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 Sujet du message: Soyons épicuristes !
MessagePosté: Mar 11 Aoû 2009 15:56 
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Approchez mes amis, approchez ! Ouvrez votre cœur et votre esprit ! Venez goûter au savoir inéluctable, et à la science éternelle de la musique ! Et non pas de philosophie, comme quelques uns auraient pu croire. Une dose d’élitisme pur et dur, de la vraie et de qualité, vous attend ici-même, à la lecture d’un sujet qui passera, assurément, inaperçu.

Qu’on se le dise de par les villes et les campagnes, par-dessus les terres et au plus profond des mers : les artistes les plus plébiscités ne sont pas toujours les meilleurs. Heureusement, sans quoi, les petits groupes ne trouveraient point de public, vous en conviendrez aisément. Bref, nous ne sommes pas en ce lieu, aujourd’hui, pour débattre de ce sujet, mais bel et bien pour qu’un énième artiste vous soit découvert.

Carpe Diem

Vous pourriez me taxer d’écouter des groupuscules sortis de derrière les fagots, que moi seul aurait eu l’idée de présenter. Et vous auriez raison, pour sûr ! Car, si on considère aujourd’hui Carpe Diem en tant que membre majeur du Rock Progressif français des années 70, peu écoutent encore ce collectif. C’est pourquoi une présentation de ce qui est, pour moi, une perle progressive, semble nécessaire.

Biographie

En 1969, le mouvement Progressif est en pleine ascension. En effet, le mouvement musical connaît de plus en plus d’adeptes, et le début des seventies ne fait que confirmer cette tendance. A Nice, plusieurs jeunes instrumentistes s’associent pour former un ensemble assez disparate, mais riche, musicalement parlant. Christian Truchi aux claviers et au chant, Gilbert Abbenanti à la guitare, Alain Berge à la basse, Alain Faraut à la batterie, et Claude-Marius David à la flute, au saxophone et aux percussions, sont les fondateurs du groupe Carpe Diem.

Les premières années ne sont point aisées pour les cinq copains : ils sortent, deux ans après leur formation, un 45 tours bien vite oublié, auquel s’ensuivent trois années de galère. Le groupe ne parvient pas à percer. Jusque 1975, quand ils parviennent à passer à la télévision pour jouer une de leurs productions. Un producteur les repère, et leur fait signer un contrat.

Mais à partir de 1977, tout se dégrade. Plusieurs départs mettent la stabilité du groupe à mal. Le groupe se dissoudra en 1979, les différents membres se tournant vers une vie plus commune. On sait que certains d’entre eux sont devenus représentants de commerce, décorateurs pour le cinéma, policiers… Pendant les dix ans de carrière, qui n’a jamais totalement décollé, il faut l’avouer, le groupe donna près de quatre cents concerts à travers la France, et laissa deux albums pour toute discographie.

Discographie

En regardant passer le temps
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Le premier des deux albums de Carpe Diem sort en 1975. En regardant passer le temps prend, justement, son temps pour développer ses fresques mélodiques : trois des quatre titres qui le composent avoisinent les dix minutes.
L’entrée en matière, instrumentale, de Voyage du Non-Retour, pose une partie des bases qui feront l’essence du groupe : mélodies complexes, aucun réel thème régulier, libre cours aux solistes, et caractère planant. Le rythme assez accroché de la batterie permet de passer un bon moment à l’écoute de cette composition mineure.
Réincarnation semble déjà beaucoup plus attrayant. L’introduction calme au clavier, rappelant les mélodies de boîtes à musique, nous plonge directement dans un univers parallèle, quelque peu futuriste. La chanson se découpe ensuite en une bonne demi-douzaine de thèmes différents se succédant, alternant force et langueur. La complexité du morceau, la superbe utilisation du saxophone et de la flûte, la cohérence globale, impressionnent. Néanmoins, les parties chantées agacent les oreilles, car ridiculement niaises : est ici développée l’histoire d’un robot pris de sentiments. Qu’importe, les paroles passent mieux après quelques écoutes, et les parties musicales sont admirables.
Le troisième morceau, nommé Jeux du siècle, débute sur une fine mélodie à la guitare, avant que le saxophone ne se développe, accompagné de quelques claviers. Si les mélodies peuvent sembler répétitives, les déclinaisons sur plusieurs tons et variations de celles-ci permettent de ne pas s’ennuyer. Un peu de texte, au caractère cosmique, tranchant avec le reste de la chanson, apparaît à moins d’une minute de la fin, ce qui gâche partiellement une écoute globalement agréable.
Publiphobie termine l’album sans parvenir à captiver l’auditeur : le rythme s’emballe tant bien que mal au bout de cinq minutes relativement ennuyantes, les paroles font plus rire que ne suscitent l’admiration, les parties mélodiques ne convainquent pas. Si le riff réussi et quelque penchant psychédélique dans le deuxième tiers du morceau ne venaient pointer le bout de leur nez, ce dessert serait vite oublié.
En somme, ce premier album de Carpe Diem souffre de faiblesse dans les parties chantées, qui se réverbèrent parfois à l’écoute –impression assez complexe à décrire-, et manque de pièces totalement imparables. Malgré une approche relativement facile des différents morceaux, l’ennui peut guetter l’auditeur. Pour autant, le talent musical se ressent dans cette formation. On ne doute pas qu’avec un peu de maturité, le second album devrait se révéler de bien meilleure facture.

