Ça y est, le récit réaccélère. Sans doute pour terminer enfin ce second acte. Étonnement ce sont les funérailles de Komurasaki qui prennent le pas sur le reste. La venue de Linlin à la prison semble être sans incidence dans l'immédiat.
Le passage sur Oroshi et Kyoshiro m'a une fois de plus beaucoup plu. Leur relation est ambivalente. A ce chapitre nous est de nouveau reposé la question de la mort de Komurasaki. Que fallait-il faire ? Créer une exception au risque que cet antécédent ne devienne la règle ? Ou bien fidèle à sa gouvernance ne tolérer aucun écart au mépris de ses sentiments ? Oroshi est pris au piège dans cette problématique et souffre de la tournure des événements. Rappelons-nous, au départ il avait laissé une porte ouverte à Komurasaki en lui proposant de l'épargner si elle implorait son pardon. Elle avait refusé et même avait continué à le provoquer en exposant sa faiblesse. Fou de rage, il avait tenté de la tuer avant d'être interrompu. Et c'est alors Kyoshiro qui s'était attelé à la tâche. Si bien qu'Oroshi avait alors détourné sa colère contre lui avant de la rediriger vers Toko. Ainsi ce chapitre nous rappelle que l'altercation d'alors n'a pas été évacué mais qu'au contraire elle a engendré du ressentiment. De quel droit Kyoshiro s'était-il substitué au shogun ? En plus de commettre l'irréparable ? Le yakuza sur le moment avait répondu en substance que la loi ne s’embarrassait pas de savoir qui réparait l'affront fait au shogun — considéré comme un crime. En résumé était-il de son devoir si on extrapole que de tuer Komurasaki. En mettant de côté les motivations de Kyoshiro, on voit bien la dualité qui oppose les deux personnages et l'importance que prend cette dernière. Et on peut se demander : Komurasaki réapparaissant, cela réglerait-il le problème ? M'est avis que non. Certes son amour lui serait-il rendu, mais la raison qui a poussé le duo a vouloir la tuer, elle, n'a pas disparu. Je doute en effet fortement que Komurasaki change son positionnement. Elle s'interposera pour protéger une nouvelle fois Toko. Qui d'ailleurs ne perd pas au change puisque si elle n'est plus à l'origine de l'incident débouchant sur la mort de la courtisane, n'en reste pas moins celle qui a manqué à de respect au shogun, forfait doublé maintenant d'une filiation criminelle avec le célèbre Ushimitsu se révélant par la même un ancien daimyo rattaché aux Kozuki. C'est dire si Toko reste dans le viseur ! Et par conséquent il faudrait alors réitérer le choix cornélien d'alors : l'enterrer une bonne fois pour toute pour l'outrage causé ou la gracier par amour ? Et c'est sans compter que la situation aura évolué en ce que Komurasaki vivante, il faudra faire la lumière sur les conditions de sa survie. La question sous-jacente brûlant les lèvres étant : qui en est le responsable ? Qui a osé trompé le shogun ? Pour moi ce chapitre prépare cela en mettant l'accent sur la décision qui aurait dû être apporté pendant le banquet. On rejoue virtuellement le match précisément parce que celui-ci va être rejoué. Mais on se doute bien que cette fois-ci les choses ne vont pas se passer de la même manière, parce que notre épéiste préféré. L'occasion pour une affiche alléchante où Zoro combattrait Kyoshiro ? *__*
Par ailleurs, un point intéressant que je n'ai pas abordé est la réponse politique donnée par Oroshi. Fukurokuju le raisonne, abondant dans la direction de Kyoshiro. Il s'agissait du bon choix. Et le shogun revenant au calme et sonné par la révélation qui lui est faite sur Ushimitsu, décide alors de frapper un grand coup. Le but est double. D'une part poser Komurasaki et Ushimitsu ensemble, comme des criminels et donc acter définitivement le statut qui est le leur malgré que l'un et l'autre soient des figures populaires. En cela, le lieu de la prison est symbolique. Plus particulièrement je trouve pour la courtisane à qui voit son exceptionnalité relativisée malgré la présence d'une procession parcourant la ville. D'autre part, il s'agit de marquer les esprits en respect de la doctrine politique du shogun : s'occuper de ses ennemis avec une force écrasante pour imposer une autorité qui ne saurait plus être contestée. C'est pourquoi choix est fait de retransmettre les funérailles et l'exécution ensemble dans le pays entier. Le but est explicite, il s'agit de faire un exemple. Plus implicitement, de porter un coup à la rébellion en abattant une figure de l'ancien régime. Une survivance des Kozuki. Oroshi compte sans doute doubler la répression à l'oeuvre par un acte symbolique fort afin de tuer la rébellion dans l’œuf.
