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 Sujet du message: The world is mine
MessagePosté: Dim 9 Sep 2007 15:32 
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Inscription: 06 Avr 2006
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Après Abara, Yumenosoko, Amer Béton, voici mon dernier gros coup de coeur que je présente (après, je vous laisse tranquille ^^), et, soyez en certains, celui-là va rester.

Il s'agit de "The world is mine", d'Hideki Arai, auteur aussi connu pour "Ki-itchi !!". Pour tomber dans les stéréotypes, le manga est hyper-violent. Il peut donc en choquer certains.
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Ayant lu aupravant des oeuvres "pires", rien ne m'a choqué, mais l'édition, ici Casterman via Sakka, n'arrête pas de le répétere et de s’excuser de cette violence.

C'est donc une série en 14 tomes, terminée au Japon, en cours de parution en France (8 tomes à ce jour). C'est un seinen, pur et dur.

C'est donc l'histoire de deux pieds nickelés, totalement fêlés, Mon-chan et Toshi. Alliés envers et contre tout (quoi que...), ils posent des bombes artisanales sous forme d'extincteur un peu partout sur leur passage, au Japon. Les morts s'accumulent.
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En parallèle, on suit l'histoire d'Higumadon ("ours brun" en japonais), monstre inconnu. Il serait donc question d'un ours géant, arrivé dans cette région n'abritant pas d'ours habituellement par la mer (eh oui, un ours qui nage !!!). Rien qu'à voir la taille de ses pattes, les autorités enquêtant sur ce cas présume un monstre faisant au moins huit mètres. Imaginez la bête.


L'histoire, bien que pouvant parraître sans énorme scénario, est juste excellente. L'auteur vous met directement dans l'ambiance, une ambiance noire. Les deux "héros" se foutent totalement des morts, notamment Mon-chan, qui vous donnera des scènes de violence énormes (attaquer un comissariat à coup de lance-roquettes, c'est pas rien ^^).
D'un autre côté, Higumadon paraît... monstrueux (c'est le cas de le dire). On ne voit pas son visage, mais les quelques scènes où il apparaît sont simplement gores, sans scrupules. Je vous passerais notamment le détail du massacre d'une école maternelle, passage vraiment appréciable (oui, je m'assume, j'adore les scènes "dures") mais particulièrement dure à encaisser.
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Malgré tout, un suspens règne. Que va faire Higumadon ? Mon-chan a t-il trouvé un adversaire à sa hauteur ? Va t-on le voir un jour ? Quel lien unie les deux ‘’amis’’
L'auteur nous montre un Japon déconstruit et noir, juste énorme. Cela se retranscrit très bien par les personnages, machiavéliquement bons.

