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Le Loup de Wall Street
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Auteur:  Bullzor [ Ven 27 Déc 2013 19:26 ]
Sujet du message:  Le Loup de Wall Street

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Jordan Belfort, jeune homme d'une vingtaine d'années, termine ses études de courtier en intégrant une importante société de Wall Street. Pas de chance, ses débuts sont marqués par le krach de 1987 : son entreprise est rayée de la carte et les courtiers peinent à retrouver du travail dans ce climat de psychose sur les marchés financiers. Non résolu à abandonner sa vocation, Jordan se tourne vers un secteur qui n'a pas été fondamentalement touché par la récente crise : le marché des actions à très faibles coûts pour les entreprises technologiques indexées hors du Nasdaq. Là où la commission de Jordan s'élevait à 1% dans son précédent travail, il découvre qu'elle s'élève à 50% par action vendue avec ces entreprises de très faible valeur...

Moi qui m'attendais à une œuvre de fiction, j'en suis pour mes frais... J'ai donc découvert à travers ce biopic quelque peu romancé (j'imagine) l’œuvre de Jordan Belfort, le « Jérôme Kerviel » américain avant que Madoff ne s'impose à partir de la fin des années 2000 dans l'inconscient collectif.

Le dernier film de Scorsese suit une trame classique pour ce type de récit : on assiste à l'apogée et à la chute d'un type qui avait le système entre les mains, avec tous les excès que l'on peut s'imaginer. On peut surtout relever, à l'image de No Pain No Gain cette année, que les excentricités de l'histoire supposément vécue vont tellement loin qu'elles donnent un punch certain au film et le rendent captivant sur près de trois heures.

En effet, au jeu des stéréotypes sur la finance et la vie des élites contemporaines, on peut facilement cocher toutes les cases possibles (mépris, drogues, prostituées, voitures de luxe, voyages dans des lieux paradisiaques) et en ajouter de nouvelles (le lancer sur cible de personnes de petite taille...), mais c'est surtout l'ampleur de la manifestation de ces dérives qui interpelle : la plupart des situations sont ahurissantes et l'on se demande bien au cours de la séance ce qu'il va bien pouvoir arriver de pire dans certaines situations. On évite toutefois l'écueil de l'empathie envers le personnage principal qui mène ce cirque, ce qui est bienvenu vu le passif du bonhomme et ce qu'il fait subir aux autres.

Mis à part cela, le film est supporté aussi par un casting très agréable où, et ce n'est pas une grande surprise, c'est Leonardo Di Caprio qui capte principalement l'attention du spectateur. L'acteur parvient aisément à faire ressortir de la folie et de la démesure d'un personnage qui n'en manquait apparemment pas vu l'histoire contée... À côté de lui, on retrouve un casting solide (Jonah Hill) et même interpellant car Jean Dujardin y obtient son premier rôle dans une production américaine : son rôle est relativement mineur et Scorsese a pourtant pris le temps de faire tous les plans traditionnels qui font la renommée de l'acteur (vous n'y couperez ainsi pas avec son fameux rire), bref, rien de bien inoubliable ou de novateur à son sujet.

Le Loup de Wall Street est un film que je recommande en cette fin d'année, notamment pour son histoire aux situations fréquemment démentes qui peuvent amener à s’interroger sur l'écart entre réalité et idées reçues sur la haute finance contemporaine, voire sur la véracité du récit de Jordan Belfort vu que les enquêteurs n'ont jamais entendu quelqu'un l'appeler le Loup...

Auteur:  Leto II [ Sam 28 Déc 2013 12:51 ]
Sujet du message:  Re: Le Loup de Wall Street

Le seul défaut du film est que sur les trois heures, on en sent forcément un peu passer.

Sinon, c'est Marty en mode détendu du slip qui nous refait l'une de ses fresques sur les figures mythiques de l'Amérique (le gangster, le musicien romantique, le sportif pugnace et maintenant l'homme d'argent) en poussant à fond tous les boutons des excès de manière à faire ressortir l'aspect grotesque, virant à la comédie amère. Le mélange entre comédie et polar est ahurissant tellement il rend bien.