La méthode est féroce, brutale. Si écrasante qu'elle pourrait tétaniser l'ensemble de la population. Et on doit alors faire préciser l’hétérogénéité de la population en question. A qui s'adresse exactement le shogun ? On comprend bien que si les deux personnages sont des figures populaires, elles n'ont pas le même écho selon l'espace dans lequel on se trouve et selon la classe. Ainsi Ushimitsu est-il plus populaire en dehors de la capitale là où la pauvreté est la plus forte, tandis que Komurasaki pourrait avoir davantage de faveur dans la capitale où elle entretient une proximité avec ses habitants. Par ailleurs le rapport à ces figures n'est pas le même. Entre celui qui aura été la victime du célèbre voleur, qui ne volant que les riches appartiendra aux classes supérieures, et celui qui bénéficie de ses larcins. Constituant un objet de survie là où les habitants de la capitale ont un rapport plus distancié où il semble être réduit à un sujet d'extase. En cela, on conçoit alors que les deux personnages n'ont pas la même portée. Pas le même rôle symbolique non plus. Komurasaki représente une idée de l'unité nationale. Elle incarne dans les esprits une image sublimée de la femme, un modèle de perfection, se donnant à voir à Wa et à l'étranger comme une vitrine de la nation. Elle est adorée comme pourrait l'être une déesse. On comprendra alors à quel point il est important que son inscription en tant que criminelle. La prison devient un moyen de la faire descendre de son piédestal. Ushimitsu quant à lui est une figure de lutte contre la ségrégation et l'injustice sociale. Un héros populaire, un redresseur de torts à la marge qui lutte indirectement contre Oroshi en bravant un modèle de société savamment orchestré. Mais doublé à présent d'un double-statut qu'il nous tarde à découvrir puisqu'il se trouve aussi être Yasu'ie, un ancien daimyo affilié aux Kozuki. C'est de cette manière que les habitants de la capitale le reconnaissent et réclament sa grâce : la sanction serait inappropriée et déshonorante. Et c'est là où je veux en venir, aussi féroce et brutal soit le coup de force du shogunat, il pourrait — et il va — se retourner contre lui.
Plutôt que de constituer une stupeur laissant interdite toute la population, en lieu et place pourrait advenir l'étincelle mettant le feu aux poudres. Ce moment où saisi par le sentiment d'injustice, ne pouvant plus tolérer leur condition d'existence, cette dernière se soulèverait. Le danger est là pour Oroshi : en mettant sur un même plan deux figures populaires, en les criminalisant et en diffusant dans tout le pays l'enterrement et l'exécution, il risque de réaliser ce qu'il avait réussi à empêcher recourant à la doctrine de diviser pour mieux régner : réunir les populations de Wa autour de mêmes figures nationales iconiques devenues martyrs et les réunir contre lui. Le discours de Tonoyasu, l'intervention de Hiyori (et la résurrection de Komurasaki) ainsi que celle de Zoro pourraient être des déclencheurs.
D'ailleurs parenthèse, je me fais la réflexion que les escargotélédiffusion ont toujours eu une place particulière dans one piece. Ça s'est toujours retourné contre les organisateurs ou été en faveur des opprimés. BB pendant MF déclare que le one piece existe au plus grand dam de la Marine et du GM, l'expérience de CC à PH vire au fiasco et informe les sphères souterraine de sa capture par une alliance nouvelle, Fujitora grille le GM en assumant la responsabilité et en pointant une dérive institutionnelle. Comme si le média télévisuel était là où la vérité éclatait au grand jour, les artifices ne pouvant avoir lieu. Il y a bien tentative de manipulation, de désinformation mais à chaque fois le cours invraisemblable des événements prend le pas. L'information finie par ne plus être maîtrisée et ce qui doit apparaître apparaît. Au contraire du journal qui lui est le média où la vérité est constamment déformée ou cachée (censure, mensonge, propagande, désinformation, parti pris, ...). Fin de la parenthèse.
Cela dit, même si ça peut sentir le roussi pour le shogunat à terme, ils bénéficient tout de même de l'appui de l'empereur Kaido. Et je doute qu'il se prive de Wa pour soutenir l'effort de guerre. Il devrait y avoir au moins un soutien miliaire pour pourchasser la rébellion. Après, je me demande si Kaido en tant que dragon par exemple ne pourrait pas apporter une solution autre que militaire.
Enfin un petit mot sur le recrutement des alliés à Wa. Je ne crois pas avoir vu de recrutement en dehors de la capitale (bientôt à la prison). Luffy distribue la nourriture, mais visiblement personne ne cherche à les rallier. Est-ce dire qu'ils le sont d'office ? Ou bien parce que n'étant constitué que de femmes, enfants et vieillards ils ne sont pas intéressants ? Pour le moment, ils sont en quête de force militaire. D'où la fixation sur Shutenmaru. Mais peut-on se passer d'une partie large de la population pour faire une révolution ? Peut-être que je me trompe mais il me semble bien que seuls les habitants de la capitale sont recrutés. On n'a jamais été faire un tour vers les usines où logiquement se trouvent les hommes habitants hors de la capitale. Et puis je ne sais pas pourquoi je fais encore la réflexion, m'enfin bon... pourquoi n'y a-t-il pas de femmes dans la rébellion de Wa ? Je sens qu'il ne va y avoir que Kiku, Tama, Toko et Hiyori et aucune autre personnes, surtout pas anonymes, pour une masse de mecs.
darkjonass a écrit:
Oh non ! Luffy à mangé toute la soupe de haricots rouges, si Big Mom fait une crise à la prison elle va être dur à arrêter.
Et c'est encore Luffy qui lui sucre sa nourriture ^^
Bolin a écrit:
Comme pour Pound d'ailleurs Oda en profite pour traiter le thème de la relation entre un père et sa fille qui lui tient tant à cœur. On sait que c'est quelque chose d'important pour lui depuis Dressrosa et la naissance de sa fille. Je suis curieux de voir comment il va développer la relation entre Toko et Tonoyasu du coup !
Sans oublier Hideyori et Oden ou Kawamatsu en figure paternelle alternative. Pour l'instant ça semble bien parti pour correspondre. Le motif de l'absence est présent. A voir si on retrouve les modalités communes à Kyros et Pound : "rejet, invisibilisation et oubli, vie en marge, maintien d'un statut quo... avec toujours une fille avec laquelle il est impossible de maintenir la filiation/le lien".