En parlant des personnages, c’est véritablement le gros point fort du manga.
Comme dans sa précédente oeuvre, Arai n’hésite pas à torturer ses personnages et les montre dans de différentes formes, toutes plus bizarres les unes que les autres. Des visages souvent assortis de sécrétion ou de liquide (sang, bave, morve et j’en passe). On voit des personnages moches, des airs de fou et des visages psychédéliques. Ca change des mangas habituels.
Concernant les deux personnages principaux, Toshi et Mon-Chan, ils sont véritablement énormes. L’un à tout du petit ''fils à papa’’, bien élevé, calme et réfléchi, il n’est guère difficile de déceler derrière l’apparence proprette de Toshi les stigmates de l’ultra-moderne solitude. Un personnage extraverti, looser et faible, qui essaye vraisemblablement de trouver une quelconque puissance dans les bombes. Un personnage timide, introverti, et qui pourrait bien nourrir un complexe d’infériorité dont il cherche à s’éloigner avec sa force provenant des explosifs.
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Mon-chan, lui, est tout le contraire. Il a tout de la bête. Visage de fou, réactions imprévisibles, le genre de personnage qui peut tout faire, à tout moment (jusqu’à aller se rendre à la police sur un coup de tête, puis revenir dans un bâtiment pour leur lancer une roquette de pleine face). Il laisse cours à ses pulsions, autant meurtrières que sexuelles, et c’est un personnage vraiment et totalement diférent de Toshi, à l’extrème opposé. Le passage, notamment, où il dit vouloir être roi, montre bien sa folie : il dit ça comme ça, en renversant tout chez ses hôtes et n’en a que faire des autres. Mégalomane ? Fort envisageable.
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La question qu’on se pose, c’est que font-ils donc ensemble ? Pour l’instant, je ne sais pas. On pourrait croire au départ de l’aventure que Toshi est un ‘’exclave’’ de Mon-chan, mais il n’en est rien. On se rendra compte que Toshi reste auprès de son partenaire car il lui aurait fait une... ‘’promesse’’. On sent Toshi soumis, mais il n’en est rien. Mon-chan a lui aussi besoin apparemment de Toshi, si bien qu’il le dénoncera à la police avant d’aller le secourir. La véritable nature de leurs relations sont encore inconnues... On pourrait aussi penser au début que Toshi est timide et vraiment introverti, sage, mais on le retrouvera aussi barjo que son compère, face horrible d’un personnage en noir et blance. Deux personnages opposés et conplémentaires, qui ont besoin chacun de l’autre.
Concernant Higumadon, les scènes où il apparait sont ma foi excellentes elles-aussi. On ne l’a pas encore vu, mais il ressemble clairement à un ours. Quelque fois, le mangaka vous montre un petit morceau de vie paisible quelque part au Japon (une récrée de maternelle, où encore un couple en voiture sur l’autoroute). Et là, sans explication, Higumadon arrive. Le ressenti n’en est que plus grand. Ces personnes n’ont rien fait, sont calmes et paisibles, et elles meurent, comme ça. Gore, c’est sur, mais rien qu’à voir cela, l’ambiance ressort de plus et on tremble d’effroi. Les deux personnages principaux sont hinumains, et la nature a décidé de se venger... bestialement.


Certains, c’est sur et certains, diront que ce manga est mauvais, est qu’il ne fait que mettre en scène des personnages débiles et moches, le tout dans une violence gratuite extrème.
L’infime différence entre violence gratuite et critique sociale n’est pas facilement définissable, mais on est bel et bien ici dans une critique sociale sur fond de terrorisme. On verra un premier ministre on peut plus pourri, des personnages fous mis dans en face d’un monde pas fait pour eux. La violence gratuite n’est rien, juste quelquefois difficile à encaisser, mais elle n’est pas grauite pour un sou (remarquez le subtil jeu de mot ^^).

Le dessin n’est pas magnifique, mais reste détaillé et appréciable, permettant de bien retranscrire les attitudes et visages psychédéliques des personnages. Certes, oui, il ne va pas bien avec l’ambiance, ne correspond pas extrèmement bien au gore du manga, mais le trait devient très différent lors des scènes d’action (voir les explosions) et se retrouve finalement beau.
Il n’y a pas de bonus, mis à part l’habituelle biographie de l’auteur, et heureusement. Les bonus sont faits pour rajouter de l’humour (tout du moins généralement), et il ne serait pas le bienvenu dans une oeuvre de ce type.


Me concernant, j’ai adoré. L’oeuvre frappe fort, où il faut, la violence est de mise. Je prends cette série comme une critique sur fond de terrorisme absolu, dans un Japon en déroute. Tout m’a séduit. Le seul défaut peut-être que j’aurais pu trouver vient de quelques passages parfois incompréhensibles, surement une explication plus tard. Simplement séduit, une rentrée en fanfare dans mon top 5, et qui y restera longtemps.


Bref, un manga très prometteur et imprévisible que je vous conseille, si vous vous accrochez et que vous ne vous limitez pas au refrain de la violence gratuite. En clair, The World is mine mériterait bien l’avertissement suivant : "Nuit gravement à la santé mentale". Comme un gage de qualité.

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MessagePosté: Jeu 19 Juin 2008 23:01 
Ô-Totoro
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Je préfère prévenir pour la suite de mon post : aucun rapport avec David Ghetta.
(Si toi aussi tu veux introduire ton post de la façon la plus minable, prend ton phone, envoie un SMS au 88088 et tape BOULET)



Oui, bon. Maintenant que j'ai fait mon introduction bien fumeuse, que dire de ce manga ? Ah oui, que le propriétaire du topic m'a passé gracieusement les trois premiers afin que je me fasse une idée de ce que peut produire le concept "dénonciation de la société par l'ultra-violence". Hormis quelques cas bien maîtrisés, c'est une façon de dénoncer que je n'ai jamais aimé, souvent prétexte à faire en fait jaillir de l'hémoglobine et à se faire plaisir tout en invoquant une critique sociale sensée nous protéger de l'effet "sans fond donc inutile". Qu'en est-il de The World is Mine ?

