• Synopsis
Quelques semaines dans la vie des enseignants d'un lycée difficile de la banlieue New-Yorkaise, à travers les yeux d'un professeur remplaçant, Henry Barthes.
• Being much more than a teacher
Le vétéran verra probablement Detachment comme une sorte de glurge : pris en otage par sa conscience, le spectateur est obligé d'adhérer au propos du film à cause de tous les éléments trash grossièrement glissés sous son nez. Limiter le film à ça serait scandaleusement réducteur. À la manière de Waiting for Superman le film nous plonge au cœur d'un système éducatif qui se casse la gueule, dans un pays où un enfant sur quatre est en échec scolaire et surtout dans lequel la sélection de l'école est affreusement déterminante pour le futur de l'individu. Mais Detachment outrepasse largement son aspect documentaire pour nous livrer finalement un brillant long-métrage. Aidé par un très gros casting, Kaye n'hésite pas à s'attaquer à tous les sujets de société qui l'intéressent. Il ne se limite pas à parler exclusivement de l'éducation, mais aussi de tout ce qui en découle directement ou indirectement : prostitution, suicide, violences, responsabilité des parents, de l'enseignant.
Trois femmes arrivent alors dans la vie du professeur Barthes. Tout d'abord une jeune prostituée, Erica, qui l'aborde dans la rue ; la première remarque du remplaçant est "Je ne sais pas à quel moment tu as mal tournée (...)", comme si le fait qu'elle soit à la rue était directement lié à un problème d'ordre éducatif. À côté de ça une de ses élèves, Meredith, en pleine période de trouble (passage à l'âge adulte, mise en question de soi) semble tomber amoureuse du professeur. Enfin ce dernier a une relation avec une enseignante de son établissement qui ne sert finalement que de déclencheur à certaines situations ; mention à la scène où elle surprend Barthes avec Meredith et l'accuse de pédophilie, provoquant alors une haine sans limite du professeur (il renverse les tables les chaises, renvoyant d'ailleurs au plan final du film).
Plusieurs excellents choix se posent : celui d'avoir choisi un remplaçant comme personnage principal et lui faire adopter une vue presque subjective tout le long du récit (avec des scènes où Barthes se confesse à la caméra), permettant ainsi une identification rapide et instinctive au spectateur, mais surtout l'obligeant à partager le point de vue du personnage. Enfin le film brille dans son intégralité d'une réalisation léchée, chose pas vraiment surprenante puisque Kaye avant d'être un cinéaste est réalisateur de clips.
Assurément une très grosse surprise de ce début d'année.