Bon. Alors puisque la parution japonaise va apparemment reprendre, que la française est presque équivalente (l'arc en cours est bien mis en place), et surtout parce que, suite au tournoi de TTC, je me suis dit qu'il était temps que je lise ce manga considéré par beaucoup comme culte, et que j'en ai fini la lecture, quelques impressions.
Alors pour moi, dans HxH (on va utiliser l'abréviation, hein), il y a du très bon et du franchement moins bon, ce qui fait j'ai pu par moments être très profondément pris dedans, et d'autre où je me suis franchement ennuyé. C'est peut-être dû au fait que Togashi expérimente sur des codes divers de narration pour voir ce que ça donne dans le shonen (c'est l'impression que ça me donne), il y a des trouvailles et des gros râtés. Ce va être un peu dans le désordre.
Je commence par ce qui m'a plu d'emblée. La partie aventure du début et l'examen de hunter m'ont vraiment séduit. Les personnages présentés sont apparus sympathiques, assez distincts, et puis je retrouvais quelques traits de Yuyu qui me plaisaient (le Karapika qui se calque sur Kurama, mon chouchou de Yuyu, j'ai aimé le voir venir...). Et surtout, voir tout l'examen se déroulé sans que les héros ne combattent ou presque, sur 5 tomes, j'ai trouvé ça vraiment bien. Des affrontements à gogo oui, des issues tragiques souvent (morts, etc), mais l'écueil du pur bourrinage physique évité m'a interpelé. Donc des épreuves rigolotes, variées, et un univers que se laisse deviner comme super dépaysant et énorme, premier très bon point pour le manga.
Ensuite la tonalité m'a surpris et m'a plu. On a une atmosphère à la fois enfantine et terriblement mature. C'est sur la fil tout le temps, ça joue des contrastes, et c'et intéressant. Les héros nous rappelle qu'on est dans un manga plutôt pour enfants, mais la quantité de morts, l'impossibilité de s'attacher au moindre personnage rencontré parce que le danger de mort est permanent tranche franchement avec cette toile de fond. sur le principe j'ai trouvé ça assez audacieux, même si parfois j'ai trouvé que ça cédait à la facilité, et que le récit se débarassait trop facilement de personnages inexploités.
Les personnages: c'est l'autre point fort avec l'univers je pense. On a une galerie de personnages très riche, et ces derniers sont efficacement construits, typés et mis en scène. Tous les personnages secondaires donnent un épaisseur au manga, alliés comme ennemis. Le défaut qui ressort alors c'est que c'est presque trop: de Leolio et Kurapika on ne voit presque rien passé York Shin, et ça fait loin quand même. De même pour la brigade fantôme ou Hisoka, greffés sur Greed Island ou le dernier arc juste pour assurer une continuité de surface. Avoir autant de personnage à suivre pose problème pour gérer une intrigue. Mais bon c'est une richesse d'abord. Les personnages ne sont pas en soi miraculeusement charismatique, mais il y en a tant, et leur diversité est telle, qu'on est comblé.Par contre, le décalage est d'ailleurs frappant entre un héros d'une platitude rare et des accolytes super creusés. Mais bon Gon est là pour assurer le pôle classique du shonen je pense, et du coup c'est sa présence qui permet les audaces dans les autres registres. Il est sacrifié, mais c'est pour l'équilibre du tout. Et puis je ne le sens pas totalement abandonné par Togashi qui lui donne des côtés sympas, notamment son incapacité à suivre les explications.
C'est là le premier reproche que je vais faire à HxH: toutes les histoires de nen, et les entraînements qui les accompagnent, m'ont franchement gonflé. On comprend qu'il s'agit de pouvoirs différents selon les utilisateurs, et qu'ils ont des contraintes. Ca c'est très bon, et ça fait des combats intéressants. Mais tous les détails qui servent à justifier la progression des héros, toutes les subtilités sur les en, gyo, zetsu, ten et autres, non merci. Ca allourdit inutilement un manga par ailleurs efficace. Et puis le code de l'entrainement dans les shonen, ça me fatigue... Je remercie Oda de nous épargner ça à chaque fois que j'en vois un dans les autres manga!
D'ailleurs ce souci de la subtilité a failli me cacher Greed Island, parce que là aussi c'était limite... Mais bon il fallait déjà être fort pour créer un univers dans un univers, et cette forme de mise en abyme, osons l'expression, dans un manga m'a quand même bien plu.
Enfin l'autre truc qui m'a fatigué, c'est que l'arc actuel est lent à se mettre en place, et passe par des étapes trop mais alors beaucoup trop longues. Toute la phase de préparation à l'entrée à NGL, pour sauver Kaito, très bof, et même ensuite... J'ai pas accroché à l'intrigue de cet arc, même si sur la toute fin j'ai vraiment repris goût. (mais bon j'en parlerai en temps voulu dans le sujet spoil, page 5 des quais, cette fois je suis allé jusqu'au bout pour voir où il pouvait être enterré).
Finissons par le gros point noir, quand même, du manga: c'est laid à faire pleure un gateau sec.
Il faut en convenir, quand même, et ce depuis le début. Quand j'ai ouvert le premier volume, déjà je me suis dit c'est quoi ces dessins! Je veux bien que Togashi soit d'une génération antérieure, mais quand même! Il est plus en début de carrière justement. Du coup je parle même pas des derniers tomes et chapitres. Une grosse mascarade j'imagine pour rendre ses chapitres dans les temps, mais bon... Quand Kubo utilise du blanc sur sa page, je me dis que l'action va pas avancer des masses mais je sais que chez lui ça s'inscrit dans une recherche graphique (suffit de voir sa dernière page couleur: limite foutage de gueule, mais lui peut se le permettre). Avec Togashi, on sent que c'est dû à une faiblesse. Et certaines fois on se dit que le chapitre aurait jamais dû sortir sous cette forme. C'est parfois très exactement des carnets de croquis de dessinateur (cf Sfar ou Trodheim par exemple). C'est sympathique mais bon...
Bref, un manga dont j'ai bien aimé la lecture, et ont je sens que je suivrais bien la reprise dans le jump. Mais pas la révélation ultime non plus. Un vrai monde foisonnant, des arcs très dictincts les uns des autres, un mangaka qui expérimente, mais pas forcément un souffle fantastique derrière.
_________________
|