Je dois avouer que de ce point de vue là, le manga ne s'en sort vraiment pas mal, même si son équilibre n'est pas parfait, il n'en reste pas moins qu'Arai réussit à insuffler un petit truc supplémentaire qui fait que ça ne sonne pas creux. Là où d'autres choisissent de montrer l'homme lambda pour prouver qu'il est répugnant à souhait dans sa nature, lui prône plutôt la pensée spinozienne : la maladie est un moyen de comprendre l'Homme. Sauf qu'ici, ce n'est pas l'être humain, mais la société qui tente d'être percée.
Cette approche est plutôt bien ficelée au final, puisque j'ai eu le sentiment -déstabilisant- que ce n'était pas une critique, mais une tentative de compréhension, un questionnement sur la place de l'Homme dans la société, et sa valeur. C'est dans le troisième tome, lors de la prise d'otage dantesque que cette problématique apparaît, grâce à Toshi, le meilleur personnage du manga. C'est assez fin, et donc bienvenu.

J'adore aussi le personnage du Premier Ministre, qui met lui même en excerbe les contraintes et tiraillements auxquels sont en proie les hommes politiques : faut-il dire la vérité et annoncer qu'il faut sauver un homme alors que la vie de milliers d'autres pourraient être mis en danger ? Ou bien rester hypocritement mensongé en disant qu'il n'y aura plus aucune victime ? Ce type ne connait pas la langue de bois et dit ce qu'il pense, au-delà de toute éthique sociale, en un mot, il est libre.
De leur côté, Mon-chan et Toshi ont leur conception de la liberté, beaucoup plus perfectible, mais qui se défend elle aussi. C'est d'ailleurs ce dernier qui s'investie vraiment dans cette défense, puisque le pseudo-héros reste incroyablement bénêt pendant tout le manga. A la limite j'ai envie de lui coller une tarte tellement il m'insupporte, prônant un idéal anarchiste du "je-fais-n'imp'-et-je-me-balance-du-reste" qui le rend incroyablement imprévisible, mais aussi inintéressant. Je préfère Toshi qui reste plus ambiguë et qui nuance le propos de Mon-Chan, un intermédiaire assez sympathique au final.

Pour le mauvais point du manga, je dirais que c'est sa tendance à sublimer trop facilement la puissance de chaque être humain, dont seul Mon-Chan a véritablement su tiré parti. Il est vrai que c'est le thème central du manga, mais ce n'est pas celui qui m'a vraiment intéressé, et j'ai parfois le sentiment que l'auteur oublie un peu le questionnement social pour tomber dans la "monstration" de la violence la plus extrême dans le but d'exacerber la puissance de l'être.
Il est vrai que la scène dans le commissariat est sans doute le summum du genre, mais les revendications de Toshi sont assez tonitruantes et pertinentes pour faire de ce passage le meilleur (du moins, de ce que j'en ai lu).
Je mettrais par contre entre parenthèses les scènes avec Higumadon, qui sont des représentations brutes de l'impuissance des hommes face à l'animal, puisque bien qu'étant gratuite et paraîssant dénuets d'intérêts, j'attends de voir ce que cela va donner lorsque les deux intrigues se rencontreront et que l'homme fera face à la bête. Ce n'est pour l'instant pas vraiment passionnant, mais on sent comme un potentiel là dessous qui est exploitable, et donc je préfère ne pas me prononcer là dessus.


Il en résulte que the World is Mine est une oeuvre atypique, dont la problématique est difficilement discernable, donnant plusieurs couches au manga et nécessitant par la même occasion plusieurs lectures. Malheureusement, les façons de le voir sont assez disparates et inégales dans l'ensemble, oscillant entre le pertinent et finement joué et le désolant désert.
Mais il existe un potentiel indéniable, qui j'espère sera exploité dans les prochains tomes.


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