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 Sujet du message: The Big Lebowski
MessagePosté: Lun 28 Nov 2011 19:09 
Ô-Totoro
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Œuvre ayant immédiatement trouvé un public acharné qui en fit un objet de culte, The Big Lebowski est un film des Coen Brothers sorti en 1998 qui aborde avec la distanciation ironique habituelle des frères le genre de la comédie américaine. Considéré aujourd’hui comme un de leurs long-métrages majeurs, il brille par des qualités narratives hallucinantes, aidées par une réalisation et une direction artistique sans faille. C’est aussi mon second Coen Brothers préféré après No Country For Old Men, les deux ne jouant pas dans le même registre mais réussissant toujours à me foutre des frissons de plaisir.

The Big Lebowski, derrière une apparente simplicité, est un film clairement ambitieux et fouillé, au point de risquer une scission au niveau de son public. Comme toute œuvre radicale, on trouve dans les spectateurs du film les pros et les antis dont la passion des débats ne tarit pas avec l’âge.

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“Were you listening to The Dude's story, Donny?”

Le Dude est le mec le plus cool de Los Angeles. Une vie tranquille, rangée, entre le bowling, les virées en bagnoles, les Russes Blancs et un joint de temps en temps. Un équilibre naturel que rien ne peut perturber. C’était sans compter les deux voyous lui cassant la gueule dans ses toilettes en lui réclamant l’argent que sa soi-disant femme aurait emprunté. Une méprise, tout simplement. Un riche millionnaire de la ville a le même nom, Jeffrey Lebowski. Mais les deux malfrats ont franchi la ligne : ils ont pissé sur le tapis du Dude.

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“The beauty of this is its simplicity.”

Au premier abord, l’intrigue de The Big Lebowski, d’un postulat de base très simple, est un fouillis sans nom. La multiplication des personnages, des intrigues, des scènes apporte beaucoup à la confusion que peut provoquer un premier visionnage du film.
Pourtant, il est intéressant de voir que, à l’instar d’un paquet de fils entremêlés, en décomposant chaque facette de l’histoire comme le personnage principal le fait, tout devient limpide et, pourrait-on dire, simple.

The Big Lebowski est d’abord un film dans lequel les Coen Brothers s’amusent à injecter des intrigues à tout va, chacune n’a aucun lien apparent avec les autres. En effet, le Big Lebowski, les nihilistes, Maud, Jackie Treehorn, etc. ne partagent aucun intérêt commun dans les enjeux de l’enlèvement de Bunny. De cette réunion improbable et confuse d’intrigues sans cohérence va naître une nouvelle intrigue construite de toute pièce, dont la supercherie ne sera révélée au duo principal et au spectateur – trompé par une réalisation s’appuyant sur les éléments faux et distillant en arrière-plan l’essentiel – que trop tard (= Bunny n’a jamais été enlevée).

Les frères sont conscients du caractère déstabilisant de The Big Lebowski. Les personnages eux-mêmes subissent les évènements sans comprendre ce qui se passe réellement, tels des reflets du spectateur. Le Dude lâche plusieurs fois l’affaire, perdu dans un maelström de situations qui le tirent dans tous les sens. Walter se gausse de la prévisibilité des scènes en se trompant à chaque fois. Donny prend toujours le train en route et se fait rembarrer dès qu’il pose une question (certaines sont pourtant les plus sensées du film).
Même, à l’aune d’une vision où le trio joue le rôle du spectateur, certaines scènes deviendraient révélatrices des mécanismes ou des effets provoqués par les Coen. Ainsi, la scène du commissariat, sous un ressort comique efficace et éculé, servirait à montrer que le spectateur (= le Dude) n’écoute même pas ce qu’on lui dit, fût-ce sensé. Lors de la deuxième rencontre avec Maude, le stoïcisme du Dude face aux rires incessant et inexplicables de ses interlocuteurs pourrait refléter le spectateur qui n’arrive pas à comprendre pourquoi The Big Lebowski est drôle. Une analyse identique s’applique à énormément de scènes dont l’utilité n’est pas évidente au premier abord, contribuant à la formidable richesse et à la précision du script des frangins derrière un amas de scènes inutiles…

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“Dude, the Chinaman is not the issue here!”