Le Loup de Wall Street - Loup Garou ai-je failli échapper malgré moi, dans un élan bisseux - est également un film totalement expérimental : la fresque est une catégorie de films qui requiert une grande précision et une grande maitrise de tous les aspects du film pour s'imposer comme représentatif d'une époque, alors que Martin Scorsese a tourné la quasi-intégralité de son film sur l'improvisation de ses acteurs, donnant un film totalement fou, libéré, excessif (le script de base prévoyait environ 2h20, soit 40 min supplémentaire de folie). La séquence où Jordan se prend un trip dans la tronche au téléphone est quasiment un court-métrage, une aparté jubilatoire dans le film. La palme revient à Léo, livrant une performance physique de tous les instants, générateur d'une future vague de gifs qui devraient inonder l'internet. En tout cas, s'il n'a pas sous Oscar pour ce film, il ne l'aura jamais et ça serait dégueulasse. Matthew McConaughey vient faire ses deux scènes et demi de dingue et repart tranquillement, comme un roi.
En présentant la finance (la maychante finance) dans des excès surréalistes, le film évite de moraliser son propos (à l'instar d'un Wall Street 2) ou de le traiter de manière pathétique (Margin call). Il embrasse la décadence et l'amoralité des actes, sans jamais nous fourrer dans la tronche une pseudo-leçon. La leçon, le spectateur l'apprendra lorsque, après avoir avec les/des personnages, Marty fera surgir des séquences extrêmement graves et sérieuses (le passage où Jordan essaye d'emmener sa fille est tétanisant de violence) qui font exploser le lien qu'on avait créé avec les personnages pour nous mettre sous le nez tout le dégoût qu'ils nous ont toujours inspiré. Très fort.

Comme d'hab avec Marty, c'est filmé royalement, la BO est excellente et les acteurs sont géniaux. Ce film est fou, à la hauteur du sujet qu'il traite.

Écoutez l'émission de France Inter à ce sujet, elle est très intéressante sur le processus de création du film :
http://www.franceinter.fr/emission-si-l ... -and-drugs

Auteur:  seleniel [ Sam 28 Déc 2013 13:12 ]
Sujet du message:  Re: Le Loup de Wall Street

Pas encore vu, mais concernant la longueur du film, c'est ce qui ressort de cet article de Malausa: les différents points noirs qu'il souligne semblent presque tous revenir à cela. Le plus souvent Malausa m'énerve par ses partis-pris qui s'apparentent fréquemment à des préjugés, mais là ça m'a semblé plus consensuel (je ne sais pas encore si c'est plus juste. Mais ayant adoré Casino, la comparaison m'interpelle!)

Auteur:  Leto II [ Sam 28 Déc 2013 14:58 ]
Sujet du message:  Re: Le Loup de Wall Street

seleniel a écrit:
Pas encore vu, mais concernant la longueur du film, c'est ce qui ressort de cet article de Malausa: les différents points noirs qu'il souligne semblent presque tous revenir à cela. Le plus souvent Malausa m'énerve par ses partis-pris qui s'apparentent fréquemment à des préjugés, mais là ça m'a semblé plus consensuel (je ne sais pas encore si c'est plus juste. Mais ayant adoré Casino, la comparaison m'interpelle!)

Ben, les longueurs du film sont paradoxalement sur les parties où il arrête ses digressions et revient dans le déroulement de son intrigue. Il faut dire que les impros sont démentielles et valent à elles seules le déplacement.

Auteur:  EnOd [ Dim 29 Déc 2013 23:15 ]
Sujet du message:  Re: Le Loup de Wall Street

Tu la sens l'ironie qui habite ce film ? Dis, tu la sens ?! Non, parce que franchement, c'est dément ! Certains diront que c'est obscène et vulgaire - et bien sur que ça l'est - mais dès lors que l'on sait le propos que ça sert, on se dit que putain, ça valait le coup !

Que ce soit clair, Léo n'aura JAMAIS d'Oscar - ça fait partie de la tragédie de cet acteur, l'un des meilleurs si ce n'est le meilleur de sa génération. Mais Dieu qu'il est bon.
Le film repose, pour moi, sur un parti-pris de tous les instants, où se reposant sur le point de vue de Léo, la débauche devient à force littéralement banale. Ce qui fait que c'est hyper dérangeant. Du coup, l'affaire est pliée : chef d'oeuvre ! Allez, sans rancune. ;-)

Auteur:  JCC [ Lun 30 Déc 2013 05:34 ]
Sujet du message:  Re: Le Loup de Wall Street

Franchement j'ai pas grand chose à redire sur ce film pour une fois : c'était super. Un peu long à la fin, il y a une trentaine de minutes qui se font sortir mais sinon c'est vraiment excellent dans ce qui est entrepris. C'est une superbe fresque pleine d'ironie et d'humour, qui arrive à alterner avec génie les moments burlesque sans oublier l'humanité de ses personnages. Et cette démythification de la débauche c'est dantesque.

Léonardo peut prendre mes fesses et par ailleurs enfin recevoir un oscar plus que mérité pour sa carrière depuis quelques années. Putain c'est le meilleur rôle qu'il ait eu à mon sens et quelle prestation. C'est magistral.

J'irai assurément revoir ce film la semaine ne serait-ce que pour passer un moment aussi agréable une nouvelle. Et demain je pense aller acheter le bouquin histoire d'approfondir le sujet. Mais sans aucun doute une grosse claque, si ce n'est un chef d’œuvre. Cette fin d'année aura été très prolifique au niveau des films de qualité !

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