses changements seront radicaux.
Pour l'instant, j'adore !! Le premier épisode m'a beaucoup, beaucoup inquiété par son manque d'enjeux (les gentils ne sont jamais en danger). Mais l'épisode 2&3 changent la donne ! Très très très osé de la part des scénaristes de renverse totalement le rapport de force entre les deux camps. Chaque épisode introduit des événements énormes (
Arya et sa louve, Dany et Jon, etc.)
Pour ce qui est de la grande histoire (Dany, Jon, Bran, Tyrion) je me fais peu de soucis. Leur histoire s'inscrit dans une mythologie en devenir, et leur destin semble tout tracé. Je suis plus intéressé par les "petits" héros qui persistent malgré leurs multiples intempéries.
A commencer par Theon, qui ne semble jamais vouloir mourir. Je me demande encore s'il servira d'atout surprise dans une grande bataille
qui sauverait sa soeur de l'emprise de Cersei
, ce qui lui permettrait de prouver sa virilité (enjeu qui était présenté avant même son émasculation). Ou alors est-il condamné à jamais à rester un loser et à s'effacer devant sa soeur ? Plus probable, vu qu'il n'excelle pas au combat ou en stratégie militaire.
Jorah. Là encore,
sauvé d'une mort imminente, une fois encore. Mais pourquoi ? Que peut-il apporter de plus à Dany ? Elle a déjà accepté de faire alliance avec Jon Snow. Donc quoi ? Reviendra-t-il la sauver en personne pour se racheter ? Pour diriger son armée ? (elle manque sérieusement de commandants militaires intelligents)
Quant au sort de Sansa, je m'interroge. D'une part, on lui offre l'opportunité de diriger le royaume qui lui est dû et de prendre les reines, pour la première fois de sa vie. Je suis donc curieux de voir comment son histoire va se développer. On comprend assez vite par ailleurs qu'une confrontation entre elle et Littlefinger - qui ne sert plus à rien puisque le "jeu de trônes" n'est plus un enjeu majeur de l'histoire, du moins qui ne passe plus par le filtre de la manipulation dont il est maître - est inévitable. Mais j'ai du mal à y voir un intérêt: il est peu probable qu'elle se retourne contre sa famille, quand bien même Jon ou Bran prendraient des décisions qui desserviraient les intérêts de Winterfell. D'autre part, elle traîne sa réputation de boulet tête-à-claque vouée à commettre de grosses bourdes. C'est la Stark la moins exceptionnelle (oncles compris), donc vouée à l'échec, voire la mort ? Arya, Jon et Bran ont une destinée qui transcende leur famille et l'intérêt de leur peuple, tandis que Sansa... bref je la vois bien foutre en l'air l'armée de Jon tout en tuant Littlefinger, quitte à disparaître avec lui.
*On peut aussi s'interroger sur les problèmes que posent l'écriture non-canonique: trop de "fan service" (entendre ici: résolution simpliste des enjeux complexes par un personnage adoré par le public + "vengeance" des opprimés de manière trop violente et qui ne remettent plus en question l'empathie inattendue pour les antagonistes initiaux) et trop de "hasards" narratifs mal expliqués et bien commodes.