Car, en effet, la narration de The Big Lebowski est très particulière : au lieu de dérouler une série de scènes qui vont faire avancer son intrigue, elle fait tout le contraire et n’en déroule que les plus inutiles. Pour la métaphoriser, il faut imaginer qu’au lieu de sortir de la pièce par la porte, elle décide de se prendre de plein fouet tous les murs pour conclure qu’elle ne pouvait pas sortir par ces endroits. Elle est un brin masochiste, improductive et assumée comme telle !

Cela permet au film, dans la pure tradition des films des frères Coen, de se moquer du genre qu’elle aborde : la comédie. Toutes les impasses qu’elle emprunte sont sujettes à une avalanche de gags et de punch-line hilarantes, qui n’ont en apparence pas d’autre but que de nous faire rire, comme si les Coen se moquaient joyeusement des reproches faits à la plupart des comédies qui n’ont d’autre but que de faire rire. En apparence seulement, puisque nous avons vu qu’elles éliminent au fur et à mesure toutes les possibilités pour ne laisser que la vérité, en suspens et sans jamais rien dire d’elle. En effet, toute la vérité ne sera jamais dite par les personnages (même la compréhension finale du Dude est en partie erronée) mais par le film, lequel demande parfois une exigence perturbante pour pouvoir être compris.


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“Fuck it, Dude. Let’s go bowling.”

Mais quand bien même on passerait à côté, il faut admettre que The Big Lebowski est avant tout une comédie qui réussit parfaitement son but : divertir et amuser ! Derrière un amas de théories possibles et imaginables sur la structure interne du film (ce que je viens d’essayer de faire, sans être persuadé l’avoir pris par le bon bout), le plaisir de le voir pour ses personnages (le Dude est une icône !), ses situations abracadabrantesques et pourtant si crédibles et son humour ravageur reste intact et justifie à lui seul la vue de The Big Lebowski.

J’ai beau le connaître par cœur, je ris toujours autant, si ce n’est plus avec le temps ! Comme Friends, il m’arrive souvent de glousser en prévision des gags qui vont arriver, The Big Lebowski est forcément un film que j’adore et recommande, car au-delà de son aspect culte et du travail démentiel sur son intrigue, c’est avant tout une grosse marrade comme j’en ai rarement vu (je suis fan de Walter ! Chacune de ses apparitions est énorme). Les Coen Brothers sont tellement forts qu'à chaque visionnage je découvre un élément hilarant qui ne m'avait pas frappé jusque là et qui alimente mon amour du film.
Par contre, le Russe Blanc, j’ai jamais été tenté…

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 Sujet du message: Re: The Big Lebowski
MessagePosté: Lun 28 Nov 2011 20:29 
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Localisation: L'ile des sniper ! Où ? Dans ton coeur.
Big up à Leto II, très bonne analyse de ce film tout à fait hilarant, surréaliste, avec une palette de personnages attachant, son lots de situation improbable ...

Leto II a écrit:
il faut imaginer qu’au lieu de sortir de la pièce par la porte, elle décide de se prendre de plein fouet tous les murs pour conclure qu’elle ne pouvait pas sortir par ces endroits.


L'intrigue certes ne prend pas les chemins les plus simples et comme tu dis, essaie de passer à travers les murs, mais il y a une suite logique qui est assez claire quand même. Mais ce sont les personnages de part leur caractères, leurs compositions qui font des détours improbables, et les frères Cohen ont selon moi laissé leur personnages évoluer à travers cette histoire, au lieu de forcer leur destin et leur voyage à coup de pirouettes scénaristiques. C'est plus: "tiens comment va réagir l'un, comme ça, ben ok on prend ce chemin dans l'histoire"; entre le Dude qui est blasé de la vie et qui essaie de se sortir de cette histoire tant bien que mal pour qu'on lui rembourse son tapis, Walter qui agis toujours à sa façon sans vraiment prendre en compte l'avis des autres, Donny qui est en retrait et qui essaie de prendre le train en marche, les nihilistes qui vont jusqu'au bout pour obtenir ce qu'ils veulent, puis tout les autres personnages qui influencent cette histoire la faisant par moment reculer et d'autres fois avancer ...
Je pense que les Cohen Brother ont créé leur histoire en partant d'un point A vers une conclusion en B, mais qu'ils ont laisser leur personnages aller à leur guise sans jamais aller contre leur caractères, réactions naturel, expériences ...

Leto II a écrit:
La multiplication des personnages, des intrigues, des scènes apporte beaucoup à la confusion que peut provoquer un premier visionnage du film.


J'ai jamais eu ce sentiment de confusion, même à la première vision, j'ai juste pris mon pied à regarder ce film, une œuvre jubilatoire qui comme tu as dis est toujours un plaisir à regarder. Bon après pour ce qui est de la confusion avec l'expérience que j'avais sur le cinéma de Kitano, Jarmush, Kubrick, Lynch & co qui demandent plusieurs niveau de lecture, c'est surement ça qui m'a permis de pas être décontenancé devant ce film.

Pour revenir sur les personnages, un petit tour sur chacun est essentiel, bien que pour ceux qui n'ont pas vue le film c'est bien de pas trop en dire. Mais les Cohen ont d'une créé des personnages jouissifs dans leurs caractéristiques et évolutions à travers cette histoire rocambolesque, mais ont aussi attribué les rôles à des acteurs excellent qui étaient taillés pour eux, en plus avec leurs expertises de réalisateurs talentueux, l'ensemble est génial.

The Dude -> Jeff Bridges: la nonchalance à l'état pure. "Un Russe Blanc svp".
Walter -> John Goodman: l'homme au prise d'initiative plus que douteuse. "C'est Shabbat. Je n'ai pas le droit de prendre la voiture, ...".
Donny -> Steve Buscemi: le bon copain. "C'est dans Sergent Pepper !"
Maude -> Julianne Moore: l'artiste excentrique. "Mon art impressionne beaucoup par son côté vaginal"

Sans oublier Jesus (John Turturro), Brandt (Philip Seymour Hoffman), Jackie Treehorn (Ben Gazzara), etc...

La palette de personnage est vraiment excellent, bigarré, atypique, c'est vraiment énorme le travaille qu'on fait les Cohen dessus.

Leto II a écrit:
Œuvre ayant immédiatement trouvé un public acharné qui en fit un objet de culte


Culte est bien le mot approprié pour ce film, il sort des sentiers battus, il est drôle au plus haut point, les personnages sont attachant, l'histoire est totalement improbable. C'est un film jubilatoire.


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Si la fin du monde est pour décembre 2012, c'est hyper grave, car la dernière saison de Breaking Bad sera diffusé en deux parties dont l'une en 2013 T_T.

La série du jour => TRON Uprising


Dernière édition par caldrissian le Mar 29 Nov 2011 17:38, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: The Big Lebowski
MessagePosté: Mar 29 Nov 2011 08:05 
Ô-Totoro
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caldrissian a écrit:
J'ai jamais eu ce sentiment de confusion, même à la première vision, j'ai juste pris mon pied à regarder ce film, une œuvre jubilatoire qui comme tu as dis est toujours un plaisir à regarder.

La première fois que j'ai vu le film, j'ai mis du temps à comprendre que untel était producteur de film pornographique (et qu'il avait envoyé les nihilistes chercher son argent), que le chef des nihilistes se trouvait dans la piscine de Bunny au début, qu'il y avait effectivement quelqu'un dans le sarcophage respiratoire, etc. (p't'être aussi que c'est pour cela que je le considère comme exigeant à mes yeux). Pourtant, même en passant à côté de ces quelques éléments et en le voyant en VF (excellente, au passage), j'ai adoré de bout en bout.

Il est vrai que les personnages ont souvent des raisonnements débiles et que ce sont eux qui font avancer l'histoire dans le n'importe quoi, bien trouvé ^^.


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 Sujet du message: Re: The Big Lebowski
MessagePosté: Mar 29 Nov 2011 15:06 
Gardien des Secrets de la Mégastructure
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Un film culte que je redécouvre également à chaque visionnage (ce que je n'ai pas fais depuis longtemps d'ailleurs), un des meilleurs films des frères Coen (pour ma part ça se joue entre Fargo et Miller's Crossing). Un casting plus qu'alléchant compose le film et joue le jeu à fond (le duo Bridges/Goodman est tout simplement énorme). J'ai particulièrement adoré les mille et uns chemin que prend le scénario alors qu'un seul ligne droite est possible, permettant de nombreuse dérive humoristique (le calepin).

Je suis un grand fan des frères Coen et c'est à partir de ce film que je le suis devenu, sûrement parce qu'il y a une part du Dude en chacun de nous et qu'il n'y a pas de mal à l'assumer.

Je n'ai également jamais essayé le Russe Blanc, mais moi ça me tenterais bien ^^.

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 Sujet du message: Re: The Big Lebowski
MessagePosté: Mar 29 Nov 2011 22:57 
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Localisation: avec pandaman
Un film excellent en tout point de vue. J'ai pu le revoir récemment dans un cinéma qui diffuse des film culte en VO tous les premier mercredi du mois. Juste entre Shaun of the dead et la Classe Américaine, ce bijou a été diffusé.
C'est surement le scénario simpliste qui part un peu n'importe ou qui m'a plu, mais peut être aussi les personnages plus fou les un que les autres.
The dude qui paye en chèque et qui ne sais pas ce qu'est un furet.
Mais ma palme pour ce film reste Jesus,son strike reste une de mes scènes de film préféré avec en fond Hotel California repris par les gypsi king.

Citation:
Je n'ai également jamais essayé le Russe Blanc, mais moi ça me tenterais bien ^^.


Depuis ce film j'ai testé ce fabuleux cocktail à 5 euro dans un bar et c'est juste délicieux. C'est tellement bon que l'on se crée nous même le breuvage en soirée. Alors a tous ceux qui on vu ce film mais qui n'ont pas totalement adopté l'attitude de Lebowski gouter le white russian et on vous appellera: "The dude"

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 Sujet du message: Re: The Big Lebowski
MessagePosté: Mar 3 Jan 2012 14:30 
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Localisation: Dans la librairie Pembroke Books, sur Scollay Square
The Big Lebowski! C'est culte, ça. C'est le film préféré de mon parrrain, et mon père me la fait découvrir il y a quelques années. Je ne me souviens pas de tout, mais certaines répliques valent le détour(- Vosu avez retrouvé le voleur? - On a douze inspecteurs sur le coup) et déjà rien que pour l'ambiance complètement déjantée et en même temps très bien pensée, c'est déjà un succès. Il faut aimer, par contre, c'est le genre de truc , soit on adore, soit on déteste. Je me souviens particulièrement de Jésus au bowling, qui nous avait fait pleurer de rire.
Un très bon sujet, excusez moi de ne pas en dire plus,, mes souvenirs me font quelque peu défaut.

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Vous n'avez rien à faire? Moi non plus. Venez donc voir ma fic mes mignons: viewtopic.php?f=27&t=8414
"D'ailleurs, je me surnomme parfois Celui Qui Reste en Plan."


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