Tome 23Depuis le temps qu'on l'attendait (en tout cas, moi, je l'attendais), il est finalement là, sous nos yeux ravis, et ébahis. Ravis de voir enfin la suite se profiler, et ébahis par la claque que nous met ce tome... Oui d'ailleurs, attention, je risque de spoiler pas mal, vous êtes prévenus.
Malgré mon apparente excitation, je vais commencer par du négatif, parce que oui, il y en a, et il y en aura certainement toujours. Ici en l'occurrence, je pense que le problème était inévitable, et lié à l'attente créée par le temps énorme qui s'est écoulé entre ce tome et le précédent : nous, lecteurs, avons été laissé là, comme ça, livrés au mystère de ces trois portes gigantesques et souterraines, tandis que le duo de Goultard était poursuivi par le dangereux Enutroïde. C'est vrai que tout ça était mystérieux, ça donnait vraiment envie de lire la suite, et le début de ce tome 23 ne fait qu'accentuer cette envie, jouant sur sa sortie tardive pour nous présenter, en début de tome, un bilan de la situation de tous les personnages encore en lice, nous rappelant ainsi l'existence des dieux, qui se foutent complètement du bordel ambiant qui règne chez les humains, Katar et Léthaline, espionnant de loin, encore une fois nos héros, ou encore Atcham, qu'on aurait presque pu oublier si son entrée en scène, deux tomes plus tôt, n'avait pas pété la classe.
En bref, ajoutez à l'attente le début prometteur de ce tome, et ça donne de grosses, très grosses attentes concernant la résolution des intrigues en cours. Des attentes hélas en partie déçues pour ma part, puisque ces portes sont pour ainsi dire des pétards mouillés, elles sont ouvertes facilement, et n'offrent aucune résistance : on pouvait s'attendre à des découvertes, ou en tout cas des antagonistes qui claquent, derrière ces portes, mais il n'en était rien, elle menait toutes à la même pièce au final, permettant aux héros de se retrouver littéralement deux heures après leur séparation. Et l'Enutroïde dans tout ça ? Un pétard mouillé également, il est ridiculisé par Dodge et Goultard puis laissé de côté un long moment. Je m'attendais à voir les protagonistes en mauvaise posture, pris en sandwich entre l'Enutroïde, gardien des grottes, et Ala Babi, ennemi des souterrains... Mais une fois encore, c'était trop attendre.
Ne boudons cependant pas notre plaisir : j'ai dit que mes attentes ont été
en partie déçues, et c'est là que réside une nuance majeure. Dans la catégorie des éléments scénaristiques auxquels je m'attendais pas, il y a bien Ala Babi et sa clique... C'est tout bête comme idée, mais Tot a su nous surprendre concernant ce personnage, à la fois seul, et accompagné de multiples renforts, grâce à son Dofus évidemment. J'ai également aimé voir les auteurs joué sur les clichés des shonens, avec les épreuves multiples, les étages à traverser, avant de vaincre le boss final : ici, c'est bien ce que prévoyait Ala Babi, mais manque de bol, il a fait une mauvaise chute, et nos héros n'ont donc pas eu à passer par ses sbires pour l'affronter. Cet ennemi, qui semble faible, est extrêmement doué dans la fourberie, décuplée par son Dofus, et c'est comme ça qu'il arrive à mettre Arty dans une position critique, et à inspirer Ejipe parce que c'est "un vrai Sram" (entre ça et la promesse qu'il s'est fait de tuer l'un de ses amis, j'ai hâte de voir la finalité de son intrigue personnelle).
Et c'est précisément dès qu'Arty est dans cette position de danger qu'on prend une grosse claque : en rêve, Arty rencontre ses frères dragons, et s'engueule même avec eux sur des divergences d'opinion... Ouais, rien que ça, il discute avec les autres Dofus. Et ça, bordel, ça m'a vraiment étonné, quand j'ai vu ça, j'avais la bouche béante, c'était dingue. De plus, une intensité se dégage de leur conversation, on sent que la fin du monde, provoquée par le Cornu Mollu, est imminente. Puis Arty se réveille, devient celui qu'il a toujours été, faisant passer ainsi un beau, et certes classique message, sur l'acceptation de soi, prenant une forme hybride, avec des ailes, entre dragon et humain, puis Ala Babi est battu.
Et c'est là également que l'intrigue prend un tournant inattendu : fini la quête des Dofus linéaire, puisque Arty doit trouver ses frères pour les convaincre de les laisser lui et ses amis utiliser les Dofus pour combattre le Cornu Mollu, tandis que tous les autres, hormis Lily, qui veut accompagner son bien-aimée, se mettent en quête des oeufs suivants. Le tome finit d'ailleurs sur un câlin groupé, pas niais pour un sou, nous permettant d'avoir une conclusion en douceur, alors que le prochain tome, notamment au vu de son titre, promet assurément du lourd, du plus lourd encore. Petite dédicace par ailleurs à Katar et Léthaline, qui forment toujours un duo comique fantastique, et qui ne devraient, au vu de leurs paroles, pas tarder à passer à l'action, et ainsi foutre le bordel, mêlant probablement Atcham à leurs histoires.
En bref, en tome qui commence très bien, notamment grâce à toute l'impatience et les attentes accumulées, qui s’essouffle et déçoit rapidement, avoir de nous remettre quelques claques bienvenues. En somme, c'est un véritable ascenseur émotionnel, et je vous le dis tout net, j'en redemande.