"Rape, torture, fire, animals, religion. Am I missing anything?"Mikael Blomkvist est un journaliste d'investigation suédois réputé. Ou plutôt était. Il vient d'être condamné pour diffamation après avoir publié dans son journal, Millenium, un article accablant un homme d'affaires très puissant. Alors qu'il a besoin de se remettre de cet affront, Henrik Vanger, un ex-dirigeant d'entreprise reconnu, engage Lisbeth Salander pour enquêter sur lui. S'il s'avère être une personne irréprochable, il souhaite soumettre à son esprit d'analyse et sa détermination une affaire qui le ronge depuis quarante ans : la mort de sa nièce.
"It's encrypted. - Please..."Ou de l'art de passer d'un téléfilm classieux à un film de cinéma.
2h30 qui se dégustent avec plaisir, si j'ose dire. Car s'il y a bien quelque chose que David Fincher nous avait promis et sur lequel il a tenu promesse, c'est de restituer l'aspect sordide avec une puissance angoissante. Les scènes de viols sont à s'enfoncer dans son siège, avec un art du dosage entre l'illustration et la suggestion hors norme. La violence de certains passages est très impressionnante (dans le métro, dans la cave, etc.), on a droit là à une adaptation sans concession.
Pas besoin d'avoir lu une seule ligne du livre pour comprendre tout (je dis ça en l'ayant lu, mais comme je débranche toujours les connexions de mon cerveau au cinéma, je peux le dire sans trop m'avancer), l'intrigue a été épurée, clarifiée et adaptée avec brio. A tel point que je me demande maintenant comment cette histoire a pu être à l'origine un livre, tant l'enquête se base quasi-uniquement sur une série de photos qui révèlent tous les enjeux, sans jamais appuyer au stabilo leur signification.
Les effets spéciaux continuent à disparaitre dans la réalisation de David Fincher. Si sur ces premiers films on pouvait encore les distinguer, maintenant ça devient un travail d'orfèvre invisible à l’œil nu (je suspecte le chat d'être en numérique, mais n'en suis même pas sûr). Il y a tout un travail sur les contrastes entre le blanc de l'hiver et le noir de l'ambiance qui force le respect.
La BO de Trent et Atticus est excellente, même si certains effets me rappellent vraiment trop
The Social Network, le tout colle parfaitement à l'ambiance et c'est bien ça l'essentiel ("owi Trent, bousille moi les zoreilles avec ton remix de The Immigrant Song en fond d'images sublimes qui forment un putain de générique !!"). La bande sonore a été faite avec un travail et une précision hallucinante (Lisbeth qui sort une réplique qui pourrait paraitre ridicule, paf => on entend très discrètement des rires enregistrés qui proviennent de la télé dans la pièce, etc.)
Rooney Mara plante une Lisbeth bluffante. Évidemment, elle dépasse tout le reste du casting par son charisme (avec trois ou quatre mouvements du personnage, tu sens toute son asociabilité), mais ce n'est pas pour autant que Daniel Craig et ses comparses fournissent un travail médiocre, bien au contraire. Mention spécial à l'acteur qui campe Nils Bjurman, le nouveau tuteur de Lisbeth, répugnant au possible en porc violeur.
Il y a une vraie puissance émotionnelle, je me suis attaché aux personnages comme rarement, la scène des retrouvailles (encrypted on) m'a fait lâcher une larme, tout comme le final désespérant et humain.
Bref, sans être le meilleur Fincher, ça reste dans la lignée de tout ce qu'a pu faire le réal' : un film qui tabasse grave. Allez le voir au cinéma. 'Nuff said.
Ah si, il faut mieux finir par une phrase de David, qui résume si bien tout le film :
"There's too much anal rape in this movie [to get nominated to the Oscar] I think we're very safe."