Cueille le jour
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Le second album de Carpe Diem, simplement nommé Cueille le jour, est édité deux ans plus tard, en 1977. Le disque contient désormais six morceaux, dont seul le premier dure plus de quatre minutes. A vrai dire, cette "introduction" s’étale sur carrément vingt minutes.
Couleurs débute donc l’album. On retrouve d’emblée le caractère cosmique propre au groupe, moins marqué toutefois, dans des thèmes inspirés qui se succèdent allégrement. Le son des instruments solistes semble plus clair, et est mis en avant de belle manière, tandis que la section rythmique se révèle impeccable. Le chant, moins sujet aux expérimentations, passe bien mieux à l’oreille, n’agace plus, malgré un texte toujours daté. Si certaines langueurs pointent le bout de leur nez, le punch qui ressort de la partition lors de quelques séquences dissipe cette impression. Le titre majeur de l’album se pose dès lors, en tant qu’une des plus belles réussites du mouvement Progressif français de l’époque. Ni plus, ni moins.
Les cinq morceaux courts qui suivent, se trouvent dans la veine de la pièce principale de l’album, et se dotent d’une superbe instrumentalisation. Naissance arbore des influences orientales, bien que légères, tandis que Tramontane se lance sur un duo claviers-basse attrayant sur fond de percussions, d’une ambiance chaude, puis sombre dans une mélancolie obscure. Le miracle de la Saint-Gaston est l’unique titre sur lequel on trouve encore des parties chantées, tout aussi datées. Qu’importe, l’instrumentalisation fait passer un moment agréable. Laure reste la plage la plus réussie des cinq, avec un air entraînant à la guitare et au piccolo, d’une légèreté rare et rafraîchissante, avant l’entrée teintée de blues du saxophone au milieu de la chanson. Enfin, Divertimento, qui marque la fin du voyage, se trouve être un magnifique duo entre saxophone et piano, aux semblants de valse, teintée de futurisme. Un morceau a été ajouté à la réédition de l’album : il s’agit d’un extrait de Couleurs, nommé Rencontre, dans lequel les textes sont chantés en anglais. Pas de quoi crier au génie.
Ainsi, le second album de Carpe Diem convainc bien plus que le premier, grâce à un enregistrement de qualité supérieure, à de véritables pièces centrales, et à un texte moins dérangeant. Les partitions sont chatoyantes, et révèlent leur complexité au fur et à mesure des écoutes. On obtient, en définitive, un album Progressif de facture plus qu’acceptable.

Style

Le Rock Progressif est un genre musical qui naît en toute fin des années 60, qui brillera jusqu’au milieu de la décennie suivante, avant de décliner peu à peu. Ce sous-genre du Rock reste un des courants parmi les plus complexes et les plus recherchés qui ont existé. En effet, les artistes qui en font partie, veulent faire « progresser » la musique, notamment en sortant des normes habituelles de la musique de l’époque : rythme régulier, morceaux relativement courts…

Le groupe Carpe Diem illustre de fort belle manière, certains aspects particuliers du mouvement. On retrouve ainsi une réelle complexité musicale : les diverses pièces varient, changent de thème musical à plusieurs reprises. Les longues parties musicales habituelles au Rock Progressif sautent aux oreilles de l’auditeur attentif, tandis que l’utilisation d’instruments inhabituels, tels la flûte traversière ou le saxophone, marquent leur présence dans les diverses compositions. D’autre part, l’influence de la musique classique se ressent légèrement à certains moments, et les textes et les pochettes d’album appellent clairement au domaine de la science-fiction et à l’art graphique pour ces dernières. Les voix arrangées, bien que gênantes parfois, s’inscrivent aussi dans le genre.

Tous ces détails et composantes de la musique de Carpe Diem l’ancrent bien évidemment dans le Progressif. Vous me demanderez alors, où est l’intérêt d’écouter un tel groupe ? Simplement, et aussi étrange que cela puisse sembler : une majorité de leur discographie est accessible. Là où les quinze albums des autres grands groupes du mouvement peuvent rebuter, notre collectif niçois parvient à synthétiser une idée claire du Progressif en deux albums, voire même en deux ou trois chansons. En écoutant leurs quelques morceaux véritablement réussis, l’auditeur peut déjà se forger au genre, de manière relativement aisée et rapide. C’est là la principale attraction du groupe français : offrir une quasi-quintessence du Rock Progressif, en à peine onze chansons.

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Je ne prétends en aucun cas faire naître une passion dévorante pour Carpe Diem, ou leur tailler une place de choix dans votre audiothèque, bien que ce soit le cas me concernant. La création même de ce sujet peut sembler parfaitement égoïste à certains de ma part. Pour ainsi dire, je cherche à attirer l’attention d’amateurs du Progressif vers une petite pépite, ou ceux qui seraient tentés de découvrir le mouvement vers un groupe quasi-immédiat et relativement facile d’accès. En espérant que quelques uns apprécieront, malgré tout ^^.

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« No gods or kings. Only man